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Corée du Nord : nouvelle provocation nucléaire

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Kim Jong-un annonce que son pays a réussi à miniaturiser des têtes thermonucléaires, afin de les monter sur des missiles balistiques. Nouvelle provocation du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Il a assuré que Pyongyang avait miniaturisé avec succès des têtes thermonucléaires, afin de les monter sur des missiles balistiques, au moment où les tensions redoublent sur la péninsule. La Corée du Nord s’est déjà vantée par le passé d’être capable de miniaturiser une charge nucléaire. Mais c’est la première fois que son numéro un, revendique de façon aussi explicite une telle percée et les experts estiment qu’il s’agit d’un pas susceptible de changer la donne vers une menace nucléaire crédible pour les États-Unis. Kim Jong-un a également affirmé qu’il s’agissait de charges «thermonucléaires». Pyongyang avait déjà dit que son quatrième essai nucléaire, mené le 6 janvier, était un test de bombe à hydrogène, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire. «Les têtes nucléaires ont été standardisées en les miniaturisant afin de pouvoir équiper des missiles balistiques», a affirmé le dirigeant nord-coréen. «On peut appeler cela une vraie dissuasion nucléaire», a rapporté mercredi l’agence officielle KCNA. Rodong Sinmum, journal du parti unique au pouvoir, publiait en une une photographie de Kim Jong-un posant devant un objet sphérique métallique, apparemment censé être une des têtes en question. «De toute évidence, nous ne disposons que de cette photographie, mais cela ressemble à ce qu’on attend d’une tête nucléaire compacte», a commenté Jeffrey Lewis, analyste au centre James Martin des études de non-prolifération à l’institut Middlebury d’études internationales (MIIS) de Californie.

Une réelle possibilité
Pour Melissa Hanham, spécialiste du programme nord-coréen d’armes de destruction massive au MIIS, le programme nucléaire nord-coréen est mis en oeuvre depuis suffisamment de temps pour qu’il «y ait une réelle possibilité» que Pyongyang soit parvenu à miniaturiser un engin transportable par missile. «Je ne peux pas dire qu’ils seraient capables de très bien diriger ce missile, ni quelle serait sa portée, mais leur revendication ne peut pas être rejetée comme étant une fanfaronnade», a-t-elle dit. La péninsule coréenne connaît un regain de tensions depuis l’essai nucléaire suivi le 7 février d’un tir de fusée généralement considéré comme un test de missile balistique déguisé. Le puissant commandement suprême de l’armée populaire coréenne vient de menacer d’une «attaque nucléaire préventive» la Corée du Sud et les États-Unis, qui conduisent actuellement d’importantes manoeuvres militaires conjointes.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé à l’unanimité la semaine dernière d’imposer de nouvelles sanctions à la Corée du Nord, les plus lourdes jamais infligées à Pyongyang, pour le punir après son essai nucléaire. La Corée du Nord a vivement réagi, parlant de conspiration pilotée par Washington, visant à mettre le régime à genoux. La question de la miniaturisation est essentielle, car s’il est connu que la Corée du Nord dispose d’un petit arsenal d’armes nucléaires, sa capacité à les transporter jusqu’à une cible choisie fait l’objet de débats houleux.

Une action suicidaire
De nombreux points d’interrogation pèsent aussi sur les capacités de la Corée du Nord en matière de vecteur nucléaire. Bon nombre de spécialistes pensent qu’elle est loin d’avoir mis au point un missile balistique intercontinental (ICBM) en état de fonctionner qui puisse frapper le continent américain. Il est de plus incertain qu’un éventuel engin miniaturisé conçu par la Corée du Nord puisse être suffisamment résistant pour supporter les chocs, les vibrations et les variations de température associées à un vol balistique. Nombre d’experts ne croient pas que la Corée du Nord lance une frappe nucléaire de quelque nature qu’elle soit. Ils jugent que cela serait suicidaire compte tenu de la supériorité écrasante de la technologie américaine.
«On doit envisager les propos de M. Kim dans le contexte du langage belliqueux et cyclique utilisé chaque année par le Nord, surtout dans la foulée des sanctions de l’ONU», ajoute Mme Hanham. «Avec ses commentaires et ses photographies, le message est très explicite : Nous avons la bombe nucléaire et vous devez nous respecter.» Même son de cloche à Séoul, où le ministère de l’Unification chargé des affaires intercoréennes a estimé que Pyongyang réagissait surtout aux sanctions de l’ONU. Séoul pense toutefois que Pyongyang a acquis «jusqu’à un certain point» la technologie de miniaturisation. Les spécialistes doutent que l’engin testé en janvier ait été une bombe H, l’énergie dégagée par la déflagration semblant trop faible. Ils penchent plutôt pour l’hypothèse d’une bombe à fission dopée, plus puissante que la bombe A à fission. La bombe H est, elle, à deux étapes, utilisant d’abord la fission puis la fusion nucléaire dans une réaction en chaîne.

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