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Une ambassadrice du raffinement et du patrimoine algérien

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La scène artistique algérienne a perdu jeudi une ambassadrice du raffinement, du patrimoine et de la création musicale, Saloua qui a brillé par la musique contemporaine de son époque dans les pays arabes et sauvegardé la patrimoine de son pays, s’est éteinte après un riche parcours et en laissant de nombreux adeptes et une riche discographie. Dans un message de condoléances adressé à la famille de l’artiste, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a estimé avec tristesse que la scène artistique a perdu « un nom de cette génération qui a brillé avec son parcours artistique et enrichi le champ culturel avec une œuvre d’une créativité éblouissante liée à notre patrimoine musical riche et varié ». Devant la perte de cette « voix algérienne authentique imbue de patriotisme », le président de la République a salué la mémoire d’une chanteuse qui « appartient à cette génération qui a porté l’amour de la patrie et l’a manifesté dans les manifestations internationales, une génération fière de sa singularité et de son authenticité ». Avant la chanson, la voix de Fettouma Lemitti se fait d’abord connaître sur les ondes où elle a commencé une carrière d’animatrice de Radio-Alger en 1952 sous la direction de Réda Falaki qui lui confie une émission pour enfants.
Sa maîtrise et sa voix la conduiront très vite dans les studios de l’ORTF (Office de la radiodiffusion- télévision française) où elle deviendra animatrice de la première émission féminine destinée au monde arabe. En 1960, elle rencontre le compositeur Lamraoui Missoum, qui venait de lancer un nouveau genre de chanson rénovant complètement la chanson algérienne et qui cherchait des interprètes. Cette rencontre va impulser sa nouvelle carrière de chanteuse qu’elle a mené avec une grande passion après avoir abandonné l’animation radio pour s’y consacrer entièrement. En 1962, elle entre dans la cour des grands avec l’enregistrement de « Lalla Amina », classé troisième des ventes de la prestigieuse maison de disques « Pathé Marconi » après Edith Piaf et Enrico Macias. Sa voix d’exception et sa culture musicale lui permettront de se perfectionner et percer dans la chanson, pour collaborer, au lendemain de l’indépendance, avec Mahboub Bati et Boudjemia Merzak qui deviendra son époux.
En 1964, elle effectue une longue tournée dans les pays arabes où elle a été accueillie comme l’ambassadrice de la chanson algérienne, prenant part à toutes les semaines culturelles dans tous les pays amis de l’Algérie nouvellement indépendante. En dépit de ces débuts fulgurants dans la chanson, Saloua revient à son premier métier et anime à la télévision la première version de l’émission « Alhan oua Chabab », pour la promotion de jeunes talents, avec Maâti Bachir. Dans les années 1970, elle tente une incursion dans l’univers de la musique andalouse avec les encouragements de Merzak Boudjemia, un jeune compositeur doué qui dirigeait, au Conservatoire municipal d’Alger, avant d’avoir sous sa baguette de maestro l’Orchestre de la télévision algérienne. Souhaitant perpétuer le legs de Cheikha Yamna Bent ElHadj Mehdi et Fadéla Dziria, Saloua subit une véritable mutation et assure avec brio la relève de ces divas du hawzi, devenant une grande dame de la chanson algérienne. Elle est également célèbre pour son duo avec le regretté Rabah Deriassa, pour son apparition remarqué au cinéma dans « Hassan Taxi » avec Rouiched ou encore pour ces titres comme « Kif Rayi Hamelni » et « Mazalni maâk ». Après une longue absence de la scène de nombreux hommage lui ont été rendu par le ministère de la Culture et par sa ville natale de Blida en plus d’avoir reçu la médaille de l’ordre du mérite national en 2017. Saloua a été inhumée vendredi au cimetière d’El Alia à Alger.

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