Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a entamé hier, une visite d’état au Royaume d’Arabie saoudite, à l’invitation du roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud. C’est la première visite officielle d’état du Président Tebboune depuis son accession à la magistrature suprême. Et, le choix de l’Arabie saoudite n’est pas fortuit eu égard aux relations fraternelles qui unissent les deux pays, mais aussi compte tenu du poids politique et diplomatique de Ryadh sur la scène arabe et sur l’échiquier mondial.
C’est dire que les trois jours de la visite d’état du président Tebboune seront bien remplis et ses entretiens à Ryadh devraient englober un large éventail des relations bilatérales, notamment le domaine économique, mais aussi les questions d’actualité internationale. D’autant et au moment où Alger redevient un rendez-vous diplomatique incontournable, le partenariat entre les deux pays et leurs bonnes relations politiques et des complémentarités dans le domaine économique poussent à renforcer leur dialogue stratégique. Selon un expert politique, l’Arabie saoudite apprécie les positions de principe de l’Algérie et son attachement à indépendance de ses décisions et positionnements en matière de politique étrangère malgré des différences dans les approches concernant certaines crises qui minent le monde arabe, notamment l’approche des crises en Syrie et au Yémen. Les saoudiens se montrent attentifs aux approches de la diplomatie algérienne et notamment sa volonté de réformer la Ligue arabe, ses méthodes de travail ainsi que ses institutions spécialisées. Au plan bilatéral, outre l’amélioration des conditions d’accueil et de séjour des pèlerins algériens, il y a la volonté d’impulser les relations économiques et les échanges qui restent en deça de la volonté et des possibilités réelles des deux pays.
Chez le premier producteur mondial de pétrole
Parmi les questions qui devraient figurer en bonne place lors des entretiens, il y a la concertation nécessaire pour freiner la dégringolade des prix du pétrole en raison des menaces qui pèsent sur l’économie mondiale du fait de l’épidémie du coronavirus. Une baisse durable des cours du brut risque de poser de sérieux problèmes aux deux pays, engagés dans d’ambitieux programmes de réformes et de diversification de leur économie. L’Algérie est engagée dans le redressement de son économie et la transition vers un nouveau modèle de développement dans un contexte incertain et difficile au niveau économique. Le ralentissement de l’économie chinoise et la crise du coronavirus, qui pourraient impacter fortement le marché pétrolier, suscitent de fortes inquiétudes chez les producteurs de pétrole. L’Arabie saoudite joue un rôle important sur la stabilisation du marché pétrolier et les deux pays doivent se concerter au niveau de l’Opep pour éviter une baisse trop importante du baril. Au plan des relations internationales, L’Arabie saoudite doit organiser à la mi-mars un sommet Afrique-monde arabe à Ryadh et va marquer son internet croissant pour le continent africain et va renforcer ses relations avec les pays africains.
De son côté, le nouveau Président algérien a clairement exprimé les nouvelles ambitions de l’Algérie pour l’Afrique et a montré que notre pays entend revenir force en Afrique où il compte. Ryadh pourrait ainsi mettre à profit l’expérience et le prestige africain de l’Algérie et proposer des partenariats. Selon un expert la visite du chef de l’état sera aussi l’occasion de promouvoir une diplomatie économique jusque-là en veilleuse et d’attirer des investissements saoudiens. Ryadh qui assure la présidence du G20, pourrait plaider pour le soutien des réformes et de la stratégie de diversification que compte lancer Alger.
Le poids de la diplomatie algérienne
En plus de son redéploiement en Afrique après des années d’absence, l’Algérie a une expérience diplomatique reconnue dans la résolution des crises régionales. Un savoir-faire reconnu dans le monde entier, comme l’a souligné l’émir du Qatar lors de sa visite à Alger. « L’Algérie a une histoire honorable en matière de résolution des conflits survenus dans la région et le monde arabe. Nous avons besoin, aujourd’hui, de l’Algérie, d’autant que le monde arabe vit, malheureusement, plusieurs crises », a-t-il dit, à l’issue de ses entretiens avec Tebboune.
Tout comme le Qatar, qui a besoin de normaliser ses relations avec son voisin saoudien, l’Arabie saoudite veut aussi s’appuyer sur l’Algérie pour stabiliser la région où son influence est prépondérante. Ainsi notre pays pourrait être d’un précieux concours et sa médiation dans le cadre de la résolution des crises régionales. Un domaine où la diplomatie algérienne a su gagner en crédibilité. C’est le cas, notamment au Yémen où avec le grand rival iranien avec qui Alger maintient de bonnes relations.
La situation au Sahel et en Libye devrait être aussi au menu des discussions, compte tenu de l’engagement de l’Algérie pour contribuer, par le dialogue, au règlement de la crise libyenne. L’Algérie organisera le prochain sommet arabe et Ryadh et tient à renforcer ses relations avec les pays arabes dans la perspective de ce sommet.
M. Bendib