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Salles de cinéma : Un sérieux écueil à la relance du septième art

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Fermées ou détournées de leur vocation, les salles de cinéma que compte Alger se sont vu, au fil des années, réduites à des espaces de projection de films en DVD, de diffusion de matchs de football, quand elles ne servent pas à accueillir de petites cérémonies et autres spectacles pour enfants.

Vétustes ou carrément fermées, elles sont pourtant une trentaine, ces salles de cinéma à Alger que les professionnels jugent « potentiellement récupérables ». »El Hilal » (ex Le triomphe) « El Hayet » (ex Midi-Minuit) ou encore « Chihab » (Olympia), toutes situées sur les grandes artères algéroises, accusent un état de délabrement avancé et ne survivent que grâce à la projection de DVD. Le quartier populaire le plus célèbre d’Alger, Bab el Oued, affiche le constat le plus accablant avec des salles exposées à l’usure du temps, comme « Le Maghreb » (ex Marignan) ou « Le Variété », dans un quartier qui comptait onze salles à lui seul. Bien que restaurées par la commune d’Alger-centre, les salles comme « Echabbab » (ex Casino), « L’Algeria », « Et’Takafa »(ABC) et « El Khayam », « Le Débussy » anciennement, se limitent à la projection de DVD, quelquefois à présenter des spectacles pour enfants, alors que la salle « Afrique » (Sidi M’hammed), dont l’ouverture après réfection était prévue pour juin 2012, reste toujours fermée. Le président de l’APC, Naceredine Zinasseni, dit attendre un « distributeur sérieux pour son exploitation » tout en estimant « impérative » la collaboration des communes avec des professionnels du cinéma, dans la gestion des salles. A Kouba, El Harrach ou Bab El Oued, des salles de cinéma ont été, tout simplement, transformées en locaux administratifs ou en de dépôts pour les archives. Refusant de céder devant cette situation de fait, les quelques distributeurs ou organisateurs d’événements cinématographiques sont, eux, contraints de se rabattent sur les salles conçues pour le spectacle. Il en est ainsi de la salle Ibn Khaldoun qui abrite depuis plus d’une année les sorties du cinéma mondial, alors que la salle El Mouggar accueille les deux seuls événements cinématographiques de la capitale, le Festival international du cinéma d’Alger (Fica) et les Journées cinématographiques d’Alger (Jca).

Multiplexes et/ou réhabilitation comme solution
L’Algérie comptait 432 salles de cinéma, en 1962. A cette époque, il se vendait annuellement « 30 millions de tickets pour une population de 9 millions d’habitants », rappelle Boukhalfa Amazit, scénariste et ancien membre du Fdatic (Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie du cinéma. Mais, depuis les années 1980, la gestion des salles relève des collectivités locales dont plusieurs APC en ont cédé l’exploitation au privé.
Ce premier acte qui a signé le détournement des salles de cinéma de leur vocation, s’est aggravé par la désertion des cinéphiles, durant les années de terrorisme et le tarissement des recettes: un processus qu’incriminent les professionnels du cinéma, indignés de la détérioration « accélérée » des salles sombres. Avec juste quelque 80 salles opérationnelles, le « principal handicap » à la distribution et à la « relance » de la production de films, aujourd’hui, reste l’absence de salles et un équipement de projection dépassé », s’accordent à dire ces professionnels.
L’actuel parc de salles étant « obsolète », certains professionnels dont le distributeur Malik Ali Yahia et le critique Ahmed Bedjaoui, plaident depuis plus d’une décennie pour l’option « multiplexes » et des salles mises aux « normes internationales ». Cet avis est partagé par de nombreux cinéastes pour qui l’existence de ces infrastructures pourrait « contribuer à relancer la culture du cinéma » en Algérie » et au retour du public dans les salles, grâce à des conditions d’accueil et de projection optimales.
Boukhalfa Amazit qui défend une vision plus globale est d’avis que la réhabilitation et l’exploitation des salles devrait « aller de pair » avec l’ouverture de multiplexes et de « salles de proximité dans les nouvelles cités », en partenariat avec le secteur privé. Cependant, l’implication du privé ne peut réussir, selon lui, qu’une fois que les pouvoirs publics auront « prouvé » que la culture est un créneau « rentable », en encourageant, entre autres, exploitants de salles et distributeurs de films à s’installer à travers des appels d’offre et des cahiers de charge « stricts », insiste-t-il.
Le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, avait annoncé en septembre dernier un « plan d’aménagement des salles de cinéma » qui devraient être gérées à l’avenir par l’Office national de la culture et de l’information (Onci), a-t-il dit sans plus de détails sur le contenu de ce plan et les salles concernées. Des élus de communes, dont Alger-Centre et Sidi Mhammed, qui ont engagé des budgets « considérables » dans la réhabilitation des salles, ainsi qu’il l’affirment, préfèrent, « conserver » la gestion des salles réhabilitées et les « exploiter en partenariat avec des professionnels » du cinéma, proposent-ils. Pour leur part, des gestionnaires privés -dont certains en charge de ces salles depuis près de 30 ans- privilégient la « collaboration avec des distributeurs », afin de sauver de la déshérence, assurent-ils, des salles de cinéma qui n’ont désormais d’existence que par le souvenir qu’entretiennent les cinéphiles de plus de cinquante ans.

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