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La pièce « îdipe-roi » présentée à Alger : la tragédie grecque par «l’art du mouvement lent»

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Le spectacle de théâtre « îdipe-Roi », tiré de la nouvelle éponyme de Tewfik El Hakim adaptée de la célèbre tragédie de Sophocle, a été présenté mardi à Alger par des comédiens non-voyants, dans une tentative concluante de mise en avant de « l’art du mouvement lent ».

Présenté devant le public très peu nombreux de la salle Mustapha Kateb du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, (TNA), le spectacle, de 75 mn a été mis en scène par Sadek Kébir et Produit par le Théâtre régional de Sidi Bel Abbès(TRSBA). Huit comédiens parmi lesquels cinq non-voyants, dont quatre femmes, ont brillamment porté le texte, suscitant de nombreuses interprétations mythologiques et psychanalytiques. Le théâtre des non-voyants est « l’art du mouvement lent », une philosophie de l’action qui, en relativisant, permet de vivre et saisir le spectacle dans une « autre dimension », a expliqué Touil Abbas, assistant du metteur en scène. « Seuls quatre théâtres dans le monde mettent en scène des non-voyants, en Argentine, au Pérou, en Suisse et en Algérie », a déclaré Sadek Kébir, il y a quelques mois au TRSBA. A cette immersion dans les profondeurs de la nature humaine, le dramaturge et homme de lettres Tawfik El Hakim y a ajouté dans son adaptation, la thématique du « complot ». La pièce met en scène le destin tragique d’îdipe, campé par Mohamed Amine Bensafi, coupable à la fois de parricide et d’inceste, car il a, sans le savoir, tué son père, Laïos, et épousé sa mère, Jocaste, rendue par Nassera Chaouli. Avant, îdipe avait triomphé de l’énigme du Sphinx (monstre fabuleux à la tête et au buste d’une femme, au corps d’un lion et aux ailes d’un aigle) et accédé au trône de Thèbes. Frappé de malédiction, le roi îdipe découvre qu’il est aussi responsable de la propagation de l’épidémie de la peste qui a foudroyé son peuple. Également servi par Romaissa Lahmar Belhadj, Fatima Ham Chérif et Mounia Selâa, toutes non-voyantes, ainsi qu’Ahmed Benkhal et Amine Bouterfas, apparus les yeux bandés, le spectacle a évolué dans une cadence lente souhaitée par le metteur en scène. La scénographie intelligemment conçue par Yahia Benamar, a mis en scène un décor suggérant une cour royale délimitée par un faisceau lumineux circulaire avec, à son centre, le trône du roi îdipe. L’espace de jeu ainsi délimité, les comédiens pouvaient facilement trouver leurs marques sur la scène. La bande son, œuvre de Samir Merabet est venue en soutien à la trame, portant les dialogues et contribuant de manière effective à la création des atmosphères de déliquescence que connaissait le royaume d’îdipe. L’éclairage, basé sur la faible intensité des cierges et l’alternance des lumières sombres, a également était des plus concluant, créant des ambiances adéquates au déroulement des évènements tragiques de la pièce. Le spectacle « îdipe-Roi », déjà présenté lors de la manifestation « Constantine, capitale arabe de la culture 2015 » est encore programmé mercredi et jeudi au TNA.

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