Accueil ACTUALITÉ MÉMOIRE : Les archives françaises ouvertes au compte-gouttes

MÉMOIRE : Les archives françaises ouvertes au compte-gouttes

0

Un arrêté du ministère français de la Culture permet, depuis le 25 août 2023, aux citoyens, chercheurs et administration, d’avoir accès aux archives françaises relatives à la Guerre d’Algérie avant l’expiration des délais prévus, en incluant, cette fois, « dans le périmètre des documents rendus librement communicables ceux d’entre-eux qui se rapportent à une personne mineure».

C’est-à-dire les moins de 21 ans et ils étaient nombreux, les Algériens dans cette tranche d’âge, engagés dans la lutte armée pour l’Indépendance de leur pays aux côtés de leurs aînés. Les médias français ont inscrit cette décision « dans le cadre de la politique d’apaisement décidée par Emmanuel Macron, après la publication d’un rapport sur le conflit mémoriel entre l’Algérie et la France sur le passé colonial ». Ils considèrent qu’il s’agit d’un assouplissement de la France concernant l’accès à ses archives sur la guerre d’Algérie. En matière d’archives, ce que demandent les spécialistes algériens, c’est la récupération des archives algériennes conservées par la France afin de pouvoir écrire l’histoire de l’Algérie par des plumes algériennes. Ils considèrent que c’est « une nécessité urgente », et expriment leurs craintes qu’elles puissent être falsifiées étant donné qu’elles sont toujours entre les mains de ceux qui ont écrit et altéré la vérité. Ainsi, concernant les essais nucléaires effectués par la France en Algérie, les autorités françaises refusent d’ouvrir les archives se rapportant aux populations locales concernées et aux combattants de la lutte de libération qui étaient prisonniers et qui ont été utilisés comme cobayes dans ces expérimentations. La problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker, est inévitablement posée à chaque fois que les relations entre l’Algérie et la France soulèvent les questions liées à la Mémoire. Il y a urgence dans ce domaine, au vu de l’impact de ces essais sur l’environnement et surtout sur la santé de la population avec des pathologies jusque-là méconnues dans la région et des cas de cancer ou de malformation chez les nouveau-nés.

Les mineurs du centre de détention de Tadmaït
Durant la Guerre de libération nationale, le centre de détention Camp du Maréchal (Tadmaït- wilaya de Tizi- Ouzou) était réservé aux prisonniers âgés de 18 ans à 20 ans. Un des prisonniers a donné son témoignage sur ce camp destiné aux Algériens mineurs, qui ont été arrêtés pour leur participation à la lutte armée pour l’Indépendance. «Dès que nous sommes arrivés au camp, à la descente des camions, ce fut une pluie de coups jusqu’aux baraquements que nous avions rejoints en rampant sur plus d’une centaine de mètres», a-t-il raconté. Le centre était tenu par les chasseurs alpins. Les militaires donnaient des cours qui consistaient surtout à apprendre La Marseillaise et à la réciter. Quand un militaire français rentrait dans la salle des détenus, au signal du chef de salle «1, 2, 3», les détenus devaient crier trois fois «vive la France !» et lorsque le militaire allait partir, le chef de salle lançait, à trois reprises, «Algérie !» et les détenus devaient compléter «française !». Le  témoin s’est rappelé d’un détenu qui avait été arrêté à Paris et amené à Camp du Maréchal et qui avait refusé de crier «vive la France». Les militaires l’ont sorti de la baraque et l’ont isolé dans un coin pour l’obliger à le faire mais au signal «1, 2, 3», il lançait «vive l’Algérie!». Les militaires ont eu beau insister, il criait à chaque fois «vive l’Algérie!» et, à la longue, s’est mis à crier n’importe quoi. «Nous avions assisté à cette scène. Les militaires l’ont emmené et on ne l’a plus revu », s’est souvenu le témoin. À Camp du Maréchal, on trouvait des jeunes prisonniers rescapés d’accrochages. Ils servaient comme «accessoires» à l’armée coloniale : les soldats les prenaient comme supports pour les armes lourdes lors des combats contre l’Armée de libération nationale (ALN). La riposte des moudjahidine touchait d’abord ces pauvres malheureux. Ces jeunes étaient également utilisés comme boucliers humains dans les assauts contre les moudjahidine de l’ALN réfugiés dans les grottes.
M’hamed Rebah

Article précédentSOUS LES CONSEILS DE SON GOUROU ISRAËL, LE MAROC SE LANCE DANS UNE COURSE VERS L’ARMEMENT : Le Makhzen joue avec le feu
Article suivantCRISE AU NIGER : L’option militaire s’éloigne