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Rachid Halet, député et membre du présidium du FFS : «On ne remet pas en cause les institutions élues»

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Rencontré, avant-hier, au siège de son parti, Rachid Halet est revenu dans cet entretien sur les questions d’actualité nationale, et en particulier sur l’initiative de la Conférence nationale du consensus (CNC), initiée par son parti.

Le Courrier d’Algérie : -Cinq mois se sont écoulés depuis le lancement de votre Conférence du consensus, où en est-elle aujourd’hui?
-Je pense que tout le monde focalise sur l’échec de l’initiative du FFS, ce qui va vite en besogne, car, nous sommes convaincus d’être sur la bonne direction. Ce n’est pas parce que la démarche connait des difficultés qu’elle est compromise. Car, il faudrait savoir que les propositions et les contre-oppositions des uns et des autres, caractérisent souvent ce type de démarche, ce qui est habituel. Car, il ne s’agit pas d’une évolution linéaire. Il y a des moments de pause, des malentendus, des incompréhensions et parfois même des conditions. Cela se justifie par le fait que les partenaires, et notamment les formations politiques, sont des associés rivaux, n’empêche cela reste pour nous positif. C’est pour cela que j’estime que les chances de réussir la CNC demeurent intactes, car, les différentes positions montrent, à contrario, tout l’intérêt politique que portent nos partenaires à cette initiative. Ce même intérêt ne se dément pas non plus du côté de la population. Faut-il rappeler que notre action s’est déclinée sur deux versants, en direction des citoyens d’un côté, et à l’adresse des organisations et personnalités nationales de l’autre. Donc, l’intérêt est soutenu de part et d’autre.

-Justement, les partis politiques au pouvoir (FLN, RND…) ont affiché une certaine hostilité vis-à-vis de votre projet…
-Nous avons toujours dit que nous avons assumé un rôle difficile, parce que nous sommes à la fois, acteur politique à part entière, et au même temps des facilitateurs. J’ai l’impression que le FLN veut engager, avant même la tenue de la première session de la Conférence, un débat politique sur un certain nombre de questions. Pour des raisons d’organisation et d’efficacité, vu que nous avons rencontré plus de soixante acteurs, nous avons adopté certains modes d’organisation. Nous avons dit que cette session serait consacrée à l’exposition des différents points de vue. Et c’est à son issue que devrait commencer le bilan des convergences et des divergences. Et à partir de là, essayer de construire la matrice du consensus avec les différents acteurs. Déjà, durant cette préparation, nous avons toujours dit que tout acteur qui souhaitait s’impliquer d’une façon ou d’une autre, était le bienvenu. Disant que, nous ne sommes pas dans le même ton politique (avec les partis du pouvoir, Ndlr). En tout cas, s’agissant de cette conférence, nous pensons que le débat politique proprement dit, même si le Conseil national du FFS a déjà répondu à certains questionnements et interrogations, devait démarrer du jour où nous pensons avoir fini notre rôle de participateur où nous investirons en tant qu’acteur politique. D’autre part, nous disons qu’au vu du contexte et de certaines réalités nationales, notre initiative était quelque part intéressée des domaines qui dépassent «les objectifs purement partisans», et c’est surtout l’intérêt suprême du pays, à travers son devenir, sa cohésion, son unité, et ses intérêts nationaux, qui devait être questionné. Cela étant, nous ne sommes inscrits dans aucune compétition, ni pour le pouvoir, ni de personnes, ni encore partisane. En fait, sur le plan pratique, ce qui démontre d’ailleurs « l’inanité » de ceux qui pensent que cette initiative a vécu, nous avons quand même des délégués à une échelle très représentative. Il s’agit de membres du bureau politique du FLN notamment, qui sont dégagé par ce parti pour continuer d’avancer dans la démarche. Dès le départ, lorsque l’initiative est lancée, nous avons dit que nous prendrions tout le temps nécessaire, et d’essayer de tirer les leçons des tentatives passées, échouées à cause d’un vice de forme sur la méthode, ce qui n’a pas permis d’avancer. Donc, nous avons pensé que la méthode est une condition essentielle. Nous sommes convaincus de la démarche, qui reste avant tout une affaire de conviction. L’analyse exhaustive de la situation nous a dicté que nous allons dans la bonne direction, et nous sommes déterminés à poursuivre notre action en ce sens.

-La révision de la Constitution semble être la seule initiative à laquelle tiennent ces partis, votre Conférence ne risque-t-elle pas d’y être noyée ?
-Non, notre initiative est autonome. Elle est issue d’une réflexion qui remonte à au moins le 5e congrès du FFS. Regardez combien la situation économique et sociale peut peser sur le processus politique. Il n y’a qu’à regarder nos voisins de l’Est pour voir que les avancées politiques doivent être consolidées par des stabilisations, en termes économiques, sociaux et culturels. Je crois que le consensus national est quelque chose d’extrêmement important. C’est vrai qu’un consensus sur la Constitution est un point fondamental de ce consensus, mais il ne serait s’y résumer, car, la recherche du consensus ne peut pas se limiter à quelques procédures de consultation formelles, mais, il faut surtout en réunir les conditions, celles d’un vrai débat. La Constitution ne concerne pas que les responsables politiques, et les juristes, elle concerne l’ensemble des Algériennes et des Algériens.

-Le gouvernement projette une nouvelle politique énergétique, qui s’est traduite par le recours à l’exploitation du gaz de schiste. Votre parti s’inscrit-il dans la même vision ?
-Non, je vous rappelle que dans les suites du 5e congrès de notre parti pour préparer la CNC, nous avons tenu une convention nationale sur l’énergie, où il y avait beaucoup d’acteurs politiques, des cadres de très haut niveau, actuels et anciens à la Sonatrach. Quel que soit l’importance d’une question nationale, elle ne peut s’y résumer à la CNC. Nous avons dit que le problème de la question de l’énergie est avant tout global, il s’agit de la transition énergétique. Le gaz de schiste est, en effet, une des facettes de la question. À travers cette rencontre, nous avons émis des recommandations politiques, telle que la création d’un Observatoire indépendant qui serait un organe consultatif, et lancement d’un débat national sur la question qui intégrerait d’une façon quasi-obligatoire les habitants des régions concernées par les forages d’hydrocarbures, et qui, d’une façon générale, intéressent tous les citoyens algériens. Au même temps, il faudrait mener un dialogue qui impliquerait les élus, les experts et les membres de l’État chargés de la question. Sur la question du gaz non conventionnel, je dirais que les voix du dialogue ne sont pas encore épuisées. À mon avis, personne ne travaille de façon sérieuse pour qu’un tel dialogue s’installe, que ce soit du côté des pouvoirs publics, ou à l’échelle locale (Sud, Ndlr). Il faudrait qu’il y’ait de vrais représentants de la population, il y’en a certes, mais ils doivent gagner en légitimité. Quant aux autorités, il n’est jamais trop tard pour qu’elles fassent la lumière autour de cette question, et ne surtout pas essayer d’emblée, d’imposer une décision. La coercition pourrait avoir un impact positif à court terme, mais aura à coup sûr, des difficultés dans le long terme. L’exploitation du gaz de schiste requiert un dialogue est beaucoup d’informations pour forger une conviction. Nous devons entendre tout le monde, les experts et tous les acteurs impliqués. Il s’agit d’interroger et d’explorer les défis énergétiques du pays qui engagent l’avenir des générations futures.

-Les initiatives émanant de partis politiques foisonnent la scène nationale. Quelle place accorde-t-on à votre CNC ?
-La liberté d’expression et d’organisation, et l’action des partis politiques est, pour moi, une question de principe. Donc, concernant notre initiative, laissons là d’abord vivre, après, « Inchallah », elle va converger vers le haut. Ne tirons pas les choses vers le bas. Nous demeurons optimistes pour que tout le monde s’aligne dans la recherche de la bonne direction, pour aller vers la reconstruction du consensus national. C’est à la fois une conviction et une option de raison, parce que, de mon point de vue, il n y a pas vraiment d’alternative viable et durable à cette direction là (CNC, Ndlr), qui aurait un coup politique et socioéconomique très lourd.

-Les partis du pouvoir semblent ne pas été rassurés par votre parti, quant au respect de la légitimité des institutions élues. Quelle réponse donneriez-vous à vos partenaires ?
-Des réponses politiques ont été déjà données par notre parti. La Conférence n’était pas une initiative partisane et elle se voulait pacifique. S’agissant de la légitimité des institutions élues, nous avons dit qu’elle s’inscrit au-delà des mandats institutionnels actuels. Cela étant dit, toutes les assemblées et les élections qui ont eu lieu ne seront pas remises en cause et ne seront pas touchées. Nous ne pensons pas que revendiquer, à titre d’exemple, une élection présidentielle anticipée serait un plus pour la recherche d’un consensus.

-Vous estimez qu’il serait impératif de faire participer les partis du pouvoir à cette Conférence. Quid de la participation des formations politiques de l’opposition ?
-Vous faites une lecture erronée de notre initiative…

Mohamed Nebbou, premier secrétaire de votre parti, l’a déclaré auparavant…
Je ne sais pas plus exactement ce que Nebbou a déclaré, à quel moment, mais les textes officiels du parti sont claires et indiquent que notre parti voudrait associer toutes les formations politiques qu’elles soient du pouvoir ou de ce que l’on dénomme l’opposition, en plus des personnalités et des organisations de la société civile. Nous souhaitons la participation des partis au pouvoir, comme on souhaite la participation de tous les autres partis qui activent sur la scène politique.

-Et s’il s’avère que l’une de ces parties serait absente à cette CNC ?
-Écoutez… quand bien même la Conférence nationale dU consensus réunirait l’ensemble des participants, cela ne veut pas dire que les choses seraient résolues en un jour. Il faut voir cette recherche de consensus comme une dynamique globale de rassemblement patriotique. La rencontre est un moyen de fixer un certain nombre d’objectifs, de normes qui permettent de faire encore des pas en avant. Certes, nous ne pourrons pas aborder toutes les questions, mais celles relatives à l’énergie, les finances et la monnaie…feront l’objet d’un débat. Et puis, nous allons aborder les questions en fonction du degré de priorité et selon les propositions émanant des participants. La question de la condition féminine que nous avons organisé, aujourd’hui (avant-hier, Ndlr) pourrait figurer aussi dans la CNC.

-Une répression s’est abattue sur l’opposition lors de sa manifestation du 24 février dernier. Les protestants anti-gaz de schiste de In Salah ont connu le même sort. Quelle est la réaction de votre parti ?
-D’une façon générale, nous dénoncons et rejetons toute répression qui s’abattrait sur des manifestants pacifiques. Le droit à la manifestation pacifique fait partie des droits civiques et publics. Dans notre esprit, que ce soit à In Salah, où ailleurs, le FFS se bat depuis 50 ans pour ce droit là. Donc, nous sommes toujours loyaux envers nos engagements premiers. Cela ne veut pas dire que je partage forcément les idées de l’opposition, mais le droit à la manifestation pacifique doit être consacré sur le terrain, pas uniquement dans les textes.
Entretien réalisé par Farid Guellil

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