Faut-il parler de magouille et continuer à refuser de voir ailleurs, dans ce qui s’apparente désormais à un feuilleton de bien mauvais goût concernant le dossier de candidature de l’Algérie pour l’organisation de la CAN 2017 par l’Algérie, que tout le monde désignait pourtant (curieusement, à l’instar de son Equipe nationale partie en conquérant en Guinée Equatoriale et qui revient bredouille finalement alors que l’édition 2015, qui ne ressemblera à aucune autre, lui était promise avant que le terrain n’en décide autrement) comme archi-favorite au remplacement de la Libye voisine écartée pour raisons sécuritaires ?
En… connaissance de cause
Magouille(s). Au singulier ou au pluriel, ou faut-il se calmer un peu et s’arrêter sur les failles justement d’une candidature sur laquelle on ne sait pas beaucoup de choses, à part peut-être que les projets de construction de stades n’avançant pas au rythme voulu mais qu’on met un malin plaisir à en confirmer le respect des délais de réalisation et, partant, leur «disponibilité» avant le coup d’envoi de l’évènement majeur du jeu à onze africain, que le public algérien sevré de spectacle (la faiblesse inouïe de notre si décrié championnat local n’étant pas pour remonter un moral constamment en berne) attend avec impatience ?
Qu’est-ce qui fait que les sorties médiatiques (pour le moins contradictoires) de personnalités qui parlent en «connaissance de cause» parce que proches du dossier, ajoutent un peu plus (si elles ne sèment pas le trouble) à un flou loin d’être artistique. Magouilles(s) peut-être. Intérêts (celles d’un inamovible Issa Hayatou crèvent l’écran, lui qui veut mettre tous les atouts de son côté, y compris ceux d’évincer ses potentiels dangereux adversaires, de la trempe de l’Algérien Raouraoua qui se retrouve face à un sérieux dilemme, entre le marteau et l’enclume, dans la course à la présidence de la CAF dont il détient les rênes depuis assez longtemps maintenant, pour ne pas provoquer de nombreux remous) personnels ? À l’approche des élections continentales, le moins que l’on puisse dire, est que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins. Des coups bas et bien, sûr, le chantage. Du genre qui veut que, par exemple, le président de la FAF, un des hommes forts de la confédération et adversaire le plus «dangereux» de l’«éternel» Camerounais, mette momentanément ses «ambitions» entre guillemets, le choix entre un costume de président de CAF qui semble taillé à sa mesure et un nouveau détour par Alger de la prochaine CAN, dont il n’est plus utile de signaler l’importance pour les hautes autorités du pays, ne s’imposant pas pour lui. Magouille (dans les coulisses, la guerre doit faire rage) et intérêts (ceux de Hayatou et de Raouraoua n’étant pas les mêmes, sauf que le 1er, fort de sa position actuelle tient le bon numéro avec cette question de candidature algérienne, pour faire le vide autour de lui et écarter un concurrent de poids à l’heure de son auto-succession désormais presque assurée, pour ne pas dire jouée à l’avance) personnels? Pas lieu de faire un dessin.
Berraf, Raouraoua, Tahmi…
Les dès étant jetés, le jeu fait, le résultat connu même si l’on continue à se poser sérieusement la question sur les chances algériennes d’abriter, 25 ans après une 1ère escale à Alger et Annaba remportée d’ailleurs par les Verts, qui signaient à l’occasion leur 1er et dernier sacre à ce niveau, une 31e édition placée décidément sous le signe de toutes les spéculations, les considérations électoralistes et les règlements de comptes s’imposant en arguments «convaincants» ? Non, si on s’arrête sur cette curieuse indication sortie de la bouche, même du président de l’instance morale du sport algérien (le Comité Olympique Algérien), Mustapha Berraf, «convaincu» (il a ses sources et donc ses raisons pour se permettre une telle assurance) qu’un crochet de la messe biennale du football continental par l’Algérie n’est pas pour cette fois. Que l’affaire, donc, est jouée, la décision tranchée. Ce que récusent successivement, le 1er responsable de la tutelle du sport national, Mohamed Tahmi, qui rassure quant à «la solidité du dossier algérien», rejoint en cela par Raouraoua qui, en tant que 1er responsable de la discipline et donc concerné au premier chef et qui ne doit pas parler pour rien, vient apporter de l’eau à son moulin, en assurant que «tout reste possible (…) nos arguments étant assez sérieux pour demeurer confiant.» Trois hauts responsables, deux versions contradictoires. Qui dit vrai et qui dit faux? Comme on le voit, les questions (aux réponses difficiles) sont, autant d’ailleurs que les zones d’ombre, nombreuses.
Et la question des questions : pourquoi toutes … ces questions. Pourquoi maintenant. De passage dans la capitale algérienne samedi à l’occasion du derby arabe entre l’ES Sétif et le Ahly du Caire pour le compte de la super coupe d’Afrique des clubs, Hayatou, «jaloux» pour l’empire qu’il a bâtit depuis voilà près de trois décennies avec la bénédiction de l’Algérie qui l’a aidé à arriver au pouvoir alors que personne ne l’attendait à ce poste, savait, avant d’atterrir à l’aéroport Houari Boumediène, quelle pression l’attendait. Se devait de donner des gages en guise de reconnaissance et renvoyer l’ascenseur pour les «services rendus». En plus du respect qu’il doit à un pays qui l’a non seulement aidé à mettre, avec tous les avantages qui vont avec, la couronne de super roi d’Afrique.
Le poids Sellal ?
Quelles garanties a présenté Hayatou au Chef du Gouvernement, Sellal, et au ministre des Sports, Mohamed Tahmi, qui l’ont reçu à Djenane El Mithak quelques heures avant le duel algéro- égyptien du stade Tchaker? Après le véritable pavé dans la mare de Berraf, on peut souhaiter, par exemple, que le président à vie de la CAF a fait preuve d’assurance que la candidature algérienne n’était «pas compromise.» Que tout ce qui a été dit jusque-là n’était (on veut bien le croire) que pures spéculations. Que Raouraoua disait vrai lorsqu’il mettait les points sur les «i» en se disant sûr que «les chances de l’Algérie d’organiser la CAN 2017 sont, à mon avis, très grandes» malgré (c’est plus qu’évident même si les deux hommes n’en pipent pas mot sur la question) la détérioration des relations bilatérales selon ce que rapportent régulièrement les médias. Notamment avec les récentes sanctions prises contre deux pays maghrébins (Maroc et Tunisie) et tendant à accréditer la thèse que la partie algérienne n’a pas apprécié la lourde réaction «cafienne» et l’a fait savoir. Autant de bruits de couloirs néanmoins difficiles à vérifier, mais accréditant la thèse plus ou moins probable d’un divorce qu’on croit savoir lourd de conséquences, lorsque viendra (le 8 avril prochain) à tomber le verdict concernant cette CAN 2017 dont on reparlera pour longtemps. Surtout si la sanction s’avérait défavorable pour l’Algérie. Hayatou ira-t-il jusqu’au bout de la logique que lui prêtent certaines sources (autorisées ou non) en s’attaquant de front à un membre aussi actif que puissant, dans une entité où, pour protéger son trône, il ne reconnaît même plus ses amis. Ceux qui, par une année de grâce 1988, il inaugurera un règne qui tourne à l’absolu? Qu’il ne veut, pour rien au monde, lâcher ? Parmi une de ses manœuvres, figure peut-être un chantage qui ne dit pas son nom : faire choisir un de ses adjoints les plus sûrs et plus fidèles (jusqu’à il n’y a pas longtemps du moins) entre un poste en mesure de le «menacer directement» dans ses prétentions personnelles et rester ainsi à la tête de la structure confédérale. On spécule ? La tendance est au oui. La preuve que le dossier algérien a gagné des points : la nouvelle donne égyptienne, voire la fleur sous la forme d’un retrait, la candidature d’Oum Eddounia, grandement fragilisée récemment après les incidents ayant coûté la vie à 22 supporters en marge d’un match du championnat du Zamalek, s’effaçant de la course à l’organisation de la CAN 2017 au «profit» de l’Algérie. Un retrait confirmé officiellement par le membre exécutif de la CAF et de la FIFA, Hani Abourida, dont il n’est plus utile de rappeler l’amitié le liant à Raouraoua. Une concurrence (de poids) en moins et l’impression que l’Algérie a plus d’un tour dans son sac. Bonne nouvelle peut-être, sauf que des mauvaises langues ne s’empêchent pas, malgré les nombreuses montées au créneau du Ministre des Sports, de parler (à vérifier et on ne tardera pas à le savoir, peut-être dès cette fin de week-end de toutes les attentes) d’un changement de cap de l’État algérien dont on dit qu’il «ne veut plus de cette CAN». Qui dit vrai, ou est le faux et qui croire ?
Par Azouaou Aghiles