Accueil ACTUALITÉ MÉDIATISATION DES ACTES DE SOLIDARITÉ : Des voix dénoncent un «abus de...

MÉDIATISATION DES ACTES DE SOLIDARITÉ : Des voix dénoncent un «abus de trop »

0

Dans une conjoncture marquée par l’épidémie du coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, des personnes n’hésitent pas à immortaliser leurs actes de solidarité envers les familles précaires sur les réseaux sociaux et les chaîne TV.

Ce que d’aucun considère comme « un abus de trop » et une « dérive » de l’activité charitable de ses objectifs qui devraient restés non lucratifs. Pour sa part, le Premier ministre a mis en cause « une stigmatisation des personnes et familles en situation précaire». Les actes de solidarité avec les familles en situation précaire rendue encore plus difficile avec l’arrivée de l’épidémie du Covid-19. Sont-ils devenus un moyen de mettre en valeur son rang social ou atteindre ses ambitions politiques et autres ? C’est en tout cas ce que l’on constate des ces réactions sur les réseaux sociaux de plus en plus à dénoncer des pratiques qui « dérivent des recommandations religieuses et du bon sens ». Ces constats sont unanimes à dire que la médiatisation des actes de charité est une atteinte à la dignité des personnes aidées, et reflétant une image dégradante des auteurs de ces pratiques. D’autant plus que cette « charité médiatisée » a dissuadé beaucoup de familles nécessiteuses à demander de l’aide. Si la solidarité est un acte louable et un signe de sens élevé de civisme et de citoyenneté, des dérives sont relevées chez certaines personnes sans scrupule qui publient des images d’elles-mêmes en train d’offrir des dons sur les réseaux sociaux. Ce phénomène s’est accentué avec les mesures de confinement imposées dans le pays et la mise à l’arrêt de beaucoup d’activités professionnelles jugées non indispensables et susceptibles d’être des lieux de rassemblement favorables à la propagation du Covid-19.
Beaucoup de personnes en situation précaire se sont retrouvées livrées à elles-mêmes. Des associations de la société civile, des entreprises et personnes charitables se sont accourues pour se solidariser avec ces personnes en détresse. Des pages Facebook ont été créés spécialement dans ce but. Certes, cela donne un sens de fierté que de voir des Algériens s’entraider et des images de quantités de semoules, d’huile et/ou de fruits et légumes offerts à leurs frères moins aisés. Mais la médiatisation s’apparente beaucoup plus à une exploitation de la misère humaine et une humiliation à l’estime de l’Être-Humain. Pour certains internautes, ces images, très récurrentes ces derniers jours, d’un citoyen faisant un selfie avec un sac de semoule avant de l’offrir à un nécessiteux, sont révoltantes. « La mafia italienne a fait don de 7 milliards d’euros et ils n’ont pas médiatisé leur performance. Et notre frère déclare à toute la planète qu’il a fait une offre d’un petit sac de semoule », commente un internaute sur Facebook. Un autre ajoute : « Vaut mieux mourir de la faim tout seul que de voir mes photos circulant sur Facebook ».

De l’exploitation politicienne aussi
De l’avis de beaucoup de monde, les actes consistant à offrir des respirateurs artificiels à des hôpitaux ou d’autres matériels médicaux par des hommes d’affaires méritent d’être médiatisés, car cela encourage leurs homologues à suivre. Mais « faire un selfie avec un sac de démoule offert à un nécessiteux sans moyens pour affronter la vie et les publiés sur Facebook n’est qu’un moyen pour se distinguer dans la société en faisant semblant d’être un bienfaiteur», juge un internaute qui dénonce également « l’absence des valeurs morales et religieuses chez certaines personnes qui ont versé dans l’opportunisme ». Un autre constat aussi dans ces pratiques : beaucoup de pages Facebook appartenant à des partis et organisations politiques qui publient ces images d’aide aux familles précaires. Ce qui est sans doute une instrumentalisation politique de la détresse de ces personnes. Les politiques, à travers ces actes de solidarité, visent bien-sûr d’autres buts, comme le souci de soigner son image devant l’électorat avant de se présenter dans quelconque élection, et faire miroiter aux citoyens qu’il est très engagé aux côtés des personnes et catégories vulnérables de la société.
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a mis en cause lui aussi ses pratiques qu’il a assimilées à des « formes de stigmatisation des personnes et familles vulnérables ». Dimanche dernier, il a émis une instruction à l’adresse des membres du gouvernement et des walis à l’effet d’assurer « les meilleures conditions d’encadrement et de gestion des dons » issus de l’élan de solidarité exprimé par les particuliers et les opérateurs économiques aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger pour lutter contre la propagation du coronavirus. « Partant du constat que la distribution des dons en nature renvoie parfois des images attentatoires à la dignité des citoyens nécessiteux en provoquant des regroupements aussi anarchiques que dangereux pour leur santé, les walis ont été instruits en vue de sensibiliser les autorités locales, ainsi que toute la chaîne de solidarité impliquée, à l’effet de bannir ce genre de pratiques », a indiqué dans un  communiqué le Premier ministre. Dans le même sillage, et « pour éviter toute forme de stigmatisation des personnes, des familles et notamment des enfants en situation de précarité sociale, ces mêmes responsables sont appelés à mettre fin à la médiatisation des opérations de distribution de produits », insiste-t-il également.
Hamid Mecheri

Article précédentENGAGÉS BÉNÉVOLEMENT DANS LE TRANSPORT DU PERSONNEL SOIGNANT : Les chauffeurs de taxi souhaitent un soutien de l’État
Article suivantLE MINISTRE DE LA SANTÉ SUR LA CHAINE RUSSIA TODAY : Le personnel médical sera soumis au dépistage