Accueil MONDE Arabie-Iran : le champ de bataille yéménite

Arabie-Iran : le champ de bataille yéménite

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Les Saoudiens ont monté une expédition militaire pour faire le ménage dans leur arrière-cour. Objectif : chasser, à n’importe quel prix, les chiites. «Pour les Saoudiens, le véritable ennemi n’est pas Israël, mais l’Iran », constate un très bon connaisseur du royaume wahhabite. Riyad est littéralement obsédé par le danger iranien. La signature de l’accord sur le nucléaire n’a fait qu’aggraver les choses et a semé les germes du doute sur la fiabilité du grand allié américain. Le roi Salmane a donc estimé qu’il n’était pas possible de laisser les Iraniens manœuvrer à leur guise dans le Yémen voisin, arrière-cour et ventre mou du royaume. Téhéran a, en effet, dépêché conseillers et combattants pour prêter main-forte aux rebelles houthistes chiites de rite zaydite qui ont conquis une bonne partie du pays, dont la capitale Sanaa. Une véritable provocation pour l’Arabie saoudite. Le roi Salmane, monté sur le trône en janvier dernier à la suite de la mort de son demi-frère Abdallah, joue aussi sa crédibilité de défenseur du monde sunnite dans cette affaire.

L’aide de Daesh et d’Al-Qaïda
Les Saoudiens ont donc pris la tête d’une coalition sunnite de pays du Golfe et rassemblé des troupes pour reconquérir le Yémen. Déjà Aden, au sud, a été reprise, ainsi que cinq provinces du pays. Reste le nord et Sanaa. Ce sera plus dur. La campagne ne s’annonce pas comme un chemin de roses. Aussi n’est-on pas très regardant sur le pedigree de certains alliés objectifs : Daesh ou Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) multiplient harcèlements et attentats contre les chiites. Et l’on ratisse large pour étoffer les effectifs, jusqu’au Soudan. ,Comme rien n’est simple dans l’Orient compliqué, les lignes de fractures religieuses n’expliquent cependant pas tout. Elles s’entremêlent avec des solidarités ou des rivalités tribales. Ainsi, l’ancien président Ali Abdallah Saleh, qui a dû abandonner le pouvoir contre son gré, soutient les rebelles. Il est pourtant sunnite mais proche des Frères musulmans, bête noire des Saoudiens. Jusqu’en 1962, c’est une dynastie chiite zaydite qui régnait sur le pays. Et quand le dernier roi a été renversé, l’Arabie saoudite a soutenu les monarchistes contre la junte au pouvoir à Sanaa, appuyée militairement par Nasser… Les Saoudiens redoutent une contagion du chaos dans leurs propres régions chiites où se trouve une grande partie des gisements pétroliers. Depuis le soulèvement de 1979, les chiites saoudiens (10 % de la population) sont plutôt calmes. L’Aramco, la compagnie pétrolière nationale, a déversé beaucoup d’argent pour préserver la paix sociale. Mais Riyad se méfie de ces « hérétiques ».

L’Iran, cauchemar des Saoudiens
« Les chiites sont pires que les chrétiens et les juifs, car ils se prétendent musulmans », disait Mohamed Ben Abdel Wahhab, le prédicateur qui, au XVIIIe siècle, a donné naissance au wahhabisme, vision rigoriste de l’islam sunnite dont se réclame le royaume. Mais au-delà des chiites, c’est surtout l’Iran qui hante les nuits cauchemardesques des dirigeants saoudiens.
L’Iran, c’est 80 millions d’habitants, une histoire multimillénaire, des capacités militaires sérieuses, des réserves d’hydrocarbures considérables et un réservoir de matière grise qui ne demande qu’à s’épanouir pour peu que le régime desserre son étreinte.
En face, malgré leur richesse, les rentiers Saoudiens (29 millions d’habitants mais une population active à 80 % étrangère) se sentent bien vulnérables. D’où leur réaction de bête blessée au Yémen.

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