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SAID AYACHI, PRÉSIDENT DU CNASPS : « C’est la deuxième grande trahison après les funestes accords de Madrid de 1975 »

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«Indigne, grave, dangereuse, voire irresponsable». C’est ainsi que Saïd Ayachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, a caractérisé la décision du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, qui s’aligne sur la politique coloniale du Maroc au Sahara occidental. Dans l’entretien qu’il a accordé, hier, à la chaîne 3 de la Radio nationale, il explique pourquoi il qualifie ainsi le revirement du gouvernement espagnol sur la question du Sahara occidental.
«Décision indigne», commence-t-il, parce que c’est « une deuxième grande trahison pour le peuple sahraoui, après les funestes accords de Madrid de novembre 1975» (qui ont ouvert la voie à l’invasion du Sahara occidental par le Maroc), heureusement, dit-il, qu’il y a le peuple espagnol qui est majoritairement, de façon écrasante, solidaire avec le peuple sahraoui. C’est une décision grave, poursuit-il, parce qu’elle vient faire perdurer l’instabilité et l’insécurité dans la région ; une décision irresponsable, aussi, parce qu’au regard de ses retombées du fait qu’elle rend encore plus complexe le dossier sahraoui et les paramètres dans la région; enfin, conclut-il, décision irresponsable, parce que ce n’est pas dans l’intérêt du gouvernement espagnol qui doit contribuer à la paix dans la région et avoir de bonnes relations avec les pays de la région. Saïd Ayachi fait observer que la lettre de Pedro Sanchez au roi du Maroc n’était pas destinée à être rendue publique, et elle a été diffusée par le Makhzen. Maintenant, ajoute-t-il, l’Algérie est en droit de revoir son partenariat, notamment gazier, avec l’Espagne.
Pour tenter de décrypter cette décision surprenante, Saïd Ayachi, pense que le gouvernement espagnol a eu un calcul simpliste: d’abord s’assurer l’approvisionnement en gaz algérien, en plus de contrats juteux obtenus en Algérie par des entreprises espagnoles, et, ensuite, croire se mettre en sécurité du côté du Maroc qui lui fait du chantage avec l’émigration clandestine, le terrorisme, la drogue. Il cite également le lobby économique espagnol avec ses intérêts au Maroc et au Sahara occidental, qui peut faire pression sur son gouvernement. Enfin, parmi les causes probables de ce revirement, « il y a une partie de  la classe politique espagnole qui est corrompue par le régime marocain et qui est aux ordres du Makhzen ». Said Ayachi rappelle que « l’Espagne était jusque- là toujours en faveur du droit international et l’autodétermination du peuple sahraoui ». Il estime que sur une question de décolonisation inscrite aux Nations unies, son règlement est basé fondamentalement sur la tenue du référendum d’autodétermination au Sahara occidental, d’où « la détermination du peuple sahraoui à lutter pour son indépendance » et que « le revirement du gouvernement espagnol ne change pas grand-chose ». Poursuivant il ajoute que la décision en question de Madrid «  déclasse l’Espagne au regard de la communauté internationale en la plaçant dans le camp de l’illégalité concernant la question sahraouie », fait-il remarquer. Saïd Ayachi fait, toutefois, savoir que la décision du gouvernement espagnol n’est pas partagée par l’opinion publique dans ce pays, ni par la plupart des ONG, ni par une partie de la classe politique et des parlementaires, et il en donne pour preuve le fait que la gauche radicale qui fait partie du gouvernement, a déclaré qu’elle s’opposait à l’alignement sur les thèses coloniales marocaines, qu’elle qualifie de décision scandaleuse.
Il souligne la fragilité du gouvernement espagnol qui l’a amené à céder au chantage marocain. Il y a, à n’en pas douter, dit-il, l’interférence de l’entité sioniste et, aussi, la tutelle pressante de la France sur le gouvernement espagnol. Il y a, résume-t-il, des facteurs exogènes, y compris en relation avec la crise ukrainienne, qui ont contribué au revirement du gouvernement espagnol sur la question sahraouie. En fait, en Espagne, en France ou ailleurs dans les pays occidentaux, les gouvernements n’ont jamais perdu leur réflexe colonialiste à l’égard des pays du Sud, et c’est ce qui, fondamentalement, explique leurs positions dans les questions internationales.
M’hamed Rebah

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