Les ménagères oranaises trouvent toutes les peines du monde pour s’en sortir à l’approche des fêtes de l’Aïd El Fitr, synonymes de fortes dépenses pour l’achat des vêtements pour les enfants et des ingrédients indispensables à la préparation des gâteaux. Oran, le «Souk» hebdomadaire qui s’installe chaque vendredi au quartier d’El-Hamri devient du coup la destination préférée et propice notamment pour les chefs de famille aux revenus moyens ou limités. Il s’agit là de l’espace le plus indiqué pour acquérir vêtements et bien d’autres articles et produits à des prix raisonnables. Vendredi dernier, le Souk d’El-Hamri a fait le plein. Jouxtant le stade Ahmed-Zabana, les passants croiront qu’il s’agissait d’un match de football important qu’allait abriter l’enceinte footballistique. Mais la réalité est toute autre. C’est tout simplement le jour des «affaires» qui attire la grande foule, pas uniquement les habitants d’El-Bahia, mais aussi ceux des wilayas limitrophes. «Ce marché est connu partout à l’Ouest du pays. Il est même ancré dans les habitudes des Oranais et même des wilayas limitrophes. Chaque vendredi, il devient la destination privilégiée de milliers de personnes en quête de bonnes affaires», commente Houari, un employé d’une banque retraité, qui ne rate aucun vendredi ou presque pour se rendre au marché quitte à revenir bredouille. A l’approche des fêtes de l’Aïd El-Fitr, l’affluence est naturellement nombreuse. Pour ce qui devrait être le dernier vendredi du mois de carême, il y a mille et une raisons pour que les chefs de famille et même les jeunes prennent la direction de ce marché. Sur place, différents articles sont exposés à la vente. Le «stand» des vêtements est naturellement le plus fréquenté pour l’occasion. «Les prix qu’on trouve ici sont largement imbattables. En ces temps de disettes, cet espace nous permet de souffler un peu et satisfaire par là même nos enfants, car c’est devenu pratiquement impossible de s’offrir des vêtements de l’Aïd dans les grandes boutiques et autres centres commerciaux de la ville», commente pour sa part Saïd (45 ans), chauffeur de taxi de fonction.
Prix imbattables au marché d’El-Hamri
Le marché hebdomadaire d’El Hamri devient du coup le «refuge» des ménages oranais déjà fortement ébranlés par les dépenses faramineuses effectuées depuis le début du mois de ramadhan. «Il n y a pas seulement que les couches défavorisées qui trouvent leurs comptes ici, mais au fil du temps, on se rend compte que le marché est envahi notamment par la classe moyenne et même au-delà», fait remarquer Mahieddine, un habitué de ce «site» depuis près de deux décennies. Et si par le passé, ce marché était réputé pour être fréquenté exclusivement par les hommes, la gent féminine est en train d’y conquérir une bonne place à son tour. Pourtant, aucun article de vêtements destinés aux femmes n’est exposé sur place. L’approche des fêtes de l’Aïd explique en partie la présence de femmes dans le marché qui offre pour l’occasion des opportunités de s’approvisionner de certains modèles de gâteaux de surcroît avec des prix abordables. «On est habitués à venir ici chaque vendredi de Tlemcen spécialement pour vendre nos produits de gâteau traditionnel. La vente marche à merveille pour nous, grâce aux prix imbattables que nous proposons. Il est clair que notre chiffre d’affaires augmente lors des fêtes religieuses, comme c’est le cas cette fois-ci avec l’approche des fêtes de l’Aïd El-Fitr», se réjouit Malek qui se prépare à rentrer chez lui, du côté de la ville de Sidi-Boumediene, après avoir épuisé tout le produit que sa femme et ses deux filles avaient préparé la veille. Cet intérêt particulier de certaines femmes pour ce «Souk» trouve son explication dans le peu de temps qu’elles disposent désormais pour préparer elles-mêmes leurs gâteaux. Tiraillées entre leur travail à l’extérieur et la préparation de la table du «ftour», elles n’ont plus de temps pour confectionner les gâteaux de l’Aïd. Une pratique qui se généralise au fil des années, en raison de la cherté de la vie qui pousse les femmes à investir le monde du travail, a justifié pour sa part, Aïcha, qui a retrouvé son poste de travail dans une agence d’assurances privée après s’être rendu compte qu’il était devenu impossible de faire face à la flambée des prix dans tous les domaines avec le seul salaire de son mari.