Au moins 28 civils ont été tués, lundi, par de spectaculaires explosions ayant suivi deux raids de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite contre une base de missiles à Sanaa, au 27e jour du conflit au Yémen. Quelque 400 personnes ont été blessées. Les victimes seraient principalement des femmes et des enfants. Trois employés de la chaîne de télévision Al-Yemen Al-Youm, dont un journaliste, font partie des personnes décédées, a précisé un membre des services médicaux. Il a dit craindre une nouvelle hausse du bilan étant donné le nombre important de blessés graves. Les explosions ont été décrites par des habitants comme les plus violentes dans la capitale depuis le début des frappes pour empêcher des rebelles chiites et leurs alliés de contrôler l’ensemble du Yémen.
ACF suspend ses activités
«Ces bombardements ont eu lieu sans alerte au préalable, en violation directe du Droit international humanitaire», a déploré l’ONG Action contre la faim (ACF), dont les bureaux ont été endommagés. Prévoyant que les raids «devraient continuer dans les heures et jours à venir», ACF a indiqué être contrainte de «suspendre temporairement les activités de son bureau à Sanaa». Au moins trois employés de la chaîne de télévision Al-Yamen Al-Youm, dont les locaux ont été atteints, ont été tués, dont un journaliste, selon des secouristes. La chaîne a suspendu ses programmes. Les agences des Nations unies n’ont cessé de déplorer le coût humain de la guerre, indiquant que le nombre des morts, en particulier des civils, approche le millier et celui des blessés se compte par milliers. Oxfam a regretté lundi un raid aérien qui a touché samedi un de ses dépôts à Saada, fief des rebelles chiites houthis, dans le nord du Yémen.
Les Houthis veulent se battre jusqu’au bout
Des fissures sont apparues dans le camp de la rébellion, mais les Houthis ont promis de se battre jusqu’au bout contre «l’agression sauvage» menée, selon eux, par l’Arabie saoudite. Coup sur coup, dimanche, le commandement militaire de la plus vaste province du Yémen a annoncé le ralliement de 25 000 soldats au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, et un parti jusqu’ici allié aux Houthis a déclaré soutenir l’appel de l’ONU à un cessez-le-feu. Dans un discours télévisé dimanche soir, le jeune chef de la rébellion, Abdel Malek Al-Houthi, s’en est pris à Ryad et a rejeté les accusations de soutien militaire iranien à ses combattants. Téhéran «n’a pas d’influence au Yémen», a-t-il assuré. L’Iran reconnaît apporter un appui aux Houthis, issus de la minorité zaïdite, mais nie leur fournir des armes. Lundi, le ministre yéménite des Affaires étrangères en exil Ryad Yassine a rejeté toute médiation de Téhéran dans le conflit. Il a évoqué l’idée d’un «Plan Marshall arabe» pour la reconstruction du pays une fois que la stabilité sera revenue.
La coalition poursuit ses raids
Les rebelles ont conquis de vastes territoires depuis leur entrée dans Sanaa en septembre 2014 avec la complicité de troupes restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh (au pouvoir de 1978 à 2012). La coalition a poursuivi lundi ses raids sur les positions rebelles dans d’autres régions du pays, en particulier dans le Sud.
L’Arabie saoudite a en même temps annoncé qu’un de ses soldats a été tué dimanche par des tirs en provenance du Yémen à la frontière des deux pays. Il s’agit du huitième soldat saoudien tué à cette frontière depuis le début de la campagne aérienne.