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GRATUITÉ DES SOINS : La cacophonie

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Dans une déclaration rapportée par les médias, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale considère les personnes n’ayant pas une sécurité sociale comme étant «un fardeau pour la société». Face au déséquilibre financier accusé par le système de sécurité sociale, Mourad Zemali, multiplie les déclarations polémiques, tentant à travers celles-ci d’éclairer l’opinion publique sur la dangerosité de la situation à la CNR. Mais c’est loin d’être gagné pour le ministre, qui a créé, cette fois, la polémique autour de la gratuité des soins, qui est un principe garanti par la Constitution. Ainsi, dernière déclaration en date est celle, selon laquelle, il s’est attaqué aux personnes exerçant dans l’informel et qui ne paient pas leurs cotisations. Selon le ministre, les « personnes qui ne sont pas affiliées à la sécurité sociale, ne peuvent avoir accès aux soins, au même titre que les cotisants». Pis encore, il a soutenu qu’«on ne peut prodiguer des soins gratuits sans la présentation de la carte Chifa». Également, le ministre du Travail a estimé que la situation actuelle est intenable en ce sens que tout le monde a accès aux soins mais que personne ne cotise. Une déclaration qui n’a pas laissé, le ministre de la Santé indifférent. En effet, dans une déclaration, le Pr Mokhtar Hasbellaoui a affirmé que l’accès aux soins dans les hôpitaux n’est pas conditionné par la présentation de la carte Chifa. Assurant que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a toujours mis l’accent sur la nécessité de préserver l’acquis de la gratuité des soins duquel il ne faut pas s’éloigner, le ministre de la Santé s’est montré intransigeant en précisant que «l’État œuvre par tous les moyens pour garantir la pérennité du service public de santé». «Les consignes du président de la République sont claires, les structures de la santé assureront les soins gratuitement et sans conditions » a, ainsi, rassuré le ministre de la Santé.

Une déclaration qui jette l’huile sur le feu, selon les syndicats
Également, les propos de Zemali ont suscité le désarroi, parmi les syndicats autonomes, notamment, ceux du secteur de la santé, qui affirment que le secteur doit être épargné de ces enjeux. Autrement, selon eux, le financement du système de santé ne doit en aucun cas priver des individus d’avoir accès aux soins. C’est le cas du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) qui qualifie ces propos d’«irresponsables». Pour le président, du SNPSP, Lyès Merabet, «cette déclaration jette de l’huile sur le feu, surtout que le climat social est marqué par des manifestations dans le sud du pays». «Les habitants du Sud, protestent contre le chômage et le ministre leur dit qu’ils ne peuvent avoir accès aux soins, c’est des propos irresponsables », nous a affirmé le Dr Merabet, joint hier par téléphone. Tout en soutenant qu’en « tant que professionnel de la santé, il ne peut, ne pas prodiguer les soins à un patient en fonction de sa situation sociale », le Dr Merabet a précisé que le département de Zemali devrait «se pencher sur les questions de l’informel, de la fraude et de l’évasion sociale, pour rétablir l’équilibre financier des caisses». «Si il y a lieu de régler un problème du déséquilibre, il faudrait que ça soit en amont et en dehors du cadre de la santé», a-t-il précisé, en notant que le ministère devrait «orienter ses efforts vers les opérateurs qui ne payent pas les charges des travailleurs». Rappelant que les chiffres officiels dévoilent que cinq millions de travailleurs exercent dans l’informel, le syndicaliste a appelé à «assainir la situation et laisser l’hôpital en dehors de la problématique». Bien qu’il a estimé nécessaire de garantir un financement efficient du secteur de la santé, le Dr Merabet a précisé que la question de l’informel touche toute l’économie nationale et non seulement la sécurité sociale.
Lamia Boufassa

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