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«Dar Bahri», l’une des dernières maisons du diwan de l’est algérien

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Avec un Koyo Bango (chanteur) d’exception, un goumbri rond et des jeunes femmes sur scène, la troupe « Dar Bahri Ouesfane » représente sur scène les diwans de l’est algérien qui disparaissent un à un au fil du temps, usés par le manque de considération à une époque où la scène et la production musicales s’imposent comme reconnaissance.

Issue de la grande famille du diwan constantinois, « Dar Bahri », praticienne de la cérémonie du diwan dans la vieille ville depuis plus de deux siècles, est l’une des rares confréries à avoir perduré dans l’est du pays alors que les souvenirs du chef de troupe et patriarche Mohamed El Hadi Hachani, évoquent des confréries à Batna, Tebessa, Guelma, Souk Ahras et Annaba qui ont aujourd’hui disparu. Rencontré lors du Festival national de musique diwan, Mohamed El Hadi Hachani, a expliqué que cette confrérie très active dans le diwan à Constantine se rapproche aujourd’hui des cérémonies Stambali tunisiennes en plus de celles animées à l’ouest du pays après la disparition des « diars ed diwan » de l’est suite à une interruption du cycle de transmission. Aujourd’hui âgé de 65 ans, Mohamed El Hadi Hachani, reproduit la tradition ancestrale en assurant l’apprentissage de ses enfants, membres de sa troupe, basé sur la transmission des textes et de la langue Haoussa, parlée en Afrique de l’ouest) et surtout du dialecte Bahri parlé au nord du Mali et du Niger. En plus de la forme circulaire de son goumbri, Dar Bahri se démarque également par la préservation d’un instrument de percussion, le Kerktou, quasiment disparu dans les diwans de l’ouest et par l’introduction de la derbouka qui a toujours fait partie de la musique de cette famille. Préservé et transmis par l’oralité, ce legs immatériel doit beaucoup à l’importance qu’il occupe au sein des vieilles familles constantinoises qui ne peuvent se passer du diwan de « Dar Bahri » à chacune de leurs occasions, ce qui a permis, voire obligé la famille à s’accrocher à son héritage et surtout à la grande maison familiale qui vient d’être restaurée par la direction de la Culture de la wilaya. Un lieu où se sont tenues toutes les cérémonies animées par la famille, où l’apprentissage se déroulait pour transmettre le legs de père en fils et qui menaçait de ruine.
Même si la troupe a été découverte par le public en 2009 à l’occasion du second Festival culturel panafricain d’Alger où elle a pris sa forme actuelle, en y introduisant les jeunes femmes, « Dar Bahri Ouesfane » se révèlent être des habituées de la scène et du grand spectacle étant l’une des troupes algériennes à avoir participé au premier panafricain en 1969. En dehors du diwan cérémonial, la troupe représente pour les musiciens une source intarissable d’inspiration pour des projets musicaux communs, surtout en matière de jazz, et sans jamais rien modifier à la prestation de « Dar Bahri Ouesfane » comme en témoignent les multiples fusions dont celle avec le grand pianiste de jazz malien Cheikh Tidiane Seck. Après avoir décroché le premier prix du 5e Festival national de musique diwan et participé au Festival international d’Alger, la troupe attend encore d’enregistrer son album, censé être soutenu par le festival, depuis trois ans. En attendant Mohamed El Hadi Hachani continuant à officier lors des cérémonies à Constantine et à transmettre son savoir à ses enfants.

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