Fini le temps où les femmes d’entretien appelées communément «femmes de ménage», sont recrutées en rapport à leurs âges plus ou moins avancés. Autrement dit, rares sont les jeunes filles qui s’adonnent à cette profession préférant rester à la maison et vaquer aux travaux domestiques de leurs familles sans plus.
Au lendemain de l’indépendance, ce métier est dévolu en grande majorité aux femmes de chouhada, morts pour la patrie. Démunies pour la plupart et analphabète, avec des enfants à charge, ces femmes sont embauchées dans les administrations publiques, hôpitaux, établissements scolaires et autres structures de l’Etat pour subvenir misérablement à leurs besoins. Aujourd’hui, les temps ont changés, les responsables d’administration, les patrons de boîtes, les propriétaires des villas cossues, les commerçants de tout genre ont tous un penchant pour recruter des femmes d’entretien beaucoup plus jeunes et belles de surcroît et même les Chinois qui se sont installés dans la ville du vieux Rocher n’ont pas failli à la règle. Ce sont en fait des critères de choix bien établis : être jeunes, plus ou moins instruites, assez jolies et surtout bonne à tout faire, et surtout ne pas rechigner à tout ce qu’on leur demande de faire , en d’autres termes c’est une nouvelle forme d’esclavagisme qui est en train de faire son chemin. Pour Sakina qui travaillait comme femme de ménage chez un privé, elle nous confia « qu’au tout début de mon recrutement les relations de travail étaient excellentes, jusqu’au jour où le comportement de mon employeur devenait plus agressif et audacieux vis-à-vis de moi, pour être plus franche j’ai subi une véritable pression sous la forme d’un harcèlement sexuel qui ne dit pas son nom, en fin de compte j’ai été renvoyée parce que j’ai refusé de me plier à ses avances, dira-t-elle encore avec beaucoup d’amertume. Travaillant encore dans une administration publique, Habiba, une jeune femme divorcée avec deux enfants à charge a été recrutée en tant que femme de ménage depuis quelques années, le problème nous dira-t-elle c’est que je subis à l’instar de mes autres collègues un certain harcèlement moral et sexuel, nous sommes considérées comme des êtres de seconde zone et prêtes à faire tout, alors que c’est le besoin qui nous oblige à faire ce genre de travail, ajouta-t-elle. Deux cas parmi tant d’autres, deux confidences qui mettent à nu l’ampleur du phénomène. Un état de fait passé sous silence, et pourtant les faits révélés ça et là démontrent l’ampleur du drame de ces jeunes filles et femmes recrutées en tant que femmes de ménage, mais ces pratiques cachent des soubassements malsains et malhonnêtes pour assouvir des vils instincts animaliers.
Cela est d’autant plus vrai, face au silence des unes et des autres, une sorte d’ «omerta» qui fait le jeu de ces psychopathes en mal d’affection dans le souci premier est d’avilir des jeunes filles dont le seul tort est de vouloir travailler pour gagner leur vie, mais il se trouve toujours des gens sans scrupule qui sont aux abois en quête de ces proies faciles. La quête des femmes de ménage jeunes et jolies a encore de beaux jours devant elle, tant que ces pratiques ne sont pas dénoncées .
Maâlem Abdelyakine