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Fièvre aphteuse à Aïn Témouchent : des répercussions sur la production laitière et les prix de la viande

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Maladie à déclaration obligatoire (MDO), la fièvre aphteuse a été déclarée, pour la première fois, le 20 avril 2014, dans le gouvernorat de Nabeul, au Nord-est de la Tunisie. C’est à travers la mise en observation clinique de deux animaux, de statut sanitaire inconnu que le virus a été confirmé par l’IRVT (Institut de recherche vétérinaire de Tunisie). La fièvre aphteuse, de par sa grande contagiosité, est une maladie qui entraîne des conséquences économiques considérablement fâcheuses.En plus des pertes dues à la mortalité des jeunes animaux, à la baisse, voire à l’arrêt de la production laitière, à l’arrêt de la culture attelée, elle induit impérativement et systématiquement à l’interdiction du commerce d’animaux et de leurs produits avec la région ou le pays qui en sont victimes. Les premiers cas de l’épidémie, en Algérie, se sont apparus à l’est, en mai dernier, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture. La maladie s’est propagée comme une trainée de poudre. Selon Nadir Mesbah, un inspecteur vétérinaire, la maladie a secoué la wilaya de Souk Ahras. Aussitôt, l’autorité sanitaire, recevant des directives d’Alger, avait procédé à la fermeture de 5 marchés à bestiaux situés dans la wilaya sus-citée. à cette époque les responsables concernés, de la wilaya d’Aïn Témouchent, ne se sentaient pas menacés et se sont contentés d’initier des campagnes de sensibilisation assez limitées pour expliquer les causes de ré-émergence de la maladie.
Le dispositif était mis en état de vigilance avec, en plus, des actions de prospection au niveau des fermes et des étables à travers les 28 communes. Le gros des moyens ont été focalisés dans le bassin laitier de la M’léta, une région à vocation céréalière et d’élevage par excellence. Les statistiques relatives au cheptel bovin et ovin, dans la wilaya d’Aïn Témouchent, ciblaient la vaccination de près de 4 000 têtes de bovins et plusieurs dizaines de milliers d’ovins. Mais le gros devait être accordé aux vaches laitières et celles en gestation. En juin dernier, selon le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya d’Aïn Témouchent, une commande a été passée pour l’acquisition de milliers de doses de vaccin anti-fièvre aphteuse. A titre préventif, toutes les opérations d’importation depuis la Tunisie d’animaux (bovins, caprins et ovins) ont été suspendues en mai dernier ainsi que le transit des produits d’origine animale, ont précisé les services agricoles du ministère de l’Agriculture et le Développement rural (MADR). Actuellement le danger d’une contamination à grande échelle touche 16 wilayas selon une récente déclaration du MADR reprise ces jours- ci par les médias algériens et les journaux nationaux. Première mesure prise en urgence visait la fermeture des souks hebdomadaires à bestiaux. L’autre mesure est de mettre en branle un warning européen contre la fièvre aphteuse.
Ainsi en ce début d’août il a été décidé, par l’Union européenne, d’envoyer d’urgence 1,1 million de doses de vaccins contre la fièvre aphteuse en Algérie et en Tunisie, en réponse à une demande conjointe de l’Organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et l’Organisation mondiale pour la santé animale (Oie), lit-on sur le site de l’UE qui précise par ailleurs que l’épidémie est due à un, manque de vaccin. Effectivement telle a été la crainte affichée par le DSA d’Aïn Témouchent en juin dernier. Et la préoccupation s’avère légitime à plus d’un titre.

Eteindre les foyers : travail d’urgence
Le mot d’ordre qui circule présentement au niveau des 16 wilayas où le fléau a été signalé avec des nuances dans le taux de pénétration de la maladie, d’une région à une autre, est comment agir pour éteindre la maladie avant qu’elle ne se propage. Elle a démarré à Sétif en mai dernier et en moins d’une semaine elle a touché toutes les wilayas limitrophes. D’après des observateurs, la contagion est plus rapide qu’une autre épidémie affectant l’être humain d’où les difficultés de la circonscrire et l’enjeu, face auquel un concours national voire maghrébin doit s’annoncer en toute urgence, est très important et suscite des préoccupations sans cesse croissantes. Selon Karim Boughalem, un cadre du service vétérinaire du MADR, « on est en phase ascendante de la maladie et il est attendu la déclaration d’autres cas de suspicion mais le plus imminent est de connaître le matelas immunitaire installé sur le bovin suite à la campagne de vaccination qu’on a menée auparavant. Le plus important est de savoir comment agir rapidement et plus vite que la maladie pour pouvoir éteindre les foyers de contamination. A Aïn Témouchent qui est épargnée pour le moment, l’heure est à la prise des décisions de lutte préventive. Ainsi un arrêté de la wilaya vient d’être notifié par le wali par intérim, en l’occurrence, Abdelkader Tayane, pour la fermeture des deux souks hebdomadaires d’Aïn Témouchent et d’Ain El Arbaa. L’arrêté a été diffusé au milieu de la semaine passée mais cela n’a pas obligé les éleveurs et les maquignons de ne pas tenir le souk hebdomadaire d’Aïn Témouchent qui se tient tous les jeudis. Les observateurs voulant commenter cette transgression n’étaient pas en mesure de livrer leur analyse par manque d’informations.

Les éleveurs interpellés
Tout dispositif de lutte contre la fièvre aphteuse doit se faire avec l’adhésion des éleveurs, une condition sine qua non et préalable pour mener la bataille dans un cadre organisationnel planifié dans le temps et dans l’espace, avertit un cadre de l’inspection vétérinaire de la wilaya d’Aïn Témouchent. Les professionnels pensent qu’il faut surtout vulgariser la notion d’indemnisation et d’octroi gratuit des médicaments à l’endroit des éleveurs pour les assurer et les amadouer davantage. Il est impératif que l’éleveur soit le premier concerné par l’opération car il y va pour son intérêt. « Nous sommes en train de dire à ces éleveurs : « Déclarez ! nous sommes en train d’indemniser », on tient compte du prix réel de la bête. De plus, l’éleveur récupère la carcasse de viande pour la vendre. Il obtiendra donc 100 % de la valeur de la bête, avait martelé le responsable du MADR. C’est en fait un mot d’ordre-clé qui se dit par la bouche de différents responsables des inspections vétérinaires des wilayas touchées par le fléau. Lors d’une récente déclaration qu’il a faite sur les ondes de la radio locale d’Aïn Témouchent, le docteur Chouiref Mohamed de l’inspection vétérinaire avait abondé sur cette question qu’est l’indemnisation des éleveurs qui déclarent des cas de vaches atteintes de la maladie.

Impacts sur la production laitière
C’est un souci central qui préoccupe autant les professionnels de la chambre nationale de l’agriculture que ceux de l’union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Les craintes sont aussi importantes durant la saison estivale caractérisée par des flux croissants de touristes et à l’approche de l’Aïd El Kébir, une période qui risque de connaître une flambée des prix de la viande et du mouton. Lors du dernier souk hebdomadaire d’Aïn El Arbaa, dans la wilaya d’Ain Témouchent, c’étaient les maquignons qui véhiculaient l’information aux éleveurs et aux visiteurs venus faire leurs commissions rituelles. « La fièvre aphteuse risque d’engendrer une hausse du prix de la viande, a souligné Mohammed Tahar Ramrem, membre du bureau de la Commission nationale interprofessionnelle de viande rouge. » Est-ce une façon de préparer le consommateur à payer plus ? Cependant, un autre courant, voulant donner au fléau un cadre spatial plus important, dans le but de faire paniquer les décideurs et les ramener à se plier aux folles rumeurs qui circulent en vue de songer à l’importation du cheptel pour les besoins de l’Aïd El Kébir. Et selon E. T. Boulenouar, de l’Union nationale des commerçants et artisans (UGCAA), « les répercussions de la fièvre aphteuse sur le marché de la viande seront visibles dans les mois à venir. Il précise que la crise du lait risque, également, de s’accentuer, si la maladie n’est pas éradiquée rapidement. » Du côté du commerce, on affiche une prudence et les déclarations sont plus mesurées et avec beaucoup de retenue. Cet optimisme est affiché par un responsable du ministère du Commerce, a écarté toute hausse. Il dit en substance « Nous excluons toute hausse des prix de la viande ».
Et au sujet des contrôles, il explique, en sus, « que le ministère du Commerce est impliqué dans le contrôle des viandes. Il a mis en branle un important dispositif composé « de brigades de contrôle sur le terrain et au niveau des ports pour contrôler les viandes importées ». Il rassure : « le consommateur n’a rien à craindre. Cependant, les connaisseurs du domaine sont explicites à Aïn Témouchent connue par sa vocation d’élevage, les prix sont imposés par l’offre et la demande et il s’agit de moutons d’engraissement élevés dans des étables et qui y sont depuis au moins deux mois. L’heure est à la vigilance et au suivi quotidien de l’évolution de la propagation de la maladie.
Boualem Belhadri

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