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L’AMBASSADEUR AUPRÈS DU MAE DE LA RASD, MOHAMED FADLI BOULAHI, AU COURRIER D’ALGÉRIE : « Grâce à notre arsenal juridique, le Maroc a perdu toute crédibilité »

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Les territoires occupés du Sahara occidental continuent d’être le théâtre de dilapidation et de pillage à outrance, de la part du Makhzen, impliquant la main sioniste et certaines parties occidentales. Des enjeux économiques que bon nombre d’analystes et spécialistes considèrent comme étant un moyen d’instrumentaliser la présence marocaine au Sahara occidental, vis-à-vis de l’opinion internationale.

Pour débattre de cette problématique, nous avons sollicité l’Ambassadeur et directeur général au ministère des Affaires étrangères de la RASD, chargé de l’Asie et du Pacifique, Mohamed Fadli Boulahi en l’occurrence, lequel était accompagné du directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya d’El Ayoun, également membre du Conseil populaire de la wilaya d’El Ayoun, Mohamed Abdelaziz Yerba. Pour Mohamed Fadli Boulahi, « toutes les tentatives du Makhzen de se légitimer et se discréditer de ses crimes envers le peuple sahraoui, s’expliquent par la défaite juridique, compte tenu de l’expiration de l’accord de pêche Maroc-UE ».  À ce titre, le diplomate sahraoui s’est appuyé sur le fait que  « jusqu’à présent, et selon l’avocat du Front Polisario, la partie européenne n’a pas apporté de nouvelles données, rien de nouveau qui puisse relancer l’exploitation des richesses halieutiques sahraouies ». Dans ce contexte d’ailleurs, le DG au MAE sahraoui a indiqué que « l’Espagne, qui possède 92 navires sur les 138 ayant exploité les richesses sahraouie dans la cadre de l’accord Maroc-UE », n’est pas exempte de tout soupçon, au regard de la position du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. En effet, selon l’intervenant, la reconnaissance et l’alignement de Sanchez sur la question du Sahara occidental en faveur du Maroc, est en réalité une stratégie afin de maintenir l’accord de pêche, et poursuivre ainsi le pillage des richesses sahraouies en toute légalité. « Evidemment, le ministre espagnol de l’agriculture, a d’ailleurs essayé, d’une manière et d’une autre, de trouver une issue afin de renouveler cet accord de pêche », a expliqué Mr. Fadli, affirmant qu’en dépit de cette tentative espagnole, « jusqu’à présent, la Cour de justice européenne a maintenu le contenu de l’annulation de l’accord ».

« La Chine va investir 20 milliards de dollars dans les territoires occupés ? Pékin a démenti cette rumeur »
Durant les dernières 24h, sur certains médias pro-marocains, une rumeur a circulé sur un soi-disant intérêt porté par une société chinoise en vue d’investir dans le territoire occupé d’El Ayoun, la somme de 20 milliards de dollars. Une information que Mohamed Fadli Boulahi a totalement réfuté, estimant que la Chine elle-même a « démenti cette rumeur ». Pour le responsable sahraoui, le Maroc a recouru à cela, « pour un petit peu cacher sa défaite ». Et de poursuivre à cet égard : « Les navires européens ont quitté le territoire, ce n’est donc qu’une propagande marocaine pour dire que la défaite n’est pas totale, et que le Maroc a d’autres alternatives d’investissement et d’autres intérêts économiques, outre l’Europe ». Et d’expliquer cette vision : « C’est vrai que d’autres accords peuvent être conclus entre le Maroc et la Chine, le Maroc et l’entité sioniste, même avec des multinationales, ce qui permet au Maroc de confisquer des milliers d’hectares en faveur de son occupation des territoires du Sahara occidental, mais nous de notre côté, nous avons tout un arsenal juridique en main, l’arrêt de la Cour internationale de justice de 1975, nous avons les arrêts de la Cour de justice africaine, des arrêts de la Cour européenne et espagnole,…». En outre, et évoquant le passage du président Tebboune en Chine (voir article de Slimane. B.), notre invité a confirmé l’approche faisant état d’un soutien indéfectible des deux grandes puissances, que sont la Chine et la Russie, envers la cause du peuple sahraoui. « L’Algérie est une puissance dans la région…et la Chine a exprimé haut et fort son appui au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, sa défense du droit et de la légalité internationales,…il y a également le Sommet Russie-Afrique…les réunions préparatoires du prochain Sommet des BRICS, qui se tiendra du 22 au 24 août prochain, où le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui a été soutenu avec ferveur. Les BRICS soutiennent à ce jour la MINURSO et Staffan de Mistura, le Groupe a d’ailleurs demandé à la MINURSO d’accélérer ses investigations, selon le plan de règlement initial établi par le Conseil de sécurité ».

« Nous avons déjà récolté les fruits de cette bataille juridique, plusieurs compagnies étrangères ont quitté les territoires occupés »
Abordant la Conférence internationale de soutien à la question sahraouie, qui va se tenir en décembre en Espagne, et compte tenu  du non engouement des pays étrangers, y compris les anciens soutiens de la colonisation, les entreprise françaises, et même espagnoles, ne s’aventurent plus à aller vers des projets dans les territoires occupés, notre question a porté sur la probabilité que  la question de la dilapidation des richesses naturelles aura une place privilégiée dans cette rencontre internationale, de surcroît en Espagne. Selon le représentant de la RASD, « l’aspect économique sera présent lors de cette conférence. Nous avons déjà commencé à récolter les fruits de cette bataille juridique que nous avons entamée depuis 2012. Plusieurs compagnies ont quitté les territoires occupés, parce qu’il est devenu très coûteux de transporter ces richesses, notamment le phosphate. Car depuis mai 2017, aucun navire ne peut passer par le canal de Panama et par le Port Elizabeth. Citons également les manifestations qui s’organisent au Panama, aux îles Canaries, les îles Baléares, un peu partout dans le monde, en soutien aux revendications du Front Polisario », a révélé la l’ambassadeur sahraoui. Et d’ajouter : « La Cour européenne a bien défini que le seul représentant du peuple sahraoui c’est le Front Polisario, et sans le consentement de ce dernier, les ressources naturelles sahraouies ne peuvent ni être exploitées ni pillées ». « En parallèle de ces acquis, nous avons signé il y a trois jours de cela un accord avec une compagnie australienne pour la prospection minière au Sahara occidental libre », dira-t-il aussi.

« Le Maroc a des relations avec l’entité sioniste depuis 1960 »
Sur la crainte de la RASD vis-à-vis de la coopération du Maroc avec l’entité sioniste et son impact sur les territoires occupés, au regard des expériences israélienne sur les territoires sahraouis occupés, indépendamment de l’aspect sécuritaire, l’orateur a confié, de prime abord, que « le Maroc a des relations avec l’entité sioniste depuis 1960, et depuis 1980, ces relations se sont concrétisées sur le sol du Sahara occidental. Les sionistes ont contribué à construire le mur, les barbelés, les champs de mine. Maintenant, la différence, c’est que cette présence est déclarée, et donc, elle va certainement donner des résultats négatifs pour les Marocains, vis-à-vis de l’opinion arabe, notamment ». De toute les manières, précise le diplomate, « la présence de l’entité sioniste dans quelconque partie du monde est néfaste…la surexploitation de l’eau, les déchets nucléaires…On doit s’attendre au pire de l’entité sioniste ». L’intervenant poursuit ses explications en annonçant que « cette guerre menée contre le peuple sahraoui a toujours été financée par les pays du Golfe, et par la spoliation des richesses sahraouies…l’autre partie vient de l’Europe, sans oublier les manœuvres des généraux marocains à la solde du roi du Maroc », dit-il entre autres. Cela, tout en expliquant que « le Maroc utilise également la carte de l’immigration comme moyen de pression sur certaines parties occidentales ». Enfin, concernant la frilosité des entreprises françaises à investir dans les territoires occupés, en prenant en considération le soutien français à l’occupation marocaine, l’ambassadeur au MAE de la RASD avoue qu’« il y a un recul de cette présence française ». « Nous avons nous-même dénoncé cette présence française, Société générale, BNP Paribas, le Crédit agricole, AXA, et d’autres ».
Hamid Si Ahmed

LE DJS ET MEMBRE DU CONSEIL POPULAIRE DE LA WILAYA D’EL AYOUN : « Notre jeunesse mène le même combat que ses martyrs  »

L’une des grandes force des pays arabes et africains, cette force qui a permis aux peuples opprimés, dont les Palestiniens et les Sahraouis, de reprendre le flambeau de la lutte armée contre l’occupant sioniste et marocain, n’est autre que la jeunesse. Hélas, cette jeunesse est la première victime des crimes perpétrés par ces ennemis de la liberté et des droits humains fondamentaux.
Sur les traces des martyrs de la révolution sahraouie, à savoir feu Mustapha El Ouali et le regretté  Mohamed Abdelaziz, sans oublier le président actuel du Sahara occidental et chef du Front Polisario, Brahim Ghali, force est de constater que ces derniers, aux premières années de la lutte sahraouie contre l’occupant marocain, étaient tous des jeunes à la fleur de l’âge. L’occasion de la célébration hier de la Journée internationale de la jeunesse aura ainsi été l’occasion pour la rédaction du Courrier d’Algérie, de solliciter le regard et l’approche faite par le jeune responsable sahraoui, que nous avions évoqué dans un autre article, notamment le DJS et membre du Conseil populaire de la wilaya d’El Ayoun, Mohamed Abdelaziz Yerba en l’occurrence. Voulant savoir, selon sa propre vision, quelle serait le message que voudrait transmettre la jeunesse sahraouie aux responsables de l’ONU, l’interlocuteur dira d’emblée que « tout comme leurs aînés et les martyrs qui sont tombés au combat contre l’agresseur marocain, la jeunesse sahraouie s’est fixée comme premier objectif de relever le défi du parachèvement de la libération nationale de la patrie. Son message est clair et net, elle veut emprunter le même chemin des objectifs du Front Polisario pour la liberté et l’indépendance de notre patrie encore colonisée par le Maroc. Le rôle de la jeunesse aujourd’hui est non seulement de reprendre le flambeau des mains des vétérans, mais aussi d’assumer à sa juste valeur ses responsabilités historiques et porter l’étendard national pour couronner le combat libérateur du peuple sahraoui.

« Nous avons privilégié la solution pacifique, c’est le Maroc qui a provoqué la lutte armée »
Poursuivant sa plaidoirie, Mohamed Abdelaziz Yerba a indiqué que « cette jeunesse constituait « un réservoir inépuisable de capacités et de compétences, dans la continuité, afin d’accroître les combats sur la voie tracée par les héros de la révolution ».
Dans une tentative de justifier cet engagement indéniable de la jeunesse sahraouie pour cette cause noble, le responsable a souligné que la jeunesse sahraouie, à travers ses martyrs, « a vécu et enduré les actes criminels des marocains au même titre. Elle veut donc poursuivre la lutte armée pour arracher ses droits ultimes revendiqués par les anciens », tout en précisant, en outre, que « cette jeunesse sahraouie a de tout temps privilégié la solution pacifique, et que c’est le Maroc qui a provoqué la lutte armée ». Et je ne vous cache pas que notre jeunesse, après le non-respect des accords de paix par le Maroc, s’est exprimée en faveur de la lutte armée. Comment faire donc si nous voulons recouvrer nos droits et arracher notre indépendance ? ». Concernant la fiabilité des instances internationales, à leur tête les Nations unies, notre invité demeure sceptique quant à la réelle utilité de l’ONU dans le retour à la paix dans les territoires occupés : « Je profite donc de cette journée internationale de la jeunesse pour interpeller les Nations unies, pour qu’elles fassent preuve de plus de clarté vis-à-vis de nos revendications.
De notre côté, nous en tant que jeunes, sommes plus que jamais déterminés à poursuivre le combat mené par nos pères et mères. Nous ne supporterons jamais que des innocents sahraouis continuent d’être torturés dans les prisons marocaines. L’heure est venue pour que notre peuple profite de ses propres richesses, pour que les générations futures puissent vivre dans la paix et la prospérité », estime le responsable sahraoui. Et de conclure son intervention : « Malgré la MINURSO et les efforts de l’ONU, les Marocains continuent de nous torturer, une injustice sur laquelle l’ONU ne doit plus fermer les yeux. C’est en somme ce que le peuple palestinien endure au quotidien sous la main sioniste criminelle. Aujourd’hui, l’alliance maroco-sioniste est déclarée officiellement. Face à ces ennemis,  une chose est sûre, la jeunesse sahraouie, est et demeurera cette force consciente et mobilisée».
H. Si A.

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