La Directrice de la protection de la faune et de la flore, à la Direction générale des Forêts (DGF), Ilham Kabouya, a attiré l’attention sur l’état du patrimoine forestier en Algérie, affecté par le manque de pluies qui dure depuis un certain nombre d’années, avec une diminution de la pluviométrie de moitié, carrément.
Dans un entretien accordé à la chaîne 3 de la Radio nationale dont elle était, hier matin, l’invitée de la rédaction, elle affirme qu’aujourd’hui, le patrimoine forestier est en danger. Dans certaines wilayas, précise-t-elle, la situation est préoccupante, il y a un dépérissement des essences forestières, même si ces dépérissements sont signalés un peu partout, dans toutes les régions. Cela est particulièrement perceptible dans les wilayas steppiques- Batna, Djelfa, Saida,…- où énormément de maladies se sont déclarées sur les arbres, suite à la longue sécheresse, due aux changements climatiques, qui a rendu ces massifs très vulnérables. Pour y pallier, la DGF travaille sur des essences résistantes à la sécheresse, sur des essences résistantes aux incendies de forêts, fait savoir Mme Kabouya. Elle ajoute qu’au niveau des Parcs nationaux, où il y a des observatoires, un phénomène a été constaté : certaines espèces sont en train de dépérir et risquent même de disparaître, et certaines espèces s’installent et sont résistantes, et ce sont celles-là qui vont rester. Elle confirme que la plantation d’arbres se fait sur la base des indications données par les scientifiques à partir des résultats de leurs recherches. La DGF travaille sur la restauration des paysages forestiers incendiés, qui est un axe de travail important, précise-t-elle. Les plantations se font en fonction des régions et en fonction des altitudes. D’autre part, chaque forêt doit être dotée d’un plan de gestion sur 5 ans, fait observer Mme Kabouya qui déplore que, par manque de financement, ces plans de gestion n’existent plus et certains massifs forestiers sont livrés à eux-mêmes. Les Associations apportent une précieuse contribution au programme de reboisement par la plantation d’arbres et par le suivi (au moins l’arrosage) qu’elles réalisent sous la direction de la DGF. Le programme de la DGF 2021-2024 prévoit le reboisement de 30 000 hectares, soit en moyenne 24 millions de plants par an. Le reboisement est destiné, en partie, à restaurer les espaces forestiers détruits par les feux de forêt de l’été dernier. Le 9 août 2021, en quelques jours, 89 000 hectares de superficies ont été incendiés, dont presque 60 % sont des forêts proprement dites. Mais le plus grave, a rappelé Mme Kabouya, il y a eu des morts, à cause de la proximité des habitations. L’origine criminelle des départs de feux, particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou, avait été révélée, au moment des faits, par les experts de la Protection civile, sur la base d’observations directes sur le terrain, et par ceux de l’Agence spatiale algérienne (ASAL), à partir de l’interprétation des images satellites. A propos du plan de prévention des feux de forêt, Mme Kabouya souligne qu’il y a eu une réflexion dans ce sens. Elle rappelle le conseil interministériel de 15 août 2021 consacré au bilan des incendies de forêt. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, à travers la DGF, a eu pour mission d’élaborer une nouvelle stratégie de prévention et du lutte contre les incendies, inclusive et prenant en compte la société civile et les populations locales. Cette réflexion a été menée et le document est prêt, souligne-t-elle. Elle ajoute que des séances de travail sont en train de se dérouler en ce moment au niveau du ministère pour finaliser ce plan d’action. La nouvelle stratégie est déclinée en trois objectifs: l’amélioration de la connaissance du feu de forêt par une série d’action dont la communication; la diminution du nombre de foyers d’incendies; l’amélioration de la première intervention. Le plan de prévention contre les feux de forêt qui est dans sa phase finale, sera mis en œuvre, juste après l’Aid Es Seghir.
M’hamed Rebah
