Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé dimanche concernant la fourniture du lait subventionné, de la prise en charge, par l’État, de l’augmentation de la marge bénéficiaire de 1 dinar le litre de lait pour les usines et 2 DA pour les distributeurs. Une démarche qui intervient au moment où la crise autour du sac de lait de 25 DA s’accentue davantage notamment durant ce mois sacré de Ramadhan, et ce, en dépit des capacités de production qui pourraient pourtant répondre largement à la demande.
En effet, rien que dans la capitale, la capacité de production de la laiterie de Birkhadem dépasse les un demi-million de litres de lait par jour, ajoutée aux 450 000 litres par jour produites par 12 autres laiteries privées. Mais, en dépit de toutes ces quantités, les citoyens doivent aujourd’hui faire le parcours du combattant, et contraints de former de longues files d’attente pour pouvoir se procurer le sac de lait, du moins pour les chanceux, car beaucoup se rabattent sur le lait en brique vendu à plus de 130 DA la boîte.
Il faut noter que si c’est le cas au niveau d’Alger et ses communes, c’est encore pire dans les autres wilayas où il n’y a pas d’usine de production de lait à leur niveau ; à l’instar de Bouira, Khenchela, Jijel, Bordj Bou- Arréridj, Batna, Biskra, El-Tarf, Tebessa, et Mila.
De ce qui est de l’origine de cette crise, le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait, Farid Oulmi, avait mis en garde contre la prolifération du phénomène de la contrebande. Selon lui, des distributeurs « intrus » détournent le lait pour le revendre que ce soit à des commerçants informels, aux cafétérias, ou à d’autres commerces et ce à des prix non réglementés. Il dira dans ce sens que les propriétaires de camions qui arrivent de Tipasa ou de Blida vers Birkhadem à Alger, parcourant plus de 100 km, ne revendront certainement pas le sac de lait avec une marge bénéficiaire de 1,8 da pour le sachet.
« Les propriétaires de ces camions collaborent avec des commerçants informels pour revendre le lait à des prix beaucoup plus élevés », a-t-il dénoncé.
À cet effet, Farid Oulmi avait indiqué que sa fédération avait proposé aux responsables du ministère du Commerce une stratégie permettant de lutter contre ce phénomène et de suivre minutieusement l’acheminement du lait à travers le renforcement du contrôle, cependant, regrette-t-il, ce département n’a pas donné suite à cette proposition et a préféré agir seul pour qu’il n’y ait enfin aucun résultat sur le terrain.
Tout cela pour dire que si aujourd’hui les hautes autorités du pays ont décidé de contribuer pour le règlement de ce problème, en revoyant à la hausse la marge de bénéfice des producteurs et distributeurs, il faudrait, cependant, que le ministère du Commerce s’implique plus sérieusement sur le terrain en assumant ses responsabilités à travers notamment le renforcement du contrôle et la lutte contre les pratiques frauduleuses qui gangrènent, non seulement la filière du lait, mais aussi toutes les activités commerciales.
Ania Nch

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