La France de Charybde en Scylla

Le nombre de faillites d’entreprises françaises a atteint 66 000 en 2024. C’est le ministère de l’économie français qui a communiqué ces chiffres, jeudi dernier. Des chiffres qui placent tous les signaux au rouge. En 2024, la France a perdu 119 usines qui ont mis la clé sous le paillasson. Ce qui confirme que la désindustrialisation se poursuit en France. Le chômage touche 2,3 millions de français. La dette publique a grimpé à 3 228,4 milliards d’euros en une année. Elle s’élevait à 2 870 milliards d’euros en 2023. Croyant pouvoir tromper leur opinion publique, les dirigeants français ont inventé « La dette au sens du traité de Maastricht » et « La dette publique nette au sens de l’Insee ». Deux trompe-l’œil qui ne parviendront pas à créer l’illusion aux « 5,1 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en France. C’est 1,4 million de plus qu’en 2020 ». C’est ce qu’a confirmé le dernier rapport de l’Observatoire français des inégalités publié en décembre dernier. Les « restos du Cœur » de Coluche et les aides d’associations caritatives, comme « le Secours populaire », sont nettement dépassés. Des milliers de français cherchent carrément leur subsistance dans les poubelles des grandes surfaces. Images insoutenables pour ceux qui ont connu l’époque des trente glorieuses. C’est dans ce contexte affligeant que le président français, Emmanuel Macron, s’est adressé aux Français, le 5 mars dernier, pour les préparer à « l’effort de guerre ». « La patrie a besoin de vous, de votre engagement » leur a-t-il déclaré. Il a invoqué la nécessité de remplacer le retrait de l’aide américaine à l’Ukraine dans sa poursuite de la guerre. Il a également fait part de la décision du président américain de ne plus assurer la défense des pays de l’Union européenne. De ce fait, le réarmement de l’Europe en général et de la France en particulier est désormais incontournable. Les prévisions de l’Élysée sont de porter « le budget militaire à 100 milliards d’euros contre 47 milliards en 2024 et plus de 50 milliards cette année ». L’idée de puiser dans l’épargne des français est de plus en plus évoquée. « Si le taux de rémunération est faible, je ne suis pas forcément convaincu, même s’il y a un sentiment patriotique, que les épargnants iraient mettre beaucoup d’argent » a affirmé le directeur général du Cercle français de l’Épargne, Philippe Crevel. « L’épargne des Français appartient aux Français » a-t-il ajouté. À cette obligation faite aux français de mettre la main à la poche, s’ajoute le partage de la couverture avec toute l’Europe du dispositif nucléaire français. De nombreuses voix se sont élevées en France pour dire que la dissuasion nucléaire ne se partage pas. Ce qui n’aurait pour effet que sa dispersion et lui ferait perdre son efficacité. Mettre en place une défense propre à l’Europe une fois sortie de l’OTAN « cela prendra 5 ans, 10 ans, mais ce n’est pas grave », a tenté de rassurer le président français. Une grande vulnérabilité pointe à l’horizon pour les français. Ruinés et sans défense !
Zouhir Mebarki