La Tunisie a réagi vivement au communiqué du Royaume du Maroc, en le qualifiant d’«inacceptable» et rappelant son ambassadeur à Rabat pour consultations.
La Tunisie, qui accueille depuis hier la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, en présence des délégations de l’Union africaine, des Nations unies et du Pnud, son président, Kaïs Saïed a déroulé le tapis rouge à son homologue, Brahim Ghali, président de la République arabe sahraouie démocratique et secrétaire général du Front Polisario. N’en déplaise à Rabat, la Tunisie est souveraine dans sa décision d’accueillir, avec les honneurs présidentiels, Brahim Ghali sachant qu’elle est membre fondateur de l’UA. Pour l’opinion africaine, régionale, et notamment tunisienne, il est davantage étonnant de voir le royaume marocain réagir de la sorte, alors qu’il siège côte à côte, avec la république arabe sahraouie démocratique au sein de l’UA, depuis l’adhésion du Maroc à l’institution continentale, et d’adopter une posture hostile et des propos déplaçants à l’encontre de la Tunisie, par ce que son président Kaïs Saïed a accueilli son homologue sahraoui, comme le font depuis des décennies, les présidents africains et d’autres pays dans le monde, sans que Rabat convoque ses ambassadeurs. Dans sa réponse hier, à Rabat, le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé son « profond étonnement face à ce qui a été déclaré dans un communiqué du Royaume du Maroc »le quel est « inacceptable », pour la Tunisie et le peuple tunisien. Insistant sur « sa neutralité et son respect pour la légalité internationale » la Tunisie a rappelé à Rabat, les principes régissant non seulement les relations internationales mais aussi les textes et principes de la Charte de l’ONU et ceux de l’Union africaine, ce que Rabat a depuis 1975 à ce jour, œuvré à piétiner, violer et même trahir, par son envahissement d’un territoire soumis à un processus de décolonisation, depuis les années 60. Alors que le Maroc n’ignore pas qu’aucun pays dans le monde ne reconnait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, sauf, l’entité sioniste qui elle-même s’est érigé illégalement en 1948, par la colonisation de la Palestine sur fond de sa doctrine expansionniste à l’exemple du Maroc, la Tunisie, qui a eu à accueillir par le passé des rencontres africaines a vu la participation des responsables de la RASD, membre fondateur de l’ancêtre de l’UA, l’’ex-OUA que le Maroc a déserté, des décennies, pour revenir et adhéré à nouveau, pour non seulement perturber, en vain, le travail de l’UA mais aussi de jouer un rôle au profit d’Israël, que les pays africains, dont la Tunisie, ont rejeté la proposition marocaine, de donner un siège d’observateur à l’entité sioniste, alors que celui que les Palestiniens occupent , depuis des décennies a été décidé traduction de position d’engagement africain, en faveur de la cause et la lutte palestiniennes.
« La Tunisie s’engage à respecter les résolutions de l’ONU au même titre que celles de l’UA concernant le Sahara-Occidental »
Si dans sa réaction, au communiqué du Maroc, la Tunisie, rappelle le royaume marocain que « la Tunisie s’engage à respecter les résolutions onusiennes au même titre que celles de l’Union africaine (UA) dont le pays est l’un des membres fondateurs » il est aussi question de précisions que notre voisin de l’Est a tenu à adresser à notre voisin de l’Ouest. Tunis a précisé, en effet, à l’adresse de Rabat qu’ «il convient de préciser dans ce cadre que l’Union africaine, en tant que principal participant à cette conférence, avait appelé tous ses membres, y compris la RASD, à y prendre part », des précisions qui ne sont pas sans pour rappeler, au Maroc, non seulement, le fonctionnement de l’UA mais aussi ses textes, que le Maroc s’est vu à maintes reprises s’y plier, dans ses tentatives de faire échec, en vain, à des rencontres similaires à celle qu’abrite Tunis, depuis hier, UA-Ligue Arabe, UA-UE et autres sommets et rencontres régionales et internationales auxquelles prend part le président sahraoui et les responsables de la RASD et du Front Polisario. Et pour alimenter une crise que le Royaume de Mohamed VI semble avoir décidé non seulement à provoquer mais aussi à alimenter, avec la Tunisie, que l’entité sioniste a davantage dans le collimateur, avec l’échec sioniste de faire avaler, la pilule de la normalisation aux tunisiens, ce qui n’est pas étonnant, car le peuple tunisien puise à ce jour de son histoire qu’ont façonné leurs ancêtres, les valeureux martyrs pour ne citer que le martyr des indépendances des peuples, dont celle de son peuple tunisien, le martyr Ferhat Hached. Balayant d’un revers les allégations mensongères de la diplomatie marocaine, le ministère tunisien des Affaires étrangères n’a pas manqué de préciser à l’adresse de Rabat, que l’UA avait adressé une invitation individuelle, à la RASD, en application des décisions de son Conseil exécutif lors de la réunion les 14 et 15 juillet à Lusaka, en présence de représentant marocains. Il faut rappeler, que dans sa signature du Pacte constitutif de l’UA, pour pouvoir adhérer à l’institution africaine, le Maroc reconnaît de facto, non seulement, le Sahara occidental distinct de son espace géographique, mais aussi la République sahraouie, en tant que membre à l’instar des autres pays africains membres de l’UA. La Tunisie n’a pas manqué également de rappeler, dans son communiqué Rabat que «la République sahraouie avait participé à la 6e édition de la TICAD en 2006 à Nairobi (Kenya) et à la 7e édition tenue en 2019 à Yokohama (Japon) », pour ne citer que celles-ci. Dans sa réaction à la participation de la Rasd à la 8e TICAD et à l’accueil officiel réservé, au président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, accueilli officiellement par son homologue tunisien, le Maroc après avoir échoué dans sa tentative visant à convaincre les délégations africaines d’exclure la République sahraouie de la participation aux travaux de la 8e TICAD, il vient de provoquer et d’être le seul responsable de la crise qu’il vient d’ouvrir avec la Tunisie. Qu’en sera-t-il des Sommets futurs, UA-UE, UA-Onu. UA-Chine, UA-Russie, UA-Pays d’Amérique Latine, UA-Ligue arabe, le Maroc compte-t-il à chaque fois rappeler ses ambassadeurs ; Il est évident que Rabat ne risque pas de revivre et revoir ce qui s’est produit en Tunisie et auparavant dans d’autres RDV régionaux et internationaux, de l’UA, seulement en Israël, étant un système colonial expansionniste similaire à celui du Maroc au Sahara occidental, et les deux se soutiennent mutuellement, mais en allant à contre sens du cours de l’histoire.
Karima Bennour
