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Sport algérien : l’heure du déballage, des règlements de comptes et des explications

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Sport algérien : l’heure du déballage, des règlements de comptes et des explications. L’été des Z’amours. On s’aime beaucoup dans le sport algérien. Normal que l’on châtie aussi bien. Que l’on se tire, à tout-va, dans les (excusez l’expression) les pattes, étant entendu que, et comme toujours, chacun lavant plus blanc que l’autre. Du moment que, on le devine, et c’est une règle, voire une seconde nature, personne n’a rien à se reprocher. N’est responsable de rien. En attendant d’autres «défis» à relever. D’autres J.O à (dés) honorer. De préférence à préparer à la dernière minute.

Par Azouaou Aghilès

En mettant les moyens qu’il faut (sur ce plan précis, il n’y a jamais rien à redire, l’Etat, dans son immense générosité, regardant rarement sur les dépenses, avec la précision impardonnable que les comptes, et donc les justifications suivant les résultats, de préférence médiocres, s’ils ne sont pas catastrophiques et interpellent les consciences, peuvent attendre et ne viendront, comme toujours jamais) au grand bonheur des opportunistes et autres tire-au flanc bien servis par leurs fonctions et ne ratant aucune occasion pour puiser dans le porte-monnaie public (on ne dira plus le contribuable qui a appris, bon an mal an à faire le dos rond et ne rien espérer du tout) et donner plus de sens au génie populaire qui veut que la quasi-majorité de nos fédérations spécialisées ont la fameuse tendance (une étiquette méritée, entre nous et donc loin d’être volée) à transformer les structures dont ils ont la charge durant un mandat olympique des plus agités (l’heure des grands changements semble avoir sonné et devrait emporter dans ses eaux en furie bien des noms et convictions imposées par la force d’un amateurisme destructeur ajouté au bricolage qu’il sous-tend), en agences de tourisme dont tout le monde peut profiter sauf l’élément moteur, l’athlète jeté en pâture à l’opinion une fois le terrain chargé d’en renvoyer des réalités peu amères. Jamais bonnes à rappeler.
Les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro ont vécu. Viennent de prendre fin. Sur un constat sans appel. Le même verdict rendu depuis déjà quelques olympiades, d’Athènes à la capitale brésilienne en passant par les éditions, chinoise (Pékin 2008) et londonienne (2012), soit les quatre dernières manifestations majeures du sport universel en date, il aura plané sur les participations algériennes un air de déjà-vu.
Un air (allons de droit au but) de scandale(s). Au pluriel. A répétition, les acteurs les plus en vue, ceux sévissant de l’autre côté de la barrière, sur le banc ou derrière des fauteuils douillets de leurs agences tous risques, tirant à n’en plus finir, imparablement, la couverture à eux.
Sans … risque aucun De dérobades en dérobades, de mensonges en promesses jamais ou impossibles à tenir, tel un bateau ivre, sans gouvernail et de vrais maîtres à bord (ce qui, bien sûr, rend compte régulièrement de la grande détresse régnant parmi ses passagers abandonnés à leur triste sort, celui de devoir concourir en des eaux troubles où la concurrence, impitoyable faut-il le souligner, est plus que souvent mieux armée) erre tel un fantôme à la destination inconnue car sans carte de navigation. Dérives garanties.
Le rideau vient de tomber sur la 30e olympiade d’été. Ne cherchez pas très près la position (62e, c’est-à-dire une reculade d’au moins une dizaine de places par rapport au bilan, au passage peu enviable pour ne pas déroger à de mauvaises habitudes mis à part quelques éclats individuels de l’Algérie dans un classement, présenté à l’arrivée d’une édition anglaise qui a vu le même nom, Makhloufi pour ne pas le nommer qui sauvera un tant soit peu la mise et s’imposera en arbre malvenu, utilisé à bon escient par tous ceux, tapis à l’ombre des privilèges que leur confèrent des statuts curieusement «arrachés» par les «urnes» (le moment n’est-il pas arrivé de les débusquer par les mêmes procédés et des retraits de confiance devant sortir de l’isoloir, pour mener en bateau (celui-là même sur lequel a pris place notre élite pour échouer lamentablement sur les rives de Copacabana en rendant une pâle copie) une opinion publique sportive algérienne maintenant fixée sur les tours de passe-passe de ces prestidigitateurs (on gardera agitateurs, n’est-ce pas mieux ?) sortant de leurs miraculeuses manches secrètes des recettes destinées à vous faire, à chaque fois, avaler des couleuvres.
Ce lundi, et au plus fort de la polémique ayant suivi les flèches lancées par le désormais seul (on insiste) porte-drapeau d’un sport algérien dans la tourmente et qui f… carrément (ce n’est pas nouveau), une fois pour toutes, le camp, l’instance morale du mouvement sportif national, avec tout son état-major (du moins les grands acteurs ayant fait le déplacement de la capitale brésilienne) sera face à la presse dans un exercice archi-connu où il sera question de bilans.
De justifications concernant la mauvaise sortie de nos Verts, toutes disciplines confondues. Dire et redire (un air connu) ce qu’on sait (déjà, et pour couper court à toute « spéculation », M. Ammar Brahmia, en sa qualité de chef de délégations, et M.Ould Ali, MJS, ont donné le ton en déclarant, pour le 1er , sa «satisfaction pour les résultats réalisés», et pour, le second, avec les mêmes propos pratiquement quant à sa «satisfaction» en ajoutant toutefois qu’«il n’y aura pas de commission d’enquête», non sans réitérer, entre autres, son « souci de procéder à une évaluation globale de la participation algérienne en coordination avec le comité olympique et les différentes instances concernées dans la cohérence et la sérénité.»
Côté officiel donc, et si l’on insiste sur «les moyens mis par l’Etat à la disposition des athlètes» et reste «déterminé à soutenir toutes les disciplines et fédérations sportives, le moins que l’on puisse dire est que l’on ne prête pas trop d’importance aux sorties médiatiques de certains athlètes, dont le plus virulent demeure sans conteste ceux tenus par l’incontournable Taoufik Makhloufi qui, en sa qualité de chef de file que lui confère évidemment son palmarès, a eu des mots très durs à l’endroit des responsables (sans les nommer) ce que tout le monde ici en Algérie qualifie de débâcle contrairement à l’appréciation, justement, de la tutelle qui se dit «persuadée que l’avenir du sport algérien a de beaux jours même si les résultats réalisés à Rio sont insuffisants, par rapport aux prévisions du comité olympiques algérien qui a tablé sur quatre ou cinq médailles.»
A charge pour le natif de Souk Ahras, auteur de deux belles médailles d’argent qui permettent à l’Algérie de bien figurer dans le classement général définitif, d’«identifier les dirigeants visés et accusés de défaillances » s’il veut que «les mesures qui s’imposent soient prises.»
Une fois de plus et de trop au goût du public, l’Algérie est revenue presque bredouille n’eurent été les belles et magiques chevauchées de Makhloufi. Une confirmation toute personnelle mais point de ce vent de fraîcheur promis au départ d’Alger. Un problème d’état d’esprit loin d’être irréprochable ? De manque de moyens (certains athlètes parlent, à juste titre, de mauvaise gestion des ressources humaines ajoutée à une mentalité d’amateur dans la peau, le tout assaisonné à un bricolage à… la peau dure) ? La déroute ou la bérézina de nos boxeurs, une discipline qui se profilait comme le pourvoyeur le plus prolifique à Rio restera comme un drôle de gâchis en mesure de tout expliquer. Un bilan d’ensemble famélique qu’atténuera la grande performance de Makhloufi qu’on imagine néanmoins fortement déçu de sa défaite sur le 1500m où il perdra son titre. Deux belles récompenses dans un océan de déceptions.
De la fierté aussi, sauf que l’intéressé, loin d’être grisé par ses deux breloques, mais déçu notamment par le sort réservé à son compatriote et non moins courageux décathlonien Bouraâda, dira, au-delà de ses succès personnels, toute sa déception. Que «ce n’est pas cela l’Algérie du sport.» Comprendre que son élite mérite mieux.
A les moyens intrinsèques de sortir de meilleurs exploits. Personne n’oubliera, pour conclure, les larmes de notre jeune mais grand champion, en pleurs sur les podiums de Londres et Rio lui qui, désormais, est attendu au tournant. Ses déclarations pesant tellement lourd et sonnant co
mme des messages faciles à déchiffrer. L’écoutera-t-on un jour ? Comme de tradition, il nous semble que tout le monde est en passe de tourner la page en allant piquer un long somme de quatre années pour ne se réveiller que l’avant-veille du départ pour le pays du Soleil Levant.
Tokyo c’est déjà aujourd’hui. Aussi sûrement qu’on ne dérange pas des responsables qui dorment. Tant que les moyens sont là… !
A. A.

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