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À L’OMBRE DES NOUVELLES DONNES : Le courant islamiste en quête de repositionnement

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Pour les partis islamistes, la conjoncture ne prête plus aux tergiversations. À l’instar des partis démocrates et nationalistes, ils tentent – pragmatisme politique oblige – de se repositionner dans un nouvel échiquier dont les règles du jeu sont loin d’être clairement définies. La main tendue dans tous les sens et noyés dans le doute (ce qui est le cas de toute la classe politique algérienne), ils font tout pour s’assurer une « place au soleil » dans l’Algérie qu’enfantera, à coup sûr, le Hirak conjugué à une conjoncture internationale, le moins que l’on puisse dire, délicate.
Le « combat » des partis islamistes ayant de tout temps été mené sur le terrain idéologique, aucune occasion de jouer sur des « constantes » et des « référents nationaux » n’est ratée. Et les acceptions ne sont pas toujours les mêmes pour tous les acteurs de cette obédience.
C’est le cas, entre autres, de la notion de «badissia-novembaria» que chacun interprète – finalement – à sa guise. Makri, qui, après avoir refusé de prendre part aux joutes électorales du 12 décembre, a formulé son intention de participer au dialogue que le nouveau Président a officieusement annoncé, a, rappelons-le, qualifié la composante du nouveau Gouvernement de « gifle » pour les « novembristes-badissites ». Les Islamistes ne se réclament donc plus, sinon de « novembre », du moins de Ben Badis ?
«Tout Algérien sincère se revendique de novembre», dira Abderrahmane Saidi, cadre du MSP et ex-président du Conseil consultatif du parti. Et el-badissia donc ? « Ce n’est aucunement une question politique », répond-il, ajoutant que « c’est plutôt un courant réformiste qui concerne l’identité de tout un peuple ». Saidi, qui n’a pas toujours été sur la même longueur d’ondes que Makri, soupçonne ce dernier de ne pas avoir compris notamment cette référence à Ben Badis. « Il l’assimile à tort à un fantasme», dit-il.
Selon lui, «Makri estime qu’on en est pas (ou plus) là ». Tentant de minimiser l’absence quasi-totale d’islamistes dans le gouvernement Djerad, interprétée par certains comme une volonté délibérée de mettre cette mouvance à l’écart, notre interlocuteur dira que « les concepts novembaria et badissia n’ont rien à voir avec la constitution d’un quelconque gouvernement ».
« On est dans une étape où le tout, notamment les constantes, doit être organisé », dit-il. D’ailleurs, les Algériens sont loin d’avoir les mêmes acceptions de « référents nationaux ». Aussi, rajoute M. Saidi, « Ils (les Algériens) ne lisent pas l’histoire de la même façon ». Il en veut pour preuve le fait qu’ils ont différentes lectures du Congrès de la Soummam ainsi de Novembre lui-même. Il en reste que la mouvance islamiste ne compte pas rester en marge de l’Histoire qui est en train de se faire. Elle entend jouer un rôle de premier plan dans l’édification de l’Algérie nouvelle qui s’annonce. Et pour cela, dira M. Saidi, « elle doit s’adapter et à la conjoncture et aux défis de la conjoncture ».
« Elle doit également, rajoute-t-il, procéder à des réformes : revoir sa structure, sa relation avec le peuple, sa relation avec le pouvoir, sa relation avec le Hirak…» En quelques mots : une actualisation de l’action politique. «On a besoin de personnes qui représentent quelque chose», conclut M. Saidi.
Hamid Fekhart

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