Dans la wilaya d’Aïn Témouchent, connaître les vraies raisons qui ont poussé des milliers de petits métiers qualifiés à fuir les entreprises du BTPH ainsi que l’agriculture est la moitié de la réponse qu’il faut rechercher pour élucider l’autre moitié. Mais parmi ces raisons réside la part des hauts responsables dûment habilités qui n’ont pas fait un suivi rigoureux permettant à la limite d’introduire des mécanismes à même d’anéantir l’hémorragie lorsque elle était à ses début en 2009-2010. Les observateurs qui détenaient des statistiques à leur niveau ne faisaient pas profiter l’Office national des statistiques (ONS) qui attendait en retour les informations. On a parlé des comptoirs qu’il fallait créer au niveau de chaque wilaya et qu’on devait rattacher à cet organisme. À Aïn Témouchent, il était question de créer un guichet unique où atterrissent toutes les informations en rapport avec le chômage et l’emploi en vue de connaître les évolutions de l’un et de l’autre afin de ne pas être inondés par des informations souvent contradictoires, quand il s’agit de parler du taux de chômage, de son recul et les moyens qu’il fallait développer dans un cadre général permettant aux courbes de suivre des tendances ascendantes, pour la création d’emploi et descendantes pour la résorption du chômage. Les jeunes, faute d’une prise en charge effective par une caisse de chômage, le temps de les réorienter vers d’autres opérateurs, se sont reconvertis dans d’autres domaines d’activités. Ouvrons une parenthèse et rappelons à qui veut se rappeler, qu’en 2011, la quasi-totalité des jeunes des localités d’Ouled Boudjemaâ, M’Saïd, Sidi Ben Adda et Terga avaient regagné la mégapole industriel qui, selon des responsables de l’époque, pas moins de 8000 à 10 000 jeunes auraient été embauchés. Qui parmi les plus qualifier aurait raté cette occasion et demeuré travailler dans le bâtiment sans bénéficier d’un salaire décent et un poste stable avec tous les avantages socioprofessionnels ? La réponse est connue d’avance par tous. Et si l’on se réfère aux données statistiques de l’Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), on compte parmi «les 30.000 entreprises exerçant dans les secteurs du BTPH, un taux de de 30% œuvrant dans l’informel» pendant que « 50% des ouvriers des dits secteurs, qui emploient plus de 100 000 travailleurs, travaillent au noir». L’expansion phénoménale de l’informel dans ces secteurs est due notamment à la hausse des taux des charges fiscales et parafiscales, qui ont entraîné également « la fermeture de plus de 600 entreprises du BTPH entre 2010 et 2011. À Aïn Témouchent ce n’est pas uniquement ça qui est à l’origine de la fermeture de plusieurs entreprises dans le domaine du BTPH. Les jeunes sociétés, qui devaient être retenues selon la formule dite des 20% de travaux à leur consacrer de chaque marché ont été déçues de certaines pratiques qui les ont carrément écartées de la course au niveau de plusieurs secteurs économiques et pendant une longue période. Ils ont fini par jeter le tablier, laissant derrière eux des dettes auprès des impôts et des dispositifs d’insertion. Ils ont tapé à toutes les portes en vue d’obtenir «un allègement de la taxe sur l’activité professionnelle (TAP), une révision à la baisse de l’impôt sur le revenu global (IRG) et de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), qualifiés de lourds».
Est-ce les seules causes qui ont induit cette situation ? La question est bien placée dans son cadre et suscite un intérêt particulier et une préoccupation avérée qui pousse, tout témoin, à faire des investigations approfondies. Et ce qui n’a pas été dit par l’Agea dans ce contexte précis est le manque de plan de charge conséquent des entreprises du BTPH, un préalable déterminant à même de vouloir pérenniser la main d’œuvre. C’est un des facteurs parmi tant d’autres poussant les nouvelles recrues à claquer la porte et jeter l’éponge dans l’espoir de trouver mieux ailleurs.
Boualem Belhadri