L’Algérie traverse une période très difficile à la veille d’une élection présidentielle emprunte d’incertitudes. Un Précédent caractérisé par des marches populaires et pacifique nées depuis l’annonce de la candidature du Président Bouteflika à un cinquième mandat. À côté de biens d’autres corporations, la protestation a gagné le corps judiciaire dont les avocats et les magistrats ont apporté leur soutien au peuple et à la dynamique citoyenne en cours.
Interrogée sur la série de recommandations des avocats et magistrats intervenues, lors de la tenue récemment du Conseil supérieur de la magistrature, mais aussi sur l’éventuel rencontre avec le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, maître Zoubida Assoul a révélé, hier au Forum du Courrier d’Algérie, qu’«avant notre premier sit-in symbolique, tenu au tribunal Abane Ramdane à Alger, on s’est réuni avec le bâtonnier d’Alger pour évoquer certains sujets.
Nous avons abordé la question qui perdure depuis des années, nous voulons savoir si les avocats ont le droit de manifester en robe noire dans la rue, et est-ce que l’avocat a le droit de parler politique, vu que le barreau ne doit pas s’engager dans un processus ou un autre».
Dans ce sens, cette juriste souligne qu’«à travers cette réunion, nous sommes arrivés à un consensus, plus ou moins à une alternative. On a décidé de faire un rassemblement au sein même du tribunal Abane Ramdane, et il a eu lieu comme prévu, chose inédite en Algérie», précise l’avocate avant d’enchaîner « sauf qu’au départ, il a été décidé de ne pas parler politiquement et de dire que les avocats sont contre le 5e mandat, mais après, les jeunes avocats ont eu une autre réaction le jour du sit-in, ils l’ont fait, ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir parce ce qu’ils sont des citoyens avant qu’ils ne soient des avocats et magistrats », a-t-elle indiqué.
En outre, la patronne du parti de l’UCP a indiqué qu’« après la marche pacifique du vendredi 1er Mars, l’ordre des avocats d’Alger et de Constantine ont décidé d’être aux côtés du peuple. Et c’est là que tous les barreaux de l’Algérie se sont réunis, ils ont fait une lettre au président du Conseil constitutionnel (CC) pour lui demander de faire appliquer la loi, notamment le règlement intérieur du CC qui exige que tout candidat à la Présidentielle doit présenter son dossier personnellement devant le président du Conseil constitutionnel », précise encore Me Assoul.
Pour ce qui est du mouvement de certains magistrats qui se sont portés solidaires avec la voix du peuple, Zoubida Assoul a dit que «les magistrats sont d’abord des citoyens et ils se sont exprimés sur leurs point de vue », avant de faire une révélation de taille : «Il y avait près de 2 000 magistrats sanctionnés, car ils ont tenté de créer un syndicat autonome. La tutelle ne les a pas autorisés à le faire », dira cette ancienne magistrate.
Et d’ajouter encore que «cette fois-ci, il y a 1 000 magistrats sur 7 000 qui sont sortis dans la rue pour réclamer le respect et l’application de la loi », dit-elle, et de poursuivre : «Ils ont refusé de cautionner les élections présidentielles. Ensuite, ces mêmes magistrats ont été convoqués par l’inspection générale du ministère de la Justice afin de les traduire devant le Conseil de discipline. Mais après, nous, avocats, avons décidé de les défendre », a-t-elle fait savoir.
Med Wali
