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INSTITUT PASTEUR D’ALGÉRIE : Le vaccin anti Covid-19 « pas disponible de sitôt »

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L’Algérie attend de pied ferme la commercialisation du vaccin anti-Covid-19 développé par un nombre de pays très en avance dans ce domaine.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est engagé, il y a quelques mois, à en faire l’acquisition, une priorité au bénéfice de la population, aussitôt ce vaccin mis sur le marché. Si le vaccin de l’américain Pfizer, fruit d’une coopération avec l’allemand BioNtech, annonce des résultats prometteurs, permettant à tous les pays de se réjouir, il convient d’avoir à l’esprit qu’il reste une étape avant sa commercialisation. Des tests sont nécessaires pour le contrôle de son efficacité thérapeutique afin d’écarter définitivement les risques potentiels communs à chaque projet de nouveau vaccin, a fait savoir, hier, la cheffe du département de contrôle des produits biologiques à l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), Fouzia Bengourgoura, sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale. La première opération, a-t-elle expliqué, va consister, documents techniques à l’appui, à déterminer sa « haute qualité » et pour cela, a-t-elle ajouté, savoir si l’Institut dispose des équipements techniques pour ce faire et dans le cas contraire, faire en sorte de les acquérir. « Nous ne pouvons pas mettre sur le marché un vaccin qui n’a pas été contrôlé. La législation nationale nous l’interdit. Il faut absolument avoir un certificat de conformité pour pouvoir mettre un vaccin sur le marché et pour que la population algérienne puisse en bénéficier », a-t-elle déclaré. Si, selon la doctoresse Fouzia Bengourgoura, l’Institut possède les  compétences humaines pour assurer le contrôle de qualité des vaccins, il ne dispose cependant pas de certains matériels indispensables, notamment les réactifs, « importés en totalité »,  dont elle souligne au passage la nécessaire pérennité en matière d’approvisionnement.
Elle a révélé, en outre, que son organisme ne dispose pas de l’ensemble des moyens pour assurer une bonne qualité de contrôle destinée à vérifier la conformité des produits de soins importés. « Nous avons des moyens, mais je vous mentirai si je dis que nous avons tous les moyens. En fait, nous n’avons pas tous les moyens comme chez les fournisseurs et producteurs qui sont des multinationales qui bénéficient de très haute technologie de contrôle de qualité des produits », a-t-elle précisé, lançant un appel au ministère de tutelle et aux autorités publiques afin de mettre à disposition tous les moyens, humains et techniques.

IPA : « Il faudrait nous donner les moyens »
Revenant au vaccin anti-Covid-19, l’intervenante signale que pour en assurer le meilleur contrôle, il faudrait que le laboratoire de l’Institut Pasteur puisse être  considéré comme un laboratoire de référence, donc, disposer d’un cahier des charges auquel, observe-t-elle, « il ne répond actuellement pas à toutes les clauses ».  Pour cela, insiste-t-elle, « il faudrait nous donner les moyens de le faire », évoquant « un travail de longue haleine pour lequel, insiste-t-elle,  nous devons être aidés ». « L’Institut Pasteur n’est pas un laboratoire du référence, parce que nous ne répondons pas actuellement à toutes les clauses de cahier des charges pour établir une référence par rapport à un laboratoire », s’est-elle désolée. Avant de reprendre : « il [se conformer au cahier des charges] faut le faire. Il faudra aussi nous donner les moyens de le faire parce qu’il faut valider nos structures et équipements et aussi qualifier nos personnels et nos méthodes et procédures de contrôle ».
Rappelant que l’Institut Pasteur ne conçoit plus, comme il le faisait par le passé, certains vaccins, à l’exemple du BCG, un vaccin de prévention contre la tuberculose, Fouzia Bengourgoura met, encore une fois en avant le déficit de moyens, mais également, celui du suivi des normes de productions pharmaceutiques. « Les normes pharmaceutiques évoluent d’année en année, mais nous n’avons pas suivi dans ce sens. Les moyens aussi n’ont pas suivi pour nous permettre de faire de la production », a-t-elle regretté.
Si le vaccin de Pfizer venait à être acquis par l’Algérie, les tests de conformité que pratiquera l’Institut Pasteur risquent-ils de prendre beaucoup de temps avant sa disponibilité pour les patients ? « Le contrôle des documents [techniques qui accompagnent le vaccin] ne prendra pas beaucoup de temps. Mais, par contre, ce qui prendra du temps c’est la mise au point des techniques de contrôle, car il s’agit de techniques différentes de celles que nous utilisons actuellement », a-t-elle affirmé. « Je demande à avoir les moyens de contrôle parce que c’est une lourde responsabilité. Il faudra nous donner les moyens. Il faut nous mettre sur le même piédestal que les laboratoires multinationales qui ont produit ces vaccins », a-t-elle poursuivi.
À une autre question de savoir si la conformité du vaccin est reconnue dans pratiquement tous les pays développés, pourquoi alors prendre du temps au lieu de mettre directement ce vaccin sur le marché, et freiner la propagation du coronavirus dans le pays, la cheffe du département de contrôle des produits biologiques à l’IPA répondra que cela est impossible pour deux raisons : d’abord, la législation algérienne qui exige un contrôle de tous les médicaments biologiques pour humains, et ensuite, par ce que la logistique utilisée lors de la transportation des lots de vaccins comme aussi l’interruption de la chaîne de froid peuvent altérer la qualité de ce vaccin. « Nous préférons alors effectuer ces contrôles et en avoir la conscience tranquille », a-t-elle résumé.
Hamid Mecheri

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