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LE PRÉSIDENT TEBBOUNE APPELLE LES ALGÉRIENS À NE PAS CÉDER À LA PANIQUE : « Les organes de l’État en état d’alerte maximale »

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Au lendemain des mesures de prévention annoncées par le président de la République pour contrer l’épidémie du coronavirus en Algérie, les Algériens – confortés par l’avis de beaucoup de spécialistes de la Santé – estiment qu’il fallait aller « vers des mesures plus fortes » en décrétant le confinement des régions touchées par la pandémie, comme c’est le cas à Blida.

Alors que l’on s’attendait à des mesures similaires à celles adoptées en France et en Italie, l’État a décidé la limitation des déplacements à l’intérieur du pays, mais sans adopter des consignes très strictes comme la mobilisation des forces de police pour que ces décisions aient réellement leur effet sur le terrain. « L’État est responsable de la protection des personnes et des biens, y compris la protection sanitaire et la garantie des soins médicaux aux citoyens, considérant que la pandémie relève de la sécurité sanitaire nationale, même si cela impliquerait la restriction temporaire de certaines libertés, la vie humaine étant au dessus de toute autre considération », a insisté, mardi soir, le président de la République, lors d’un discours adressé à la Nation.
Le dernier bilan des autorités sanitaires fait état de 72 cas de Covid-19 confirmés dans le pays, arrivant deuxième en termes des pays les plus touchés en Afrique. L’Algérie compte également 6 morts dus à cette épidémie. « Je vous avais promis sincérité et honnêteté, et voilà aujourd’hui que je tiens ma promesse. Les cadres loyaux de l’État et des Algériens consciencieux sont parvenus, jusque-là, à contenir le niveau de propagation de la pandémie au stade II selon les standards de l’OMS. Même si cette pandémie venait à passer au stade III, vous devez savoir que nous avons pris toutes les mesures nécessaires », a rassuré Abdelmadjid Tebboune. « Nos capacités opérationnelles sont intactes et non encore exploitées, au niveau de l’Armée nationale populaire (ANP), mais aussi au niveau de la Sûreté nationale, les espaces économiques, à l’instar des foires, pouvant être aménagés en centres d’isolement, au même titre que les édifices et les structures publics », a-t-il ajouté.

2 500 lits de réanimation et 3 500 en vue
Les affirmations du Président laissent place à beaucoup d’hésitations et d’interrogations qui suggèrent d’aller vers une déclaration de l’état d’urgence sanitaire nationale et adopter des mesures plus fermes conformément aux recommandations de l’OMS. Citant les moyens disponibles, Abdelmadjid Tebboune a fait état de « 1 550 000 masques de différents types, parallèlement à l’acquisition en cours de 54 millions de masques supplémentaires », outre « 6 000 tests de dépistage et 15 000 autres en cours d’acquisition ». Le président de la République a affirmé la disponibilité de « plus de 2 500 lits de réanimation sont disponibles », un nombre appelé à augmenter en cas de nécessité pour atteindre 6 000 lits avec la garantie de 5 000 respirateurs artificiels.
S’exprimant mardi dernier lors du Forum dU Courrier d’Algérie, Lyès Mérabet, président du SNPSP (Syndicat national des praticiens de santé publique), a lancé un véritable appel de détresse : « On est face à un manque de coordination et à des dysfonctionnements de ce programme de lutte contre le coronavirus mis en place par le ministère de la Santé. À Blida notamment – épicentre du plus important foyer de contamination -, le personnel de santé n’est pas protégé. Imaginons si tout le personnel médical tombe malade, on n’aura personne pour soigner les cas contaminés et graves. Cela ne fera que favoriser la propagation de la maladie », a-t-il relevé.

Fermeture de toutes les frontières terrestres
Dans son discours, le président de la République a précisé plusieurs éléments des nouvelles mesures prises. Il s’agit de « la fermeture de toutes les frontières terrestres avec les pays voisins avec éventualité d’autoriser des déplacements de personnes dans des cas exceptionnels, de commun accord avec les Gouvernements des pays concernés, la suspension immédiate de tous les vols de et vers l’Algérie, à l’exception des avions cargos ne transportant aucun voyageur et la fermeture immédiate de la navigation maritime, à l’exception des navires de charge transportant des marchandises et des biens ».
Il s’agit également de « la désinfection immédiate de tous les moyens de transport public au niveau national et de wilaya, ainsi que les stations de transport de voyageurs, l’interdiction des rassemblements et des marches quelles que soient leur forme et leur nature et isolement de tout endroit suspecté d’être un foyer de la pandémie ». Outre « l’interdiction d’exportation de tout produit stratégique, soit-il médical ou alimentaire, jusqu’à la fin de la crise, à l’effet de préserver les réserves stratégiques nationales ». Et d’autres mesures comme « la suspension de la prière du vendredi et des prières collectives et la fermeture des mosquées avec maintien de l’appel à la prière à la demande de la Commission de la Fatwa avec l’aval de nos éminents Cheikhs et Oulémas ».
Aussi, « la lutte et la dénonciation des spéculateurs qui exploitent, sans scrupule, l’état de panique générale pour stocker les produits de base dans le but de susciter une pénurie et augmenter les prix », et la « recherche et l’identification des personnes défaitistes qui s’attèlent à faire circuler des fake news pour semer l’anarchie et maintenir le citoyen en état de panique ». Les mesures qui sont annoncées pour freiner le coronavirus sont « pour l’instant insuffisantes », déplorent-on sur les réseaux sociaux : point de mesures parlant de la mobilisation de la force publique pour obliger les Algériens à rester chez eux et assurer l’efficience de ces mesures et éviter la propagation de la maladie. Chose que le président de la République a reconnu à demi-mot dans sont allocution. « Les efforts de l’État demeureront limités sans la solidarité, la discipline et la compréhension des citoyens, notamment le signalement des cas suspects pour que ces derniers ne contaminent pas leurs proches, voire les passants dans la rue », a-t-il dit.

Ne pas céder à la panique
Enfin, le président Tebboune appelle les Algériens à ne pas céder à la panique : « Je vous rassure, l’heure n’est pas à l’alarmisme, ni à la peur, la situation est sous contrôle et tous les organes de l’État sont en état d’alerte maximale pour faire face à tout imprévu ». La veille, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a véhiculé le même message : « On essaye d’avoir un discours apaisant, car je vous le dis : le deuxième risque, après le coronavirus, est la panique ».
Hamid Mecheri

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