Hassen Menouar, président de l’Association nationale ‘’El Aman’’ pour la protection du consommateur, aborde, dans cet entretien accordé au Courrier d’Algérie le confinement en cette période de pandémie à l’aune du mois de Ramadhan. Ainsi, cet acteur du monde consumériste national estime que malgré la crise sanitaire et le mois sacré, les marchés nationaux sont suffisamment alimentés et les prix pratiqués sont « corrects ».
Le Courrier d’Algérie : Le mois sacré arrive cette année en pleine période de crise sanitaire mondiale …
Hacène Menouar : C’est une situation exceptionnelle en Algérie et dans le monde. Nous sommes en train de se battre contre un virus qu’on ne connaît pas. Il se propage vite et il est malin. Il est en train de faire des ravages ailleurs dans le monde. Et c’est pour cette raison que l’Association El Aman a commencé, depuis le 15 mars dernier déjà, à faire appel au Algériens pour faire très attention et être prudents en cette période. Nous avons appelé les Algériens à prendre strictement les mesures de prévention pour limiter la propagation du virus ; à savoir se confiner chez soi, ne sortir qu’en cas de nécessité absolue, et respecter les consignes et gestes d’hygiène recommandés par les spécialistes de la santé.
Ce que les Algériens doivent savoir en ce mois sacré, c’est que le Covid-19 ne connait ni Ramadhan, ni rien du tout. On ne doit pas baisser la garde en ce mois sacré, au risque de provoquer l’irréparable face auquel on ne pourra rien faire. On doit toujours observer les mêmes précautions de sécurité. Le confinement et les gestes barrières ne peuvent pas suffire pour combattre le Covid-19. On doit être appelé à l’opération de déconfinement dans quelques jours, ou quelques semaines. Et là, on doit vraiment être prêts sur tous les plans pour être organisés pour cela.
Et que conseilleriez-vous aux citoyens en cette période ?
Les Algériens doivent profiter du jeûne pour renforcer leur immunité sanitaire. Pour cela, ils doivent avoir les bonnes habitudes alimentaires. Il faut éviter les excès en sucres, en sel, en matières grasses et les produits alimentaires transformés. Tous les aliments baissent l’immunité et ça rend l’être humain fragile et faible face aux maladies. On a bien remarqué que le Covid-19 s’attaque et provoque des catastrophes notamment aux gens qui ont des maladies chroniques, dont l’immunité fait défaut. Les Algériens doivent aussi, en ce mois sacré, essayer de dormir suffisamment et faire de l’activité physique, à défaut de quoi il faut être actif.
Comment évaluez-vous les décisions prises par l’État ?
Malgré les mesures et décisions qui ont été prises par les autorités, on aurait aimé, en tant qu’association, que ces mesures soient prises avec plus de sérénité et un peu plus de fermeté aussi, notamment celle ayant rapport au confinement. On aurait bien aimé que ce confinement soit un peu plus respecté, quitte à utiliser la force publique.
Parce que, plus on ne respecte pas ce confinement, plus ce virus fera des ravages et perdurera en Algérie, plus notre économie stagnera. Ainsi, notre pays est plus exposé à cette crise sanitaire et aussi à la crise économique. Donc, il aurait fallu faire un confinement total pour une petite période de temps, que de faire ce confinement partiel pour une longue période.
Concernant ce mois sacré, qu’est-ce que votre association propose comme pistes de solutions pour alléger cette situation ?
Pour ce mois sacré, notre association avait demandé la réouverture de tous les commerces de proximité de fruits et légumes. C’est une chose très importante pour que le consommateur ne se déplace pas loin de chez lui pour s’approvisionner en produits. Il faudrait donner les bons moyens de confinement au citoyens, par fournir tous les produits de première nécessité, tout près de chez soi.
Les services du contrôle doivent également veiller à ce que ces commerçants respectent les horaires d’ouverture et de fermeture de ces commerces. Ils ont également l’obligation de surveiller la qualité des produits pour éviter les intoxications alimentaires, car ce n’est pas du tout le moment d’aller saturer les hôpitaux avec ça. Ces services du contrôle doivent aussi voir la disponibilité des produits alimentaires de base, l’affichage de leurs prix et leur qualité, comme ils le faisaient durant tous les mois de Ramadhan précédents.
Certains produits connaissent quand même une hausse des prix…
Comme tous les mois de Ramadhan, durant la première semaine il y a toujours une hausse des prix. Cette hausse des prix ne peut pas être justifiée par la non-disponibilité des produits.
Car, là, nous sommes bien en pleine saison de récolte de pleins de produits, notamment des fruits et légumes. L’offre de produits est vraiment abondante sur le marché national. Il y a tout ce qu’il faut. Malheureusement, et comme chaque année, c’est le même problème qui se pose, à savoir celui de la distribution et des intermédiaires qui flambent les prix. Ils profitent de cette période car il y a un grand engouement dans les marchés et essayent de faire de bonnes affaires sur le dos des citoyens et sur celui des agriculteurs. Cette année, il faut prendre en considération également cette peur des citoyens des pénuries à cause du coronavirus et qui fait qu’ils vident littéralement les étalages des marchés. Alors que, et réellement, rien ne peut justifier ces actes. Mais je peux vous dire que cette année, les prix sont plus ou moins stables et abordables. Mis à part un ou deux produits qui ont vu leurs prix augmenter un peu, il n’y a pas du tout de flambées pour les autres produits, qui sont largement disponibles. Donc, pour nous le consommateur algérien peut retrouver des produits de saison, avec des prix très correctes, à la portée de tout le monde.
A. I.
