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Migrants, arme multiusages

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La très forte concentration des efforts des chefs d’États européens, jeudi et vendredi, au Sommet de Bruxelles, renseignait sur l’importance du sujet des migrants. Arraché au forceps, l’accord final, qui ménageait les pays d’accueil, l’Italie et l’Espagne principalement, n’a pas ménagé les pays maghrébins, dont l’Algérie.
Il faut demeurer très vigilent sur la sémantique en usage dans ces milieux où chaque mot renvoie à des référents précis. En adoptant la formule de création de «plates-formes de désembarquement», l’Europe a évité la formule, plus rébarbative, de centre de rétention, lui-même un édulcoré de «parc humain». L’un et l’autre renvoient à la même trappe.
Hormis la sémantique, il faut rester aussi attentif à ce que l’Europe réservera sérieusement aux migrants, désormais devenus encombrants. D’un coté, on va noyer les pays maghrébins par le biais des flux rembarqués ; d’un autre, il sera interdit à ces pays de manquer de tact et faire rapatrier ces mêmes migrants chez eux, au moins sans l’accord du pays d’origine et les outils adéquats pour ce faire.
La carte des migrants servira d’arme à double usage : d’un côté, elle sanctionnera les pays du Nord qui agiront, s’ils acceptent les décisions européennes, en «bouclier» au bénéfice des pays d’Europe ; d’un autre cô té, l’Europe, dotée de ce «bouclier», n’aura pas à débourser un seul euro pour sa sécurité. Or, dans un cas comme dans l’autre, ce sont les pays européens qui devraient réfléchir en premiers au sort des migrants, en amont et en aval, ces migrants qu’ils ont contribué à appauvrir, puis à faire partir loin de leur terre, qui, en réalité, n’est plus devenue une mère nourricière, puisqu’elle n’offre ni sécurité, ni emploi, ni même stabilité familiale…

F. O.

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