Le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Sami Agli, a adopté des positions plutôt « surprenantes» à l’égard des dossiers lourds, dans lesquels le gouvernement s’est engagé, notamment la question de la révision de la loi sur les hydrocarbures, l’impôt sur la fortune et les élections présidentielles du 12 décembre prochain.
S’exprimant, lors d’un point de presse, animé hier en marge de l’Université d’été de l’organisation patronale, Agli s’est interrogé sur les raisons ayant poussé le gouvernement à ouvrir le chantier de la révision de la loi sur les hydrocarbures, alors que le pays traverse une période délicate. « Je pense que ce n’est pas le moment opportun pour traiter cette question. Il n’y a pas urgence de réviser cette loi », a déclaré le président du FCE, en notant que son organisation « n’a pas reçu la mouture du projet de loi sur les hydrocarbures ».
Interrogé, d’autre part, sur la position du FCE quant aux élections du 12 décembre prochain, l’intervenant a assuré que l’organisation est « apolitique ».
«Je vous confirme que nous sommes apolitiques», a lancé Agli, avant de rappeler, toutefois, que « chaque membre du FCE a le droit d’avoir une position personnelle ». « Le Forum des chefs d’entreprise ne prendra aucune position. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes tous des citoyens algériens», a-t-il expliqué, avant de relever que «chaque membre du Forum est libre de choisir son candidat ».
Répondant, par ailleurs, sur une question de la non-participation des membres du gouvernement à cette université d’été, comme ce fut le cas avant le début du Mouvement populaire et pacifique, le conférencier a indiqué que le FCE «n’a pas jugé utile d’associer le gouvernement à ces rencontres». Néanmoins, Agli a assuré que cette organisation reste une «force de proposition», puisqu’elle demeure un «partenaire» des pouvoirs publics. Plus loin, rappelant que le slogan retenu pour cette année est «Ensemble», Agli a, par conséquent, précisé que «ce rendez-vous a été consacré aux patrons eux-mêmes pour trouver des solutions et des propositions aux problèmes économiques du pays ».
ISF : «On est pour le partage, mais…»
Au sujet de la réflexion engagée par le gouvernement en vue d’introduire une taxe sur la fortune dans le texte de la loi de Finances 2020, le patron des patrons a précisé que «le principe de recourir à chaque fois à la hausse des taxes est un message négatif pour l’économie». Malgré ce, il a assuré que les membres du FCE sont «pour le partage». «Vous imaginez qu’il y a des entreprises qui n’arrivent même pas à payer leur ; salariés et on leur parle d’une nouvelle taxe», a-t-il regretté, en soutenant toutefois l’approche de : «Celui qui gagne plus doit payer plus ».
En ce qui concerne la planche à billets, le successeur d’Ali Haddad a déploré le fait que le « gouvernement ait adopté ce mode de financement, synonyme d’inflation».
«Dans les autres pays, la décision de recourir à ce mode de financements est prise par le Conseil de la monnaie et du crédit qui est censé être indépendant, or qu’en Algérie la décision était politique», a encore déploré le patron.
Pour ce qui est de la position du FCE quant à la suppression de la loi 49/51, le président de l’organisation a rappelé que « depuis 2009, le FCE a plaidé pour la suppression de celle-ci ». Et pour cause, « l’État n’est pas censé avoir les prérogatives de s’emmêler aux relations entre des partenaires économiques étrangers ou nationaux». «On doit faire un bilan de cette règle. C’est sûr, il faut se protéger économiquement, mais nous n’avons pas d’informations par rapport à ce qu’ils appellent secteurs stratégiques », a-t-il encore argumenté. Interrogé sur la situation financière du FCE, l’intervenant n’a communiqué aucun chiffre, considérant qu’un bilan est en train d’être établi.
« Je n’ai pas les chiffres, mais il est clair que l’économie va mal. Il suffit de voir le nombre d’entreprises en difficultés dans le secteur du BTPH », a-t-il alerté.
Lamia Boufassa