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Attentat d’Ahvaz : Accusations iraniennes et revendications multiples

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Téhéran a désigné un grand nombre de coupables après l’attentat de samedi, ayant fait 24 morts à Ahvaz, dans le sud-ouest de l’Iran. Cette attaque, qui a visé un défilé militaire, a en outre été l’objet de deux revendications -dont une, du groupe jihadiste État islamique (EI)–, très difficiles à authentifier. Voici ce que l’on sait de ces accusations et revendications.

Mouvance séparatiste
Très rapidement après l’attentat, les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, ont accusé «le mouvement al-Ahwaziya», désignant la mouvance séparatiste arabe de la province du Khouzestan, qui comprend divers groupes. Le même jour, un homme se présentant comme un porte-parole d’un mouvement nommé «Résistance nationale d’Ahvaz» a revendiqué l’attentat au nom de ce groupe sur la télévision satellitaire, Iran International, émettant de Londres, en affirmant que l’attaque avait visé des cibles militaires «légitimes». Parallèlement, deux mouvements séparatistes, le «Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz (FPDAA) et le «Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz», ont publié des communiqués niant toute implication.

«Parrains régionaux» et «maîtres américains»
Ahvaz est la capitale du Khouzestan, province du sud-ouest de l’Iran peuplée majoritairement d’Arabes. Mettant en cause les séparatistes arabes, le président Hassan Rohani a par ailleurs accusé dimanche «des petits pays mercenaires» de la région, «encouragés par les Américains» d’être derrière l’attentat. Le même jour, le chargé d’affaires émirati à Téhéran a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Abou Dhabi a nié tout lien avec l’attaque et accusé l’Iran de lancer une «campagne» contre les Émirats. Également convoqués, samedi, au ministère des Affaires étrangères iranien, les diplomates représentant le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne se sont vu reprocher «d’héberger certains membres du groupe terroriste» responsable de l’attentat, selon Téhéran. Dans un communiqué publié dimanche, les Gardiens de la révolution ont eux mis en cause «le triangle satanique Occidentaux-Hébreux-Arabes». Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif a aussi accusé «des terroristes recrutés, entraînés et payés par un régime étranger» et mis en cause «les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains». Plus explicite, le porte-parole des Gardiens de la Révolution, Ramezan Sharif, a accusé les membres du commando d’Ahvaz d’être «nourris par l’Arabie saoudite». L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, a lui vu dans l’attaque, «une continuation de la conspiration des gouvernements de la région à la solde des États-Unis». Les États-Unis et Israël («Grand Satan» et «Petit Satan» dans la rhétorique révolutionnaire iranienne) font figure d’ennemis officiels de la République islamique. Téhéran entretient également des relations conflictuelles avec plusieurs monarchies arabes du Golfe alliées des États-Unis, en particulier avec l’Arabie saoudite, son grand rival régional avec qui les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier 2016, mais aussi avec les Émirats et Bahreïn.

Le groupe État islamique
L’attentat d’Ahvaz a rapidement été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI), dont l’agence de propagande a par la suite publié une vidéo de trois jeunes hommes, deux parlant en arabe, un en persan, affirmant qu’il s’agit des membres du commando d’Ahvaz. L’EI n’apporte toutefois aucun élément probant permettant d’accréditer sa revendication. L’organisation sunnite ultra-radicale a revendiqué sa première attaque en Iran le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l’imam Khomeiny, faisant 17 morts et des dizaines de blessés. Dans une vidéo publiée en mars 2017, l’organisation avait menacé d’agir en Iran en représailles au soutien militaire et logistique apporté par Téhéran aux autorités syriennes et irakiennes, deux pays où le groupe jihadiste a perdu l’écrasante majorité de ses territoires.

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