Le président américain a tancé les démocrates mardi sur Twitter, estimant que la procédure de destitution vise à «prendre le pouvoir au peuple». Donald Trump ne décolère pas.
Sur Twitter, le président américain a dénoncé mardi 1er octobre un «coup d’État», après avoir qualifié la procédure de destitution lancée à son encontre de « chasse aux sorcières». «J’en arrive à la conclusion que ce qui est en train de se passer n’est pas un impeachment, c’est un coup d’État, visant à prendre le pouvoir du peuple, son vote, ses libertés, son deuxième amendement [de la Constitution], sa religion, son armée, son mur à la frontière et les droits qui lui ont été donnés par Dieu en tant que citoyen des États-Unis d’Amérique !», a-t-il tempêté dans un tweet. Les démocrates ont ouvert il y a une semaine une enquête contre Donald Trump en vue d’une destitution. Ils reprochent au milliardaire républicain d’avoir demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d’une conversation téléphonique il y a deux mois, d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour porter les couleurs démocrates en 2020. Signe de son extrême inquiétude, Donald Trump était allé jusqu’à suggérer lundi de faire «arrêter» pour « trahison» Adam Schiff, élu démocrate du Congrès qui supervise l’enquête sur les pressions exercées sur M. Zelensky.
«Peu faisable»
Mardi, la défense s’organisait autour de Donald Trump, son chef de la diplomatie et son avocat personnel refusant le calendrier que tentent de leur imposer les élus démocrates du Congrès. En réponse aux injonctions envoyées vendredi par les parlementaires démocrates, le secrétaire d’État Mike Pompeo a en effet jugé « pas faisable» que le Congrès commence dès mercredi à entendre cinq diplomates susceptibles de leur fournir des informations sur le scandale ukrainien. Le secrétaire d’État, qui fait lui-même l’objet d’une injonction formelle de trois commissions du Congrès pour leur livrer des documents nécessaires à leur enquête, s’exprimait dans une lettre virulente adressée à la Chambre des représentants, sans toutefois refuser clairement de se soumettre un jour à leur demande. Considéré comme un des membres les plus influents de l’administration de Donald Trump, Mike Pompeo faisait partie des personnes ayant écouté l’appel avec M. Zelensky. L’un des cinq diplomates, Kurt Volker, l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Ukraine, a démissionné vendredi. Les quatre autres sont l’ancienne ambassadrice des États-Unis à Kiev Marie Yovanovitch, le secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires européennes George Kent, l’ambassadeur auprès de l’Union européenne Gordon Sondland et un conseiller de M. Pompeo au département d’État, Ulrich Brechbuhl. Les injonctions qui les concernent « ne peuvent qu’être comprises comme une tentative d’intimider, de harceler et de maltraiter les éminents professionnels du département d’État», estime M. Pompeo dans sa lettre.
M. Pompeo «devrait immédiatement cesser d’intimider les témoins du département d’État pour se protéger et protéger le président», ont répliqué les présidents des commissions des Affaires étrangères, du Renseignement et de Supervision de l’exécutif. Prévenant que le chef de la diplomatie était « maintenant un témoin direct dans l’enquête», les représentants démocrates Eliot Engel, Adam Schiff et Elijah Cummings ont ajouté que tout effort destiné à empêcher des témoins de parler aux élus était «illégal et constituera[it] une preuve d’entrave à l’enquête de destitution». Sommé lui aussi de livrer des documents au Congrès, l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a tweeté lundi soir que l’injonction des élus démocrates soulevait « de graves questions en termes de légitimité et de constitutionnalité».
«Protéger» le lanceur d’alerte
Donald Trump assure que son échange téléphonique estival avec Volodymyr Zelensky n’avait rien de répréhensible. Pourtant, les soupçons d’une utilisation par le président américain de la puissance de la diplomatie américaine à des fins politiques personnelles se multiplient. Selon le New York Times, Donald Trump a, lors d’un récent échange téléphonique, demandé au Premier ministre australien d’aider son ministre de la Justice Bill Barr à rassembler des éléments dans le but de discréditer l’enquête Mueller sur l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016. Comme lors de l’échange ukrainien controversé, la Maison-Blanche aurait – démarche rare – limité l’accès à la transcription de cet appel à un tout petit groupe de personnes.
Parmi les transcriptions classées top secret figure en outre celle d’une rencontre, en mai 2017 à la Maison-Blanche, entre Donald Trump et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, au cours de laquelle le président américain aurait déclaré que l’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016 ne l’inquiétait nullement, selon le Washington Post. Donald Trump veut connaître l’identité du lanceur d’alerte qui l’a accusé d’avoir sollicité l’ingérence de l’Ukraine dans l’élection de 2020. Mais plusieurs élus, démocrates comme républicains, l’ont mis en garde contre toute tentative de menace sur cette personne, qui serait un analyste de la CIA. «Cette personne semble avoir respecté toutes les lois de protection des lanceurs d’alerte et elle doit être écoutée et protégée», a souligné l’influent sénateur républicain Chuck Grassley.