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MAÎTRE SELLINI SUR LE JUGEMENT OU PAS DE BOUTEFLIKA : « Le mieux c’est de tourner la page »

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Invité, hier, à l’émission directe du Soir d’Algérie, maître Abdelmadjid Sellini, président du Conseil de l’Ordre des avocats d’Alger, est revenu sur le dernier mouvement opéré dans la corporation des magistrats, les détenus d’opinion et la nécessité ou pas de passer au jugement du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
S’agissant du premier point, l’homme de loi qui est à son 5éme mandat à la tête du Barreau d’Alger, a fait remarquer que la majorité de ceux qui étaient visés par le dernier mouvement ayant touché les magistrats, notamment à Alger, sont les magistrats instructeur, c’est-à-dire qui sont en charge de lourds dossiers.
« Le récent mouvement dans le corps des magistrats est lié, selon ma propre lecture, aux grosses affaires ou dossiers entre les mains de la justice, en raison, a-t-il ajouté, d’une mauvaise prise en charge de ces dossiers qui, à mon avis, n’étaient pas instruits dans les délais », a expliqué, à ce sujet l’hôte de Hakim Laâlam.
« On a donc voulu injecter un sang nouveau dans la corporation, puisqu’il existe encore beaucoup de dossiers de même nature qui doivent, ainsi, être soumis à examen et autres instructions. On ne peut pas trouver d’autres explications car plus de 90% des magistrats touchés par le mouvement opéré gèrent ce genre de dossiers », a-t-il souligné, tout en insistant sur le caractère personnel de cette analyse.
Chemin faisant, le bâtonnier d’Alger a évoqué les anciennes pratiques liées à l’instrumentalisation de la justice qui lui ont valu le surnom de « justice de nuit » ou de « téléphone », pour illustrer la forte emprise des tenants du pouvoir de l’ancien régime sur son fonctionnement.
À ce sujet, l’intervenant dira : « Il faudrait une nouvelle approche, une réelle volonté politique qui doit mettre à l’abri les magistrats de toutes pression que ce soit du pouvoir exécutif ou autre », affirmant qu’actuellement « la justice marche » en fonction des désidératas. Abordant l’avant-projet de la Constitution dans sa clause traitant du Conseil supérieur de la magistrature, Me Sellini n’est pas d’accord que le chef de l’État soit à sa tête. « Le président de la République n’a pas à être président du CSM car, enchaîne-t-il, il n’y a que les magistrats qui peuvent dire tel ou tel magistrat ou magistrate est compétent pour diriger un tribunal, une Cour, ou une Cour suprême. De même pour la présence du ministre de la Justice au sein du CSM. Il faut, donc, libérer les procureurs de cette emprise car il ne doit obéir qu’à la loi », a soutenu Maître Sellini sur la question de la gestion de la justice qui traîne les années les plus sombres de son histoire et qui n’honore guère l’image du pays. Abordant la lancinante question des détenus d’opinion en Algérie, l’invité du LSA a reconnu l’existence de personnes emprisonnées « pour leurs opinions ou approches » qui n’aillent pas dans le sens souhaité par le pouvoir, alors qu’ « il est plus judicieux de s’accepter les uns les autres en dépit de la différence de nos points de vues ». De ce fait, cite-t-il « il faut une vraie liberté d’expression qui, bien entendu, ne doit toucher l’intégrité du pays et celle du citoyen. »
Sur la question de savoir s’il est utile ou pas de juger le Président déchu, Abdelaziz Bouteflika, le bâtonnier a estimé que ce n’est pas nécessaire, affirmant qu’il était président de la République et son jugement ou emprisonnement « ne servira absolument à rien et n’apportera rien de positif à notre pays. » Et de conclure : « Le mieux c’est de tourner la page en réhabilitant notre pays dans le sens souhaité ».
Brahim Oubellil

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