L’armée irakienne et ses milices alliées ont annoncé vendredi 6 mars avoir pénétré dans la ville d’Al-Dour, à la périphérie sud de Tikrit, bastion de l’Etat islamique et principal objectif de leur vaste offensive lancée en début de semaine.
Selon l’état-major irakien et Hadi Al-Amiri, chef de la plus grande milice chiite participant à l’offensive, Al-Dour a été reprise aux djihadistes mais d’autres sources militaires indiquent que les soldats ne sont entrés que dans le Sud et l’Est de cette ville truffée de bombes artisanales dissimulées par l’EI. Les troupes gouvernementales et leurs alliés préparent désormais un assaut contre Al-Alam, une autre localité stratégique située au nord de Tikrit, affirme Hadi Al-Amiri. L’offensive sur Tikrit, ville au nord de Bagdad, à proximité de laquelle est né l’ancien président Saddam Hussein, est devenue un enjeu symbolique pour les deux camps.
Les autorités ont ainsi annoncé vendredi la prise d’une ferme à l’Est de Tikrit qui appartenait l’ancien adjoint de Saddam Hussein, Izzat Ibrahim Al-Douri, désormais allié à l’Etat islamique. Douri est le seul ancien proche de Saddam Hussein encore en fuite. Des membres de l’armée irakienne et des miliciens chiites, réunis le 5 mars dans la ville de Samarra, à proximité de Tikrit.
Des membres de l’armée irakienne et des miliciens chiites, réunis le 5 mars dans la ville de Samarra, à proximité de Tikrit.
Tireurs embusqués
Tikrit est la première grande ville d’Irak que les forces gouvernementales irakiennes et les milices chiites tentent de reconquérir depuis la capture par l’EI de vastes territoires dans le Nord et l’Ouest du pays l’an dernier. Leur progression est lente en raison des bombes placées par l’EI et de la présence de tireurs embusqués. «Il y a des zones que nous avons libérées mais nous devons y déployer des forces pour empêcher les insurgés de revenir», a déclaré un officier présent au centre de commandement de l’offensive, installé à Samarra, au sud de Tikrit. De nombreux habitants de Tikrit ont déjà fui la ville. Jeudi, l’ONU rapportait que l’offensive avait déjà entraîné le déplacement de quelque
28 000 personnes, qui redoutent davantage les milices chiites que l’Etat islamique, composé de combattants sunnites.
Cette crainte se nourrit d’appels à la vengeance lancés par les miliciens pour la mort de centaines de soldats irakiens de confession chiite lors de l’attaque de la base de Camp Speicher, à la périphérie de Tikrit, en juin 2014 par le groupe djihadiste. L’ayatollah Ali Al-Sistani, principale autorité chiite d’Irak, a lancé une mise en garde contre tout acte de représailles à l’encontre de populations civiles.