La mendicité a de tout temps existé dans la ville des Jujubes. Mais depuis quelque temps, des »nouveautés » ont été relevées. Des étrangers, plus exactement des Syriens: hommes, femmes et enfants, des paquets de mouchoirs en papier à la main, abordent les passants, à bord de leurs véhicules ou à pied, pour leur proposer «gentiment»d’en acheter pour aider une famille en difficulté.
Certes, la compassion finit généralement par l’emporter sachant les difficultés qu’ils rencontrent compte tenu de la conjoncture qui les oblige à opter pour cette manière de subvenir à leurs besoins… Mais, il n’en demeure pas moins que le décor qu’ils imposent à tous est plus que désolant, effrayant. C’est devenu quasiment une tradition ou beaucoup plus un métier à Annaba sans qu’on ne sache qui est derrière cette situation qui s’est propagée à travers les principales artères du centre-ville et les grands marchés couverts. Ces jeunes filles en particulier s’accrochent et ne vous quittent pas jusqu’à ce que vous leur remettiez une pièce de monnaie. Elles choisissent cependant les jeunes couples qui lorsqu’ils sont gênés finissent par mettre la main à la poche. Ces derniers temps et un peu plus durant les événements religieux comme le mois de ramadhan qui approche lentement mais sûrement, il devient notoirement admis que beaucoup de mendiants ou qui s’en apparentent et qui viennent de nulle part écument du matin jusqu’au soir les rues, marchés et autres espaces publics en quête d’une aide matérielle. Mais le plus étrange c’est qu’aussi durant le Ramadhan que beaucoup de misères sont étalées et qui remontent à la surface pour qu’elles deviennent trop visibles mais répugnantes à la fois. Alors nous sommes en droit de se demander que s’il y a des pauvres, ils le sont normalement toute l’année, sans pour autant qu’ils affichent leurs misérabilisme et leur détresse sur la voie publique, alors pourquoi particulièrement durant ce mois ou le nombre de mendiants triple ou quadruple ? En attendant ce mois »sacré », les mendiants recourent à divers subterfuges pour s’apitoyer les âmes sensibles promptes à mettre la main à la poche , et c’est le but recherché par cette flopée de faux mendiants qui par leur audace ont destitué les vrais mendiants qui au demeurant ces derniers restent assez dignes même dans leur façon de quémander l’aumône. C’est ainsi que mendier est devenu par les temps qui courent une activité professionnelle, c’est-à-dire un «travail» peinard qui permettra à certains parasites de la société de « soutirer» de l’argent aux âmes charitables et généreuses, et il y en a beaucoup fort heureusement. La ville d’Annaba ne fait pas exception à la règle, et les mendiants de plus en plus nombreux innovent en la matière pour s’apitoyer sur leur sort, et inciter de la sorte les passants à mettre la main à la poche. Ces mendiants sont partout, aux abords des boulangeries, des pâtisseries et des mosquées, on les retrouve aussi à l’intérieur des marchés des fruits et légumes, devant les entrées des cimetières, sur les trottoirs ou encore déambulant sur la voie publique la main tendue aux passants. Seulement les astuces des uns et des autres n’ont d’égal que le degré de professionnalisme et surtout de rapacité pratiqués par cette faune de faux mendiants qui écument les artères de la cité. Ces hommes et ces femmes ne reculent devant aucun subterfuge pour amadouer les plus récalcitrants en jouant la comédie à outrance pour gagner plus les cœurs des gens.
A titre d’exemple, des ordonnances médicales froissées sont exhibées à tout bout de champ aux passants par ces mendiants et mendiantes. D’autres préfèrent jouer sur la fibre de l’instinct paternel en s’entourant par des enfants en bas âge, sollicitant ainsi une éventuelle aide. Certains s’engouffrant dans chaque bus pour «raconter» leurs histoires dramatiques aux passagers embarrassés. C’est dire, que la mendicité n’est plus cette tentative de satisfaire un besoin alimentaire surtout qu’on n’arrive pas assouvir, mais cet acte est devenu un moyen d’enrichissement rapide où certains «mendiants» finissent leur journée de «travail»avec un bon pactole. Alors, on peut dire que la «mendicité» se professionnalise de jour en jour et on ne sait plus qui sont les vrais nécessiteux et les faux mendiants ? Aujourd’hui, la mendicité est devenue un «décor» obligatoire dans nos rues.
Khadidja B.