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Musique : que vaut le huitième album de Rihanna ?

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[divider]La chanteuse originaire des Barbades a dévoilé, le 28 janvier, son huitième album, très attendu trois ans après Unapologetic. Un disque avec lequel elle déconcerte complètement, pour le meilleur comme pour le pire.

Lors de la soirée où elle présentait la pochette de ANTI, Rihanna avait prévenu: son huitième album perturberait ses fans. Elle ne croyait pas si bien dire.
Quelques heures après la sortie du single Work, en collaboration avec Drake, Rihanna a créé la surprise en dévoilant ANTI, jeudi 28 janvier, en exclusivité et gratuitement sur Tidal, le site de streaming lancé par Jay Z en 2015 qui peine toujours à réunir un nombre d’abonnés conséquent. Un coup marketing léché…

Un panache disparu
… Qui pourrait cacher un travail baclé? L’écoute de ANTI déroute. Aucun tube à l’horizon, alors que la starlette a bâti sa réputation sur ses singles à paillettes, atterrissant généralement en haut des charts dès leur sortie. Work, le premier morceau, a laissé beaucoup d’auditeurs désemparés. Pas de refrain fédérateur, des paroles peu travaillées, une instrumentation R’n’B réduite à peau de chagrin. Où est passé le panache de Riri? Les morceaux paraissent à peine aboutis, l’atmosphère est plus noire, aucun titre n’est taillé pour les dancefloors…
Rihanna a pourtant eu le loisir de peaufiner ce huitième album, successeur de Unapologetic (2012) sur lequel se trouvait son célèbre tube Diamonds. Entre-temps, elle s’est produite dans les quatre coins du monde lors d’une tournée monstre, 777 Tour. Elle a aussi publié trois nouveaux singles l’an passé, qui ont chacun rencontré un succès plutôt considérable: FourFiveSecond en collaboration avec Kanye West et Paul McCartney, Bitch Better Have My Money et American Oxygen. Aucun d’entre eux n’apparaît pourtant sur ANTI, qui ne contient que des inédits.

Un manque d’homogénéité qui finit par lasser
Car Rihanna semble avoir adopté une nouvelle stratégie pour ce disque. À rebrousse-poil de ses précédentes productions. La chanteuse barbadienne, bientôt âgée de 28 ans, a les moyens de jouer avec son image et de faire sa diva le temps d’un album hors du temps, hors de ses convenances. Avec ANTI, elle innove, expérimente, sonde ce qui se cache sous la musique pop. À l’instar de Miley Cyrus qui opérait sa mue avec Miley Cyrus and Her Dead Petz en septembre, Rihanna sort des sentiers qu’elle a battus et rebattus. Et dévoile une nouvelle facette de sa personnalité. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Les premiers morceaux de ANTI retiennent difficilement l’attention malgré leur tentative d’innovation. Il est facile de zapper Consideration et ses sonorités dub peu élaborées. De se détourner de James Joint où la chanteuse fait du sous-Mariah Carey sur des notes de clavier vintage, tout en évoquant, encore, son goût pour le cannabis. Ou de faire demi-tour à l’écoute des premières notes néo-disco de Kiss It Better. Un manque d’homogénéité manifeste qui finit par lasser. D’autant plus qu’aucune véritable trouvaille n’est à la clé.

Un virage soul qui lui va à ravir
Rihanna finit pourtant par trouver sa voie (voix) sur la deuxième partie de l’album. La reprise de Same Ol Mistakes de Tame Impala possède un pouvoir magnétique. Il est agréable de découvrir le timbre de la chanteuse sur cette perle néo-psychédélique et de se rendre compte que ses goûts s’étendent jusqu’aux productions de Kevin Parker, référence parmi les têtes pensantes de la musique indé actuelle. Un indice, peut-être, du chemin que Rihanna envisageait véritablement d’emprunter avec ANTI?
Débarrassée du superflu, elle se révèle sensible dans la ballade Never Ending, où sa voix est enfin mise en valeur sans effet ni vocoder. Pour Love On The Brain, elle emprunte même plus clairement un virage soul – choeurs à l’appui – qui lui va à ravir. Les crépitements vintage continuent sur Higher avant que la chanteuse aille se blottir dans les accords de piano du sentimental Close To You.
Et soudain, Rihanna pourrait occuper une place entre feu Amy Winehouse, Lana Del Rey et Adele.
Un rattrapage assez inédit qui étonne et emmène Rihanna sur d’autres rives, plus agréables que ses sempiternels tubes. Mais l’hétérogénéité de l’ensemble continue de laisser perplexe. Au lieu d’explorer dans tous les recoins, Rihanna aurait peut-être dû prendre encore plus son temps pour parfaire sa mue. Pour tacher de vraiment convaincre avec ANTI.

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