Le sport féminin en Algérie, prospère durant la décennie 1990 – 2000, avec notamment les deux titres olympiques de Hassiba Boulmerka Barcelone/1992) et Nouria Benida-Merah (Sydney-2000), semble marquer le pas, même si aujourd’hui la gent féminine s’adonne beaucoup plus, du point de vue nombre, à la pratique sportive.
Après avoir enfanté de grandes championnes toutes disciplines confondues, à l’image de Boulmerka, Benida Merah, Azizi Yasmina et Baya Rahouli en athlétisme, Salima Souakri et Soraya Haddad en judo et Lamia Louali en karaté-koshiki, le sport féminin, tout comme le sport national, a connu une régression sur le plan des résultats. À l’opposé, le nombre des pratiquantes a sensiblement augmenté dans les différentes disciplines sportives, même dans les sports les plus masculins, comme le football et la boxe, où l’athlète femme n’a pas beaucoup à envier à son homologue masculin. En fait, les pouvoirs publics cherchent à donner une impulsion au sport, aussi bien chez les messieurs que chez les dames. « Je suis contre le sexisme dans le sport. Le sport appartient aux femmes et aux hommes, et doit les servir de la même manière. L’Algérie a toujours été fière de ses championnes », avait affirmé le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, lors du séminaire international sur le sport féminin organisé le 22 février à Alger par le Comité olympique et sportif algérien sous le signe de « l’olympisme et le sport au service de l’émancipation de la femme ».
Cependant, sur le terrain cet objectif n’est pas encore atteint, puisque malgré une évolution sensible ces dernières années, la pratique sportive féminine demeure bien faible comparativement à celle des hommes. Outre, le faible taux d’accès des femmes aux formations et aux métiers du sport, le sport féminin souffre d’un manque considérable de moyens et d’attention qui s’est répercuté sur le plan des résultats. Mais, le premier responsable du secteur ne voit pas les choses de cet œil, rappelant à titre d’exemple qu' »aux derniers Jeux méditerranéens-2013 de Mersin en Turquie, les femmes avaient récolté une belle moisson, soit la moitié des médailles obtenues par l’Algérie ».
Sport scolaire et sport féminin : indissociables
Pour la championne olympique du 1500 m à Barcelone (1992), la promotion du sport féminin passe par l’amélioration du sport scolaire, l’accès de la femme aux postes de responsabilité, et l’encouragement des activités « sport pour tous ». Le sport scolaire reste, cependant, le cheval de bataille des responsables du sport algérien. Beaucoup de spécialistes confirment que la meilleure manière de relancer et promouvoir le sport féminin (et le sport en général) doit passer par la pratique en milieu scolaire. Un autre défi de taille à relever est celui de la représentation des femmes dans les postes de responsabilité.
Elles sont, en effet, sous-représentées aux postes de responsabilité élective au sein des structures d’activités physiques et sportives et aux postes d’encadrement technique. Un manque que la tutelle veut combler par le biais de la nouvelle réglementation, comme l’a indiqué M. Tahmi. »La nouvelle loi du sport et les nouveaux textes la régissant font obligation aux fédérations sportives d’avoir en leur sein une représentativité féminine. C’est une décision du gouvernement qui démontre l’intérêt et l’importance qu’accordent les autorités du pays à la place prépondérante que doit avoir la femme algérienne dans la société, en général, et dans le domaine du sport, en particulier », a t-il dit. Le décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014 relatif aux Fédération sportives, stipule en son article 18 : « la Fédération sportive nationale doit prévoir la représentation féminine dans ses statuts ». Pour le président du comité olympique et sportif algérien, Mustapha Berraf » il est temps de mettre en úuvre une stratégie, ainsi qu’un plan d’action afin d’assurer la participation pleine et entière des femmes dans le sport, dans les structures dirigeants et techniques, en particulier les postes de responsabilité ». Dans ce sens, Hassiba Boulmerka a indiqué » Je souhaite aujourd’hui, qu’avec la panoplie juridique et réglementaire en vigueur, la représentation féminine au sein des structures sportives nationales devienne plus équitable et plus représentative de la société ». En dépit des difficultés, la femme algérienne a prouvé tout son talent et a su marquer de son empreinte le sport national.
Avec une meilleure prise en charge et des moyens à la hauteur de ses ambitions, elle réussira, certainement, estiment les spécialistes, à hisser haut l’emblème national, comme l’ont fait dans un passé récent les gloires du sport féminin algérien.