Dans le lot des initiatives émanant des partis politiques et qui émaillent la scène nationale, dont certains visent une sortie de crise, pendant que d’autres prônent le maintien de la situation telle quelle, le parti que préside Amar Ghoul, TAJ (Tadjamoû Amel El-Djazaïr), vient de faire part de sa décision d’organiser, courant de ce mois de mars, d’une Conférence économique et sociale. L’annonce a été faite, hier, à Zéralda, par le président de TAJ, à la clôture des travaux de la 3e session du conseil national de son parti. C’est ce qui ressort essentiellement des résolutions de l’instance dirigeante de ce parti, dont l’initiative, à laquelle ont abouti les participants, devra se pencher sur toutes les questions économiques et sociales, et plus précisément sur la sécurité énergétique du pays. Cette rencontre ouverte à tous, notamment partis politiques, associations de la société civile, personnalités nationales, spécialistes du domaine des énergies… vise, selon ses initiateurs, à «instaurer une politique énergétique nationale, pour consolider la place stratégique de l’Algérie dans ce domaine, sur la scène internationale», a indiqué Amar Ghoul, après avoir déclaré que le pays pourrait aspirer à la 2e place de puissance énergétique mondiale. En réaffirmant son soutien à la démarche globale du gouvernement, qui mise sur une exploitation accrue des gisements d’hydrocarbures, tout en appelant en même temps à une diversification de l’économie hors hydrocarbures, Ghoul a émis des réserves, s’agissant de l’affectation équitable des budgets sur les divers secteurs de l’activité économique. Pour lui, il faudra consacrer le principe de l’équilibre dans la répartition des richesses, en tenant compte des fluctuations des cours pétroliers, a-t-il soutenu. Un signal en direction des populations du Sud du pays qui se sont opposées à l’exploitation du gaz de schiste, et de l’éveil tardif des pouvoirs publics qui ont décidé, par mesures d’apaisement, de lancer des projets devant répondre aux aspirations des citoyens au développement local. En évoquant cette question sensible, Amar Ghoul a préconisé aux autorités de sensibiliser ces populations autour de l’exploitation du gaz de schiste, au même titre, d’ailleurs, de consulter les citoyens autour de projets les concernant directement, avant leur lancement. Des propos qui semblent d’apparence émaillés de calculs politiciens, que le président de TAJ compte d’ores et déjà préparer les populations à s’accommoder avec la politique du gouvernement qui fait de l’exploitation du gaz, non conventionnel, une question stratégique et éminemment inévitable. N’est-ce pas, là, la visée de l’initiative de TAJ? Une lecture du discours de Ghoul pourrait éclairer davantage cette vision, bien que s’agissant de sa position, il a indiqué qu’il n’est ni contre, ni pour l’exploitation du gaz de schiste. Une question à trancher durant sa Conférence énergétique ? «L’exploitation des hydrocarbures conventionnels ou de schiste est inéluctable, car le développement de l’économie hors hydrocarbures requiert des financements en devises, que seules ces richesses pourraient engranger», a-t-il estimé. Donc, à en croire Ghoul, le financement de la politique de diversification de l’économie et les projets de développement y afférents passent forcément par l’exploitation du gaz de schiste. Les arguments ne manquent pas, puisque le président de TAJ avance que la rente que génère l’exportation des produits hors hydrocarbures est insuffisante (1 milliard de dollars/an). Enfin, Ghoul a tenu à préciser que les résolutions de la rencontre de son parti, Ghoul, en spécialiste. En déployant tous les efforts de son parti afin de convaincre de la nécessité de recourir à l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, l’actuel ministre des Transports a encore estimé qu’avant 50 ans l’Algérie ne peut opter pour une stratégie d’exploitation basée sur une autre ressource énergétique autre que les hydrocarbures. Et pour cause, Ghoul estime que l’exploitation des gisements souterrains est moins coûteuse que, par exemple, l’énergie solaire, éolienne ou autre, a-t-il fait savoir. En déclarant parler de l’aspect technique, en évoquant notamment les inquiétudes des populations du sud du pays, quant aux conséquences dangereuses que pourraient produire le gaz de schiste, il a indiqué que l’exploitation du gaz conventionnel est plus nuisible que la technique de fracturation utilisée à l’heure actuelle. Des efforts de plus du président de TAJ quand il vient en assurer encore, les protestataires de cette région, que l’exploitation non conventionnelle est plus respectueuse de l’environnement que celle dite conventionnelle. D’autre part, abordant la question dans son volet politique, pour le ministre du gouvernement, il y a une véritable campagne menée depuis l’étranger qui vise à empêcher l’Algérie de devenir une puissance énergétique régionale, et même internationale, pense-t-il. D’ailleurs, il n’a pas hésité à faire le parallèle entre cette campagne de déstabilisation avec la colère venue du Sud, non sans montrer d’un doigt accusateur, une nouvelle fois, les initiateurs (CNLTD, ndlr) des actions de protestation organisées, le 24 février dernier, appelant à l’arrêt de l’exploitation du gaz de schiste pour sauvegarder la souveraineté nationale. Pour Amar Ghoul, souvereneté nationale rime avec sécurité énergétique. S’agissant de l’avis des experts du domaine ayant mis en avant le danger ayant trait à l’exploitation des hydro de schiste, le responsable de TAJ qualifié de «faux débat».
«Le FFS s’est précipité»
En l’annonçant, Amar Ghoul se targue de dire que la conférence qu’il compte organiser, en ce mois de mars, consacrera une politique énergétique claire, dont la finalité aura des réponses précises aux aspirations des populations, en matière notamment de développement local. Interrogé au sujet de l’initiative du FFS, sur laquelle il est maintes fois invité à s’exprimer pour donner sa position, le président de TAJ estime que le parti de Hocine Aït Ahmed a précipité les choses, en proposant une date de la tenue de la Conférence du consensus national. Pour lui, il faut rassembler, de prime abord, toutes les forces politiques du pays. Le même responsable a noté qu’il faudrait prendre tout le temps nécessaire pour arrêter une échéance. Sur ce point, il a précisé la nécessité de la participation de l’opposition. S’agissant de la position de TAJ, Amar Ghoul a rejoint les partis au pouvoir. Ainsi, après le FLN, le RND et le MPA qui ont posé le préalable de ne pas toucher à la légitimité des institutions élues, voilà que le responsable de TAJ en fait son propre crédo, pour annoncer qu’il ne serait plus question d’évoquer le volet politique, lors de l’initiative que conduit Mohamed Nebbou, premier secrétaire du FFS. Il s’agit, essentiellement, d’exclure toute remise en cause de la légitimité de la présidence de la République.
Farid Guellil