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LES COURS PRIVÉS POUR COMBLER LES CARENCES DU SYSTÈME ÉDUCATIF : Un «business» qui gangrène un secteur stratégique

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L’informel gangrène le pays, c’est une évidence, et les pouvoirs publics le reconnaissent comme étant une tare. Cette dernière, telle une araignée, a tissé sa toile sur tous les segments d’activité, où les cours particuliers sont inscrits désormais dans la case de l’informel. Le ministre de l’Éducation nationale les qualifie d’activité illégale, donc hors la loi. Mais, reste que ce réveil trop tardif face à ce phénomène pourra-t-il changer le cours des choses ?
La question reste posée, quand on sait que la tutelle n’a rien fait à l’encontre des enseignants qui ont construit une véritable économie parallèle sur le dos des parents d’élèves soucieux de voir leurs enfants réussir leur année scolaire, car pour contrecarrer cette activité il faut mobiliser tout un arsenal (justice, fisc et police) avec entre autres, la mobilisation des parents. Mais il s’avère que le débat engagé sur la nécessité ou non de recourir aux cours de soutien reste aléatoire, car tout compte fait, nos potaches ne sont pas encore sortis de l’auberge et pour cause: même si les programmes scolaires sont chargés et décriés par les parents, les élèves et même les enseignants, ces derniers ne trouvent pas mieux que d’instaurer des cours de soutien dans certaines matières qui sont jugées essentielles et qui, dans la plupart des cas, sont dispensés au niveau de leurs domiciles avec bien sûr des honoraires qui varient entre 2000 et 30000 DA voir, plus pour chaque élève qui désire améliorer son niveau.
Mais la question qui revient souvent à l’esprit se rapporte à la capacité de ces enseignants à donner un plus en matière d’enseignement chez eux dans des pièces plus ou moins exiguës, dans des garages ou encore des caves aménagées pour la circonstance en salles de cours, alors qu’ils semblent à priori défaillants pour le prodiguer dans les établissements publics et conçus pour cela. Ce phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années selon l’avis général, est en passe d’être une mode où même les élèves du primaire ne sont pas épargnés par cette contagion de faire des cours de soutien coûte que coûte.
D’autres, par contre, trouvent dans ces comportements de certains enseignants une façon d’arrondir leur fin de mois en rapport avec leurs salaires qu’ils jugent dérisoires compte tenu de la baisse de leur pouvoir d’achat. Mais cet argumentaire ne tient plus la route puisque les salaires des enseignants ont subi une augmentation conséquente. Alors pourquoi ce recours systématique à ces fameux cours de soutien?
Et dire que les enseignants sont dans l’obligation de dispenser, d’une manière correcte, le programme scolaire établi et pour ce faire, l’État leur fournit les moyens pédagogiques nécessaires et cela au niveau des structures scolaires publiques, afin de mener à bien leurs missions. Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, certains professeurs des cycles moyen et secondaire tablent beaucoup plus sur les élèves des classes d’examen (BEM, et Baccalauréat), pour les inciter à suivre des cours de soutien sous prétexte que ces derniers n’arrivent pas a assimiler les leçons dispensées en classe, et le mieux pour eux serait de rallier le groupe qui est intéressé pour faire des cours à domicile chez l’enseignant qui est par conséquent payé au retour par ses propres élèves.
En d’autres termes, les élèves qui jouent le jeu sont gratifiés avec de bonnes notes de la part de l’enseignant en question pour prouver aux autres élèves, qui sont en reste du groupe, que la méthode des cours de soutien donne de bons résultats et demeure pour ainsi dire la meilleure. Un effet d’entraînement, qui a abouti à un cercle vicieux d’enrichissement sur le dos des parents, et les enseignants qui se sont spécialisés dans ce genre de «business » font de la surenchère en gratifiant ces cours de soutien, alors qu’il n’en est rien sur le terrain ! Ces cours de soutien qui s’ajoutent à la saignée des parents en matière de frais engagés pour la scolarité de leurs enfants, ne sont qu’une autre forme d’arnaque, car un enseignant consciencieux doit donner le meilleur de lui-même et faire assimiler ses cours en classe et pas ailleurs… et que les cours de soutien se feront désormais au niveau des établissements publics et à titre bénévole. Mais, cela reste malheureusement que des paroles en l’air. Les cours de soutien ont encore de beaux jours devant eux, car peine perdue, les enseignants font la sourde oreille et continuent à donner ces cours de soutien chez eux ou encore dans des locaux à peine aménagés, sans autorisation des autorités, et qui arrivent à contenir difficilement l’ensemble du groupe des élèves qui désirent suivre ces cours même s’ils sont prodigués dans des conditions déplorables.
Le ministère de l’Éducation pourra-t-il mettre de l’ordre ? Lorsqu’on sait que les cours de soutien sont devenus un créneau juteux, et que les enseignants continueront à les dispenser presque dans la clandestinité avec la connivence et la bienveillance des parents, mais ces derniers ont –ils réellement un autre choix ? La question reste posée et le débat sur cette problématique doit être ouvert, car cela va de l’avenir des élèves avant tout.
Mâalem Abdelyakine

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