Marion Cotillard en route pour le doublé, quasi absence de David Fincher, consécration de Wes Anderson… Voici ce qu’on peut retenir des nominations aux Oscars 2015.
L’absence de David Fincher
Il a eu beau battre des records au box office, Gone Girl divise. Le dernier film de Fincher, thriller glacial hyper maîtrisé, chef-d’œuvre du film noir pour certains, n’est mentionné par l’Académie que pour la performance de Rosamund Pike qui concourt à l’Oscar de la meilleure actrice. Déjà sous représenté dans la longue série des prix intermédiaires, Gone Girl avait récolté 4 nominations aux Golden Globes mais loupait là encore celle, suprême, au meilleur film. Une satire de l’Amérique trop amère, une vision du couple trop sombre ou des femmes misogyne ? Si David Fincher, sans conteste est un des plus grands cinéastes américains vivant, qui n’a jamais eu l’Oscar, ses derniers films raflaient au moins la mise dans les nominations (même Millenium, nommé 5 fois en 2012).
La revanche de Wes Anderson
Le petit génie du cinéma a longtemps été boudé par l’Académie. En 8 films et 20 ans de carrière, il n’avait jamais été nommé dans les catégories reines – meilleur film, meilleur réalisateur. À une exception près – meilleur film d’animation pour Fantastic Mr Fox -, Wes Anderson est habituellement mentionné pour ses scénarios (nommé dans cette catégorie pour La Famille Tenenbaum en 2002 et Moonrise Kingdom en 2012). Contrairement au cas Fincher, l’Académie des Oscars est ici raccord avec le public qui a consacré The Grand Budapest Hotel, de loin le plus gros succès d’Anderson au box office, avec 9 nominations. D’outsider, il part désormais favoris.
Boyhood n’est plus (tout à fait) favori
Avec 6 nominations, le film de Richard Linklaterprimé aux Golden Globes repasse (un peu) au second plan. Les deux grands gagnants de ces nominations sont The Grand Budapest Hotel et Birdman qui raflent chacun 9 nominations – avec un peu plus de techniques pour Wes Anderson, dont les acteurs sont absents. Juste derrière, l’énigme Imitation Game : ce drame historique labellisé histoire vraie, propre et académique mais pas éblouissant, repart avec 8 nominations. Si on ne doutait pas de la présence dans la course de l’omniprésent Cumberbatch et qu’on avait bien compris que le film était très aimé outre-Atlantique, on peut s’étonner que le réalisateur norvégien Morten Tyldum soit nommé, alors que, au hasard, David Fincher, Angelina Jolie, Clint Eastwood, ne le sont pas.
Le pouvoir de Marion Cotillard
Décidément adorée outre-Atlantique, l’actrice française décroche sa deuxième nomination aux Oscars, après avoir remporté le trophée pour La Môme en 2008. Face à Julianne Moore (Still Alice, pour lequel elle a déjà remporté le Golden Globe), Felicity Jones (Une merveilleuse histoire du temps), Rosamund Pike (Gone Girl) et Reese Witherspoon (Wild), la concurrence est rude mais pas imbattable. Cotillard est accessoirement la seule représentante de la France à la grande cérémonie hollywoodienne – pour un film belge.
Les blockbusters font toujours de la figuration
Les Gardiens de la galaxie, Captain America – le Soldat de l’hiver, X-Men Days of Future Past, Interstellar, Le Hobbit – la bataille des cinq armées, La Planète des singes : l’Affrontement… Quelques films qui ont attiré des millions de spectateurs dans les salles et qui sont, comme toujours, boudés par les Oscars. Cantonnés aux nominations techniques, ces blockbusters dont tout le monde pourtant reconnaît que leurs qualités ne sont pas que financières continuent d’être sous représentés. Hollywood n’a pas encore pris acte du virage artistique de son artillerie lourde.
Le cas Selma
Le 12 Years a Slave de 2015? Le film d’Ava DuVernay sur Martin Luther King et la lutte pour les droits civiques peut encore marcher dans les pas du gagnant de l’année dernière puisqu’il se taille une place parmi les nommés au meilleur film. Mais il devra s’en contenter : ni la réalisatrice, ni surtout l’acteur principal, David Oyelowo ne font partie des nominations (il obtient tout de même celle de la meilleure chanson originale). Quasi absent de la saison des prix et objet de polémiques aux Etats-Unis (notamment sur la véracité historique), le film militant de l’année, sorti en pleines émeutes raciales outre-Atlantique, ne semble faire qu’acte de présence dans la course. La cérémonie des Oscars aura lieu le 22 février prochain.