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De la nécessité d’un fonds souverain algérien

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Par Ali El Hadj Tahar

L’action Airbus Group est frappée de plein fouet par la crise sanitaire. Elle a perdu 30% de sa valeur et a terminé la séance du 15 avril à 53,20€. L’ex-EADS, qui compte parmi les principales sociétés du CAC 40 (France), a donc poursuivi sa chute boursière, à cause d’une crise sanitaire qui a eu un effet désastreux sur les affaires des constructeurs aéronautiques, ainsi que sur les secteurs des affaires et du tourisme qui leur sont liés.
Cependant, l’action Airbus Group a connu vendredi passé une journée très profitable à la Bourse de Paris en clôturant à 56,80€ avant de retomber, dimanche, à 55,51€, contre 119,04€ en 2019. La remontée de l’action Airbus ne s’annonce pas encore et les opportunités sont encore grandes pour les investisseurs qui voudraient saisir l’occasion du krach boursier pour acheter des actions solides à long terme, à des prix que nul ne pouvait imaginer pouvoir tomber aussi bas. Personne ne sait combien de temps la crise actuelle va durer, mais il est certain qu’elle ne s’éternisera guère. D’ailleurs, le marché boursier commence déjà à frémir positivement à l’approche de la reprise progressive des activités, plusieurs pays ayant déjà annoncé la date du déconfinement. Les actions pourraient remonter lentement à la fin de la crise du coronavirus. Beaucoup de spécialistes, dont le site spécialisé admiralmarkets.com, soulignent que l’opportunité est bonne pour l’acquisition d’actifs Airbus.
Rappelons que le Fonds souverain qatari détient des actifs Airbus, qui est le numéro 2 derrière Boeing dans l’industrie aérospatiale. Ajoutons que c’est le fonds souverain norvégien qui est le plus riche du monde, avec près de 919 milliards d’euros d’actifs sous gestion, suivi de celui d’Abou Dhabi (700 milliards de dollars). Le fonds souverain norvégien a gagné plus de 25 milliards d’euros au deuxième trimestre 2019, chiffre à multiplier par quatre par an, alors que l’Algérie a placé son argent dans les banques américaines avec un taux d’intérêt dérisoire.
Imitant la Norvège et les pays nordiques, les pays du Golfe et même la Libye de Kadhafi ont créé des fonds souverains pour faire fructifier leurs réserves de change provenant de l’exportation du pétrole et ce, afin d’assurer des revenus pour les générations futures et réduire la dépendance aux hydrocarbures, contrairement à l’Algérie qui a succombé au syndrome hollandais de la surconsommation et du gaspillage quand le prix du baril donnait le vertige.
Les fonds souverains, qui placent près de 5% de leurs capitaux à l’étranger, se font en obligations d’État sous forme de prises de participation, souvent minoritaires, dans de grandes entreprises internationales ou même dans des entreprises moyennes, comme le font les pays du Golfe qui tablent aussi sur le prestige, essentiel dans la constitution du Soft power. Ainsi, le Qatar dispose d’actifs dans Airbus, Porsche, Volkswagen et Total, mais il est fortement présent dans le football mondial, la mode et dans près d’une centaine d’entreprises et sociétés internationales de toutes sortes. En plus d’une visibilité extraordinaire, ces fonds donnent à ce petit pays une capacité de lobbying indéniable dans les politiques étrangères.
L’Algérie ne dispose d’aucun fonds souverain à l’étranger, alors qu’elle ne fait que prier le monde à venir investir chez elle, ce qui est une immense contradiction, parce que si le Qatar est un grand récipiendaire d’IDE (Investissement directs à l’étranger) c’est aussi parce qu’il investit beaucoup à l’étranger. Dans cette pandémie, l’Algérie peut être considérée comme l’un des pays plus avantagés du fait qu’elle n’a pas de dettes et qu’elle dispose d’un bon tapis financier, car 60 milliards de dollars de réserves de change ce n’est pas rien. Il n’est pas trop tard de commencer à créer un fonds souverain algérien et entrer dans la course qui s’annonce difficile sans assises sérieuses également à l’étranger.
A. E. T.

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