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Violence contre les personnels de la santé au CHU Nedir-Mohamed de Tizi-Ouzou : L’exiguïté et l’inadéquation des services mis en cause

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Le centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed tend à ne plus répondre aux normes pour offrir aux citoyens un service public de qualité, en raison de l’exigüité de certains de ses service notamment ceux des urgences, faisant que malades et praticiens se retrouvent dans une situation de pression qui parfois bascule vers la violence, selon des avis recueillis par l’APS auprès d’acteurs intervenant dans le secteur.

Construit il y a plus de 40 ans, à la périphérie du centre urbain, cet établissement ne répond plus aux normes, surtout en matière d’implantation, puisque avec l’extension du tissu urbain, il s’est retrouvé en plein cœur de la ville et sur un axe très fréquenté avec des embouteillages énormes compliquant l’évacuation des malades ce qui rajoute de la pression à leurs parents, s’accorde-t-on à dire. Les services aussi sont dépassés, comme c’est le cas des urgences où patients et personnel soignant se plaignent de l’exigüité des lieux qui, non seulement n’assurent pas au patient l’intimité nécessaire, mais rend la pratique de l’acte de soin difficile dans un service des plus sensibles et où la pression est à son comble. Cette «promiscuité» risque à tout instant de dégénérer en colère et en acte de violence, selon les mêmes avis. Concernant ce problème d’exigüité, et en espérant le dégel du projet d’un nouveau CHU inscrit au profit de la wilaya, la direction générale du CHU a prévu de relancer «incessamment» les travaux de construction d’un nouveau pavillon des urgences en R+6, structuré et pluridisciplinaire qui répond aux normes à l’intérieur de l’établissement, a-t-on appris du directeur général du CHU, Yazid Mouzaoui. En plus de ces dysfonctionnements liés à la structure elle-même, les malades et leurs accompagnateurs ont déploré l’absence de médecins tôt le matin tel que relevé par un citoyen arrivé à 7h30 du matin et qui n’a «trouvé personne pour s’occuper de son ami souffrant du bassin suite à une chute de 6 mètres». Par ailleurs, l’utilisation du téléphone portable par les médecins au sein de ce service, devant des malades qui attendent d’être soignés, est perçu comme une «négligence» par ces derniers. Des parents de malades rencontrés dans d’autres services ont dénoncé le fait d’être orienté, vers le privé pour faire, au prix fort, des analyses et bilans ainsi que des scanners et IRM. L’autre grande contrainte à laquelle font face les praticiens est le flux important de patients. Entre 800 et 900 malades sont quotidiennement soignés au niveau des pavillons des urgences de chirurgie et de médecine, et les services de pédiatrie, d’ORL et d’ophtalmologie. Or, 60% de ces malades «ne représentent pas de vraies urgences, c’est plutôt des consultations qui peuvent se faire dans des structures de proximité. Les malades préfèrent se rendre au CHU ou ils comptent trouver plus de spécialistes et une meilleure prise en charge et nous ne pouvons pas renvoyer un patient qui est libre de choisir la structure de santé où il veut être soigné», a indiqué M. Mouzaoui. Il a expliqué que, pour réduire la forte pression sur les pavillons des urgences médicales et chirurgicales, qui sont les services les plus touchés par ce phénomène, un centre de tri a été mis en place et permet de classer les patients par les cas les plus urgents afin qu’ils puissent recevoir les soins nécessaires dans les meilleurs délais. «Dès l’arrivée du patient au CHU, ce dernier est orienté vers le centre de tri où il est reçu par un médecin généraliste qui l’oriente selon son cas vers un spécialiste. Ce dernier le soigne et décide s’il doit être hospitalisé ou pas», a-t-il précisé. Le PU de chirurgie dispose de 5 salles d’opérations pour la prise en charge des patients graves, dont les polytraumatisés, d’une salle de réanimation de 10 lits et d’un scanner. Le problème de radiologie soulevé par les citoyens qui sont orientés vers l’extérieur pour faire leur scanner et IRM est lié à un manque de radiologues, a expliqué ce même responsable. Il a observé que le CHU ne compte que deux radiologues qui pratiquent quotidiennement une trentaine d’IRM et une cinquantaine de scanner. La direction générale du CHU a fait une demande de recrutement de radiologues au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a-t-il fait savoir.

Formation des agents pour améliorer l’accueil
La DG du CHU a signé une convention avec la direction de la formation, et de l’enseignement professionnels pour la formation au niveau du CFPA Kerrad-Rachid, d’agents de sécurité afin d’améliorer l’accueil des citoyens au niveau de l’établissement. 30 agents ont été formés en 2018/2019 et 70 autres le seront durant l’année professionnelle 2019/2020, a-t-il indiqué. Ces mesures ont permis de «réduire» le phénomène de la violence, a fait savoir M. Mouzaoui. Selon les chiffres communiqués par le service du contentieux du CHU, un total de 44 plaintes a été déposé par cet établissement hospitalier en 2018. Pour l’année en cours, et selon un bilan arrêté à septembre dernier, le nombre de plaintes est seulement de 22. «Les cas de violence enregistrés sont généralement liés à l’annonce d’un décès, parfois les parents du défunt prennent mal la nouvelle et dégradent un bien, mais cela reste minime», a observé le DG du CHU. Le service de communication du CHU et celui des activités médicales et paramédicales sont ouverts pour recevoir les doléances des malades ou de leurs proches, et quand c’est nécessaire le DG lui-même reçoit les plaignants, a expliqué M. Mouzaoui. Un réseau de caméras de surveillance est mis en place à l’intérieur de CHU et qui lui permet de suivre, en temps réel, le fonctionnement de tous les services. Un agent de sécurité suit à partir de son bureau, les différents services et même à l’extérieur de ce dernier jusqu’à l’entrée du CHU. Cela permet une intervention rapide en cas de problème et d’éviter ainsi tout excès de violence, a souligné M. Mouzaoui. De son côté, le directeur de wilaya de la santé et de la population (DSP) le Pr. Abes Ziri, a observé que la violence en milieu hospitalier est «parfois réactionnelle ou le résultat d’un effet de groupe et plutôt que de recourir à l’agressivité, il existe d’autres voies pour se plaindre, et la disponibilité des équipes de gardes sur place permet de régler beaucoup de problèmes liés à ce phénomène».

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