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UN RAPPORT DE L’ONU ET UNE ENQUÊTE DE LA BBC L’AFFIRMENT : Madrid et Rabat « coupables » du drame de Melilla

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Le ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, est attendu, par l’opinion et le parlement espagnole, à s’expliquer sur les violences meurtrières des services de sécurité de l’enclave espagnole, commises le 24 juin dernier, contre des migrants, mais aussi à rendre des comptes de la coordination avec leurs homologues marocains, pour le meurtre de plus de 37 migrants.

L’homme de confiance du premier ministre, Pedro Sanchez, est dans une situation difficile, avec le retour en force, non seulement dans l’actualité et la scène espagnoles, de sa responsabilité politique, dans le meurtre de migrants, mais aussi, dans les médias occidentaux, et de surcroît le rapport des experts des Nations unies, publié mardi dernier, dans lequel ils affirment la mort de 37 migrants et condamnent, lit-on, «  l’impunité dont jouissent les autorités marocaines et espagnoles », responsables du drame survenu, des deux côtés des barrières grillagées séparant l’enclave espagnole de Melilla du territoire marocain. La rapporteuse spéciale de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme et un groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine affirment que « des dizaines d’autres ont été blessés en raison d’un usage excessif et mortel de la force par les autorités marocaines et espagnoles », non sans dénoncer ces violences barbares de Madrid et de Rabat, à l’encontre des migrants irréguliers. Ces migrants, selon de nombreux rapports et témoignages d’associations et d’Ongs, dont espagnoles et marocaines, de défense des droits de l’Homme, avaient affirmé que les migrants « ont été violemment réprimés par les forces de police marocaine et espagnole ». Aussi la publication, mardi dernier, du rapport des experts de l’Onu, dans lequel il est clairement indiqué que la mort de plusieurs dizaines de migrants, lors de ce qui est communément appelé, depuis le 2 juin dernier, «  le drame de Melilla », a été causé par « l’usage excessif de la violence par les policiers espagnoles et marocains». La fuite en avant des responsables espagnoles et marocains, semble avoir atteint ses limites au regard de l’insistance, du côté espagnole, des députés, de l’opinion et des médias espagnols à définir les responsabilités, sur ce drame et que nul n’échappe à l’impunité pour que ces pratiques meurtrières ne se reproduisent pas. Quatre mois après le Drame de Melilla, les versions officielles de Madrid et de Rabat des faits sont remises en question, cette fois-ci par un rapport d’experts de l’Onu, qui n’ont pas manqué de condamné «  le manque de responsabilité des autorités marocaines et espagnoles » de ces violences lors desquels des dizaines de migrants ont trouvé la mort. Pour le journaliste Olivier Cyran, quelques jours après le drame de Melilla, il affirme : « Avec le mur de Ceuta, l’autre enclave espagnole au Maroc, celui de Melilla représente la seule frontière terrestre entre l’Europe et l’Afrique, raison pour laquelle c’est l’un des fronts les plus anciens et meurtriers de la politique européenne de guerre aux demandeurs d’asile et les migrants » avant de qualifié le drame de Melilla de « crime organisé à grande échelle et est mis en œuvre à la fois par la Guardia civile espagnole et la police marocaine ». Il est à rappeler que les autorités marocaines et espagnoles avaient indiqué que « les victimes ont trouvé la mort dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer » séparant l’enclave espagnole du territoire marocain. « Plusieurs migrants seraient morts dans l’enclave espagnole, (Melilla) avant que leurs corps ne soient amenés du côté marocain par des policiers du royaume ».
Si peu de temps après la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’images sur le drame de Melilla, montrant l’amoncellement de corps inertes gisant au sol, visages en souffrance, coups de matraque des forces de l’ordre marocaines sur des hommes déjà à terre… etc. le Premier ministre, Pedro Sanchez, ainsi que son homme de confiance, son ministre de l’Intérieur, Fernando Grande Marlaska, ont balayé d’un revers dans leurs déclarations respectives, la violence meurtrière des policiers espagnoles et de leurs homologues marocains, contre des migrants affaiblies, tentant de traverser le mur et le grillage des barbelés du Maroc vers l’Espagne, via l’enclave espagnole de Melilla, les deux hommes sont tenus, non seulement sur leurs déclarations mensongères, mais à rendre des comptes sur la teneur de la coopération bilatérale avec le Maroc en matière de lutte contre la migration irrégulière. Fernando Grande Marlaska qui, selon sa version , l’action de la garde civile, ainsi que de la police espagnole « a permis de contenir l’attitude violente » des migrants qu’il qualifie d’assaillants, grâce, avait-il ajouté, «  à l’emploi opportun et proportionné du matériel à leur disposition » ,sans manquer de « saluer la coopération et le travail accompli par les services de sécurité marocains », comme l’avait aussi dit son premier ministre, Pedro Sanchez. Ce qui est pour l’opinion espagnole et des députés espagnols, des déclarations sans surprise, du moment, ou lors de l’éclatement du scandale de l’affaire de l’espionnage par le Maroc, avec le logiciel israélien Pegasus, notamment de hauts responsables d’Espagne, parmi eux, le Premier ministre Pedro Sanchez et son ministre de l’Intérieur, Fernando Grande Marlaska. Celui-ci a réaffirmé, dans son intervention, à une radio espagnole, la stratégie du gouvernement, qui consiste à disculper le Royaume marocain, en toutes circonstances et a encensé les relations de Madrid avec le Maroc. Affirmant, à cette occasion, que les relations sont «absolument importantes et stratégiques entre Madrid et Rabat », il avait ajouté, en réponse à une question sur l’espionnage avec le logiciel israélien et la responsabilité du Royaume chérifien, que «nous sommes des voisins indéfectiblement fraternels et nous avons préservé, nous préservons et nous continuerons à préserver nos relations ». Au rapport accablant, les responsables espagnols et marocains, sur le drame de Melilla, la diffusion la semaine passée, par la BBC, de son enquête sur la mort des migrants, sous les coups des services de sécurité espagnols et marocains, a eu un impact, non seulement en Espagne et au Maroc, mais aussi sur la scène européenne et internationale. L’enquête de la BBC en Espagne s’est basée sur l’analyse de nombreuses vidéos du drame de Melilla, plusieurs interviews avec des migrants présents ce jour-là, des militants marocains et espagnols, ainsi que des visites au poste de frontière de Melilla avec le Maroc. Elle questionne l’usage de la force par les forces de l’ordre marocaines et espagnoles et le refoulement immédiat et violent de plus de 450 migrants vers le Maroc, qui ont, ensuite, « été battus par des garde-frontières marocains jusqu’à perdre connaissance » selon des témoignages rapportés par la BBC. L’AMDH, principale association indépendante de défense des droits de l’Homme au Maroc, citée par la BBC, affirme qu’il y a eu au moins 77 morts et disparus, lors du Drame de Melilla. Le membre de l’AMDH, Omar Naji affirme à la BBC s’être rendu à la morgue de la ville marocaine Nador, craignant une dissimulation de la part des autorités marocaines de corps «  il y a vu 15 corps allongés sur le sol » et qu’au cimetière local, il affirme avoir « vu 21 tombes fraîchement creusées et les autorités voulaient enterrer les corps pour éviter les enquêtes nécessaires pour déterminer les causes de la mort et sans identifier les corps des victimes » accuse-t-il. Aussi les personnes interrogées dans l’enquête de la BBC, affirment que « les autorités marocaines auraient notamment empêché les secours de porter assistance à de nombreuses personnes » citant, la mort d’un migrant  à bord d’un bus  les transportant vers des villes marocaines », par les autorités du royaume. La BBC affirme également que « plusieurs migrants dans l’enclave espagnole Melilla, avant que leurs corps soient ensuite ramenés, du côté du territoire du Maroc par des policiers marocains ».
Karima Bennour

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