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Avec une chanson sur les ultra-riches : Un fermier américain devient une star de la country

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La chanson d’Oliver Anthony, qui fustige les élites et dénonce les conditions de vie de la classe ouvrière américaine, a pris la première place du célèbre classement Billboard Hot 100.

«J’ai vendu mon âme». Barbe rousse, carrure de bûcheron et guitare à la main, Oliver Anthony est devenu en quelques jours le visage d’une Amérique profonde, ouvrière et oubliée – et qui en souffre. Sur des accords de country, les paroles de ce fermier américain contre l’élite sociale de Washington font un carton. La chanson a déjà été écoutée plus de 14 millions de fois sur YouTube, et pris la tête d’un hit-parade sur Apple Music.
Elle a même dépassé les mégastars Taylor Swift, Morgan Wallen et Olivia Rodrigo pour prendre la première place du classement Billboard Hot 100 daté de la semaine du 26 août et qui sera publié ce mardi. D’après le site Billboard, dont le Hot 100 reflète les performances de tous les disques, diffusions en streaming et à la radio, tous genres musicaux aux États-Unis, c’est la première fois qu’un auteur-compositeur inconnu et jamais apparu dans aucun hit-parade réalise un tel exploit.
Originaire de l’État de Virginie, le jeune homme a mis en ligne la vidéo il y a quelques jours, intitulée Rich Men North of Richmond, du nom de la capitale de la Virginie, située à 175 km au sud de Washington.
Accompagnées d’une musique de style bluegrass, branche de la country, les paroles dénoncent la dureté de la vie de la classe ouvrière et des plus démunis face aux privilèges des riches et des élites de la première puissance mondiale.

Symptôme d’un clivage politique
«Je fais des heures supplémentaires pour un salaire de misère», chante-t-il, avant d’opposer «les gens de la rue qui n’ont rien à manger» aux «obèses qui se servent de l’État-Providence comme d’une vache à lait». Il brocarde aussi les politiques économiques libérales de réductions d’impôts depuis les années 1980. Un passage s’émeut par ailleurs de la hausse des suicides des Américains: «De jeunes hommes se retrouvent six pieds sous terre car tout ce que fait ce foutu pays, c’est de continuer à les mettre à terre». Rich Men North of Richmond fait aussi la part belle au fait que le pays est clivé politiquement entre d’un côté le sud et le centre ruraux et conservateurs et de l’autre les villes des côtes est et ouest progressistes. La chanson a enflammé internet la semaine dernière, avant de se hisser à la première place du classement country de la plateforme iTunes d’Apple Music, selon le magazine Billboard, l’un des premiers médias à avoir repéré le phénomène. Dans la foulée, la chanson a été baptisée «l’hymne politique des cols-bleus» aux États-Unis, par le tabloïd The New York Post. Son concurrent Rolling Stone a titré: «Les influenceurs d’extrême droite ont trouvé leur chanson country préférée». De fait, l’élue républicaine au Congrès Marjorie Taylor Greene, soutien de Donald Trump et adepte de théories complotistes, a jugé sur le réseau social X, (anciennement Twitter) que le morceau d’Anthony était celui «que Washington devrait entendre». «C’est l’hymne des Américains oubliés depuis longtemps par notre gouvernement.

Acclamée par les Républicains de Trump
C’est mon peuple, des hommes et des femmes pleins de bonté, qui travaillent dur et qui font marcher l’Amérique. Je me battrai pour eux chaque foutu jour», a écrit la représentante de l’état de Géorgie (sud). Le succès inattendu de la chanson d’Anthony cristallise ainsi les tensions entre l’Amérique des grandes villes, et l’Amérique rurale et frustrée. Ce même sentiment d’abandon avait motivé l’élection de Donald Trump en 2016, qui se revendiquait comme le porte-parole des oubliés durant sa campagne.
Simultanément, le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, a estimé sur la même plateforme que «les progressistes devaient aussi écouter» cette chanson contre «les salaires de merde et le pouvoir des élites».

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