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Le SG du Front Polisario, Brahim Ghali avertit : «Le Maroc compromet le cessez-le-feu par ses manœuvres à El-Guergarat»

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L’annonce par les autorités coloniales marocaines du retrait de quelques mètres de leurs troupes militaires, de la région d’El-Guergarat des territoires libérés du Sahara occidental, vers une position au mur de l’occupation, «n’est qu’une manœuvre et diversion non cachées», selon le secrétaire général du Front Polisario, président de la République sahraouie, Brahim Ghali.

De notre Envoyée spéciale à Smara, Karima Bennour

Affirmant, hier, qu’il s’agit sans aucune ambiguïté «de violation du statut de ce territoire, et de l’Accord du cessez-le-feu» conclu sous les auspices des Nations unies (ONU), en 1991, entre le Front Polisario et le Maroc. Pour le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Brahim Ghali, l’occupant marocain doit assumer les conséquences de ses pratiques coloniales, notamment celles à El-Guergarat, qui risquent «de compromettre le cessez-le-feu», avertissant que la «situation actuelle et tout ce qui en découle est de la responsabilité du Maroc et lui seul», a-t-il précisé. Du fait que le Royaume marocain «est le seul à mettre en péril, non seulement le cessez-le-feu», mais aussi, poursuit-il, «la paix, la sécurité et la stabilité dans toute la région». Les déclarations du secrétaire général du Front Polisario et président de la Rasd, Brahim Ghali, ont été tenues dans un discours qu’il a prononcé hier, à l’occasion de la célébration, au camp des réfugiés sahraouis, Smara, du 41e anniversaire de la Proclamation, le 27 février 1976 à Bir-Lehlou, de la République sahraouie.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité sont appelés «à prendre des mesures concrètes», en vue d’amener le Maroc à «se conformer» à la légalité internationale. Réaffirmant que seule l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, son droit légitime, demeure la seule et unique voie de solution démocratique juste et durable à appliquer, pour une question de décolonisation inscrite à l’ONU.
Insistant sur la nécessité du parachèvement du plan de règlement ONU-Afrique de 1991 devant aboutir à la tenue d’un référendum d’autodétermination en faveur du peuple sahraoui, le président de la Rasd a réaffirmé «l’attachement et l’engagement résolus» des Sahraouis, au fil des générations, à en finir avec le colonisateur marocain, la preuve en est, la réponse qui a été donnée aux troupes marocaines violant le territoire sahraoui libéré, El-Guergarat, par la «mobilisation» des soldats de l’armée sahraouie sur place, «prêts» à affronter l’armée de l’occupant marocain, comme l’ont fait leurs aînés, dont ceux «tombés martyrs» pour la liberté et l’indépendance.
Pour l’ex-ministre de la Défense de la République arabe sahraouie, «la décision marocaine, aujourd’hui, de faire reculer, de quelques centaines de mètres, ses troupes près de El-Guergarat n’est que manœuvre et diversions», indiquant, plus loin, que le Front Polisario partage les préoccupations du Secrétaire général de l’ONU, concernant la situation présente dans la région d’El-Guergarat, au Sahara occidental, en rappelant, par ailleurs, que la situation actuelle et tout ce qui peut en découler «est de la responsabilité du Maroc»; le seul responsable du blocage du parachèvement de la décolonisation du Sahara-occidental, en entravant, cite le président sahraoui, les efforts de l’Envoyé personnel, expulsant le personnel du segment politique du personnel de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), en «violant, impunément, les droits de l’Homme et pillant les ressources naturelles du Sahara occidental».
Le président sahraoui, qui a tenu son discours, dans un contexte particulier, a rappelé, hier, que «rien n’entamera la détermination du peuple sahraoui de poursuivre sa bataille sacrée et juste».
K. B.

KHATRI EDDOUH, PRÉSIDENT DU PARLEMENT SAHRAOUI, CHEF DE LA DÉLÉGATION DU FRONT POLISARIO DES NÉGOCIATIONS SOUS LES AUSPICES DE L’ONU :
«En dehors de l’application du droit international, cela nous mènera vers une nouvelle confrontation»
La situation à El-Guerguerat, dans les territoires libérés du Sahara occidental, demeure tendue, après la violation par le Maroc du cessez-le-feu. Le problème est sérieux et très compliqué. Il ne s’agit pas d’user de manœuvres à travers des déclarations, ou de montrer des choses qui n’existent pas réellement. Nous avons toujours été disponibles à coopérer avec les Nations unies (ONU). D’ailleurs, c’est ce que nous avons fait depuis 26 ans, en attendant que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui s’organise.
Alors, si vraiment la communauté internationale, notamment l’ONU, veut régler ce problème sur la base de la légalité internationale, par la tenue du référendum, nous sommes disposés à continuer à coopérer avec cette institution internationale.

Le Courrier d’Algérie : -L’ONU a-t-elle saisi le message des inquiétudes du Front Polisario, que celui-ci a adressé au premier responsable de l’institution onusienne, sur la situation de tension à El-Guerguerat, après la violation du cessez-le-feu par le Maroc ?
Katri Eddouh : -Malheureusement, au niveau du secrétariat général du SG de l’ONU, son Envoyé personnel, Christopher Ross, et même le Conseil de sécurité a été paralysé par le rôle joué par certaines puissances, proches du Maroc, dans le blocage du processus de règlement de la question selon le droit international, notamment la France, que nul n’ignore, et nous allons continuer à assister à cette impuissance, malheureusement, de l’ONU.

-Vous avez évoqué tout à l’heure qu’il faut faire pression sur le Maroc, pour que ce dernier se conforme à la légalité, de quels types de pressions, monsieur Khatri?
-Rien ne peut se faire, en l’absence de pression sur le colonisateur marocain. Il faut que les Nations unies et le Conseil de Sécurité imposent l’application de leurs Résolutions sur le Sahara occidental; c’est-à-dire, organiser le référendum pour que le peuple sahraoui puisse s’autodéterminer et se prononcer sur le statut final du Sahara occidental. Telle est la solution, et en dehors de cela, ceci peut aboutir et mener à une nouvelle confrontation.
Nous, nous continuons à défendre, fermement, notre droit légitime, et nous interpellons l’ONU, la communauté internationale à assumer leurs responsabilités, notamment en prenant en considération le degré de tension de cette situation, laquelle menace, présentement, la paix et la sécurité dans cette région du monde.

-Vous avez rencontré une délégation de représentants du Congrés américain, dimanche, la veille des festivités officielles de la célébration du 41e anniversaire de la Proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd)…
-C’était une rencontre très positive, dans le sens où les congressmen et les sénateurs des États-Unis d’Amérique, en ces circonstances, nous déclarent qu’ils sont disposés à militer, si vous voulez pour la justice et la paix, de la défense de la paix sur la base de la légalité internationale, c’est très important.

-Qu’en est-t-il pour eux de la nécessité de l’application du droit international, par l’organisation du référendum au Sahara occidental?
-Oui, ils se sont même prononcés d’une manière très claire, en nous assurant qu’ils vont transmettre à l’administration et à l’opinion américaines, ce qu’ils ont constaté et de la teneur des discussions qu’ils ont eues avec les représentants du Front Polisario, ainsi que les responsables de la Rasd, sur la situation et l’état actuel des choses.
Entretien réalisé par notre Envoyée spéciale, à Smara, K. B.

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