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France : une sépulture digne pour les restes des premiers résistants algériens

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Les résistants algériens du début de la colonisation française, dont les restes mortuaires sont au Musée de l’homme de Paris, doivent avoir une sépulture en Algérie, a affirmé mardi à Paris le professeur d’université Brahim Senouci.

La question de la restitution des restes mortuaires «me hante depuis 2011 quand l’historien Ali Farid Belkadi l’a révélée au public», a indiqué dans un entretien à l’APS l’initiateur de la pétition en ligne, qui réclame leur rapatriement en Algérie, soulignant que «cela a compté dans ma détermination à assurer une sépulture pour ces résistants héroïques qui ont, unanimement, refusé de se rendre aux forces coloniales et qui ont combattu jusqu’à la mort». Pour ce physicien et écrivain, fils de chahid, l’idée que des restes de résistants algériens «risquent de finir dans de vulgaires cartons, dans des armoires métalliques, dans un musée français, au coeur de la capitale de la nation à laquelle ces résistants devaient leur martyre m’était insupportable». Les restes, des crânes secs pour la plupart, appartiennent, entre autres, rappelle-t-on, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Chérif «Boubaghla», Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Chérif Boubaghla, figure parmi ces restes mortuaires, de même que le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’émir Abdelkader.
Une pétition a été lancée en ligne par le professeur Senouci avec comme objectif de rapatrier ces restes en Algérie pour «y recevoir une digne sépulture». Indiquant qu’elle a recueilli plus de 3000 signataires, son initiateur a précisé que, pour l’instant, «la priorité est de faire grossir le nombre des signataires». C’est cela qui nous donnera la force pour mener cette opération à bien, c’est-à-dire jusqu’à la cérémonie qui présidera à l’enterrement de ces résistants, même si rien ne subsiste d’eux que des crânes secs, et à l’hommage de la nation et du peuple algérien», a-t-il soutenu, reconnaissant à l’historien Belkadi d’avoir «ouvert cette fenêtre sur l’horreur coloniale». Réagissant à la disponibilité du Musée de l’homme de Paris de restituer à l’Algérie les 36 crânes, Brahim Senouci, qui vit et enseigne en France, a estimé qu’on peut imaginer qu’il y aura un «dialogue» pour que cette procédure advienne «le plus rapidement possible».
«Nous interpellons le Musée de l’homme, parce que c’est lui qui détient ces restes. C’est sur lui que nous mettons la pression», a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs soutenu que «Certains de nos compatriotes ont oublié la grande misère, les massacres, les enfumades, les camps de regroupement, l’analphabétisme, la famine, qui ont rythmé la vie sous la botte coloniale. C’est terrible», a-t-il dit.
M. B./APS

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