Dans un livre à paraître , intitulé «Le berger de Touggourt», et dans lequel il revient sur l’affaire de l’exécution des moines de Tibhirine, l’ancien patron de la DST, Yves Bonnet, démonte preuves à l’appui, toutes les versions complotsvéhiculées par certains médias à ce sujet. Il révèle qu’une copie du dossier a été remise à la DST – le service du contre-espionnage français – et que celle-ci «en a fait parvenir une copie au Vatican, entre les mains du cardinal Tauran». Pour en conclure qu’«il est difficile de soutenir que les autorités algériennes se dérobent à toute explication quand elles manifestent de la sorte leur désir d’ouverture». Relatant son voyage en Algérie, où il a eu accès au dossier des sept religieux français assassinés par le GIA, il raconte : «J’ai eu l’opportunité de prendre connaissance du dossier du monastère de Tibhirine dans les locaux du DRS de Blida. J’avais, en effet, été sollicité par René Guitton, qui connaissait mes entrées en Algérie, et qui souhaitait écrire un livre sur ce douloureux sujet. L’ancien patron de la DST atteste qu’il ne se trouve «aucune discordance entre les deux versions qui se complètent parfaitement». Poursuivant sa narration, il écrit : «Le seul bémol qui intervient nous est signifié par le moine qui nous accompagne jusqu’au cimetière où sont ensevelis les restes des martyrs, quand il met en garde René Guitton, à peu près en ces termes : « Vous rendez-vous compte qu’en publiant un livre sur ce sujet vous mettez nos vies en danger ? » Je le revois debout, nous faisant face, impressionnant de colère contenue et je me sens alors mal à l’aise», lâchera-t-il. Abordant le fond du sujet, à savoir le dossier tel qu’il leur a été ouvert, à lui et à son compagnon, et dans lequel figuraient les photos des têtes retrouvées, prises sous plusieurs angles, l’écrivain engagé René Guitton décrit minutieusement la scène et fait aussitôt son constat : «Horrible vision qui me hante encore. Je les examine soigneusement et je ne relève aucune trace d’impact de balle. Manifestement, ces hommes n’ont pas été pris sous des tirs ni d’armes de poing ni d’armes automatiques, a fortiori venus du ciel.» Il est catégorique : «Certes, j’ignore alors la version du général Buchwalter, mais si une seule tête avait été touchée, je l’aurais forcément remarqué.» Et d’enchaîner : «J’ajoute que ces têtes sont dans un état de présentation convenable comme celui des décapités que j’ai pu voir dans d’autres procédures. Une seule tête m’intrigue alors, dont la mâchoire inférieure est détachée, ce qui pourrait donner une indication sur la date de la mort.» Rentré en France, l’auteur livre ses interrogations à des médecins qui lui confirment qu’effectivement, «plusieurs semaines sont nécessaires pour qu’une partie d’un corps s’en détache. Mes compétences s’arrêtent là», écrit-il. Décortiquant l’aspect balistique du sujet, l’ancien chef de la DST souligne encore que «tous les avis des militaires convergent sur un point : il est rigoureusement impossible que des tirs effectués de haut en bas sur des cibles en position verticale ne touchent aucune des têtes. Ceci indépendamment de l’utilisation qui aurait été faite de roquettes explosives et d’armes automatiques. D’ une cible humaine au sol, la tête visée du ciel représente le tiers de la surface». Autre détail technique important relevé par l’auteur : «Selon le général Buchwalter, les « assaillants », réalisant leur erreur, auraient cherché à en effacer les preuves et auraient alors posé leur appareil. Nous avons vu qu’au seul plan du règlement d’utilisation de l’hélicoptère, cette opération est interdite sans appui au sol et balisage ; en ce cas, des dizaines d’hommes auraient dû être appelés en renfort et déployés au sol.» Et d’argumenter encore : «Mais ce n’est pas la version de Buchwalter, car en tel cas, l’intervention d’un puis de deux hélicoptères prendrait toutes les apparences d’une opération réfléchie, préparée et la bavure deviendrait crime d’État. Si nous en restons à la version initiale de l’erreur, il faut donc passer au stade capital de l’existence ou non de preuves.» Pour Yves Bonnet, les enquêteurs peuvent se contenter des photographies qui figurent dans les dossiers. «Elles sont de bonne qualité et prises sous plusieurs angles. Il n’y a aucune raison d’en mettre en doute l’authenticité, étant donné l’identification facile des visages.» Une réponse claire au juge Trévidic qui vient d’être déchargé du dossier. M. B.
Le juge Trevidic n’instruira plus le dossier
Le juge français Marc Trévidic a été «contraint de quitter son poste» dans lequel il ne peut excéder dix ans, selon les lois françaises en vigueur , rapporte le journal Libération . «Il est victime de la loi, empêchant les magistrats chargés d’occuper les mêmes fonctions plus de dix ans», explique le quotidien français de gauche. Le juge antiterroriste français chargé de l’affaire de l’assassinat des sept moines de Tibhirine avait confirmé, par ses décisions et ses déclarations à la presse, qu’il obéissait davantage à d’obscurs desseins politiques qu’à sa conscience et à la loi. Il avait projeté de lancer une nouvelle commission rogatoire internationale, manquant à ses engagements initiaux avec les autorités algériennes et choisissant de s’enfoncer dans des préjugés d’une extrême gravité. À la presse, il avait expliqué, mais sans en être sûr, que l’Algérie «ne dispose pas» de moyens techniques et scientifiques, lui permettant de conserver les prélèvements pris sur les corps des moines assassinés. Chose qui risquerait, selon lui, de «détruire irréversiblement tout le travail». Pour lui, et pour tous les journalistes qui lui servaient d’appui dans cette affaire les mêmes d’ailleurs depuis le début du terrorisme en Algérie, le refus d’Alger de remettre ces fameux échantillons à l’équipe d’experts français trahirait «une volonté délibérée d’occulter la vérité» que «seule, une expertise française serait capable d’établir». Ce magistrat, à propos duquel le journal Libération ne tarit pas d’éloges, avait entamé son enquête avec des a priori, ce qui était déjà une faute éthique intolérable. Marc Trévidic était allé jusqu’à juger que les autorités algériennes, «ne savent pas quelle est la vérité dans cette affaire», et qu’elles «ignorent même ce qu’on peut tirer des prélèvements». «Leur seul souci, avait-il assené, c’est de ne pas sortir de la version officielle.» Malgré tout cela, ce juge, qui se targue d’avoir obtenu trois mandats d’arrêt internationaux durant son passage à ce poste, osait parler d’«obligations morales» qui doivent amener «le pouvoir algérien», grâce à sa nouvelle commission rogatoire, à accepter les conditions, les siennes, devant permettre d’achever le travail. Avant cette mise à l’écart, le juge Trévidic avait été taclé par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait appelé au «respect du droit algérien» dans l’affaire des moines de Tibhirine exécutés par les terroristes du GIA, ancêtre d’Al-Qaïda et de Daech, le 21 mai 1996 à Médéa. «La procédure doit respecter le droit algérien comme le droit français», avait-il déclaré à la presse, lors de sa visite en Algérie.
M. B.
Il est sage de regarder la réalité en face et avoir le courage de prendre ses propres responsabilités, lorsque la nécessité l’exige :
Dans cette malheureuse affaire, il faut être directe et franc et avoir la bravoure de définir ce qui suit :
1- La` ou` commence et se termine les responsabilités du gouvernement algérien.
2- La` ou` commence et se termine les responsabilités du gouvernement Français.
On est tous responsables de nos erreurs et hésitations respectives.