En détention provisoire depuis le 24 avril 2019, les trois frères Kouninef, notamment Réda, Abdelkader-Karim et Tarek-Noah , poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation liés à la corruption, notamment « trafic d’influence », « blanchiment d’argent », « obtention d’indus avantages », « détournement de fonciers et de concessions », et « non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics », ont passé, hier, devant le tribunal de Sidi-M’hamed à l’occasion de l’ouverture de leur procès.
Aux dernières nouvelles, leur sœur, dénommé Souad-Nour, qui se trouve en fuite à l’étranger, ainsi que Keddour Ben Tahar, gérant du groupe KouGC appartenant à la fratrie des Kouninef, sont également impliqués dans cette affaire. Pas que, puisqu’en dehors de l’entourage familial et professionnel des principaux accusés, une liste de dix prévenus, en liberté, dont des cadres des ministères de l’Industrie, des Ressources en eau, de l’Agriculture, de l’Énergie, des Télécommunications etc., notamment où le groupe KouGC a obtenu des marchés publics, ont été appelés à la barre.
Ainsi, après avoir donné lecture aux chefs d’inculpation, et sur une question de la juge de savoir comment il avait acquis Cogral d’Alger et d’Oran (filiales du groupe familial KouGC), Réda Kouninef, aussi bien que ses frères co-accusés, a répondu que c’est à travers une annonce d’appel d’offre. C’est-à-dire par contrat public qu’il a pu arracher « légalement » dit-il, affirmant que cette entité économique « a été vendue à 80% sous obligation d’assurer l’investissement », « la formation et la qualification de la main-d’œuvre nationale ». Et de préciser qu’il ne se souvient pas du détail des chiffres, avant que la juge n’affirme qu’en 2006 l’estimation de cesson est de 42 milliards de centimes pour Cogral Alger avec d’autres obligations pour le paiement de la différence d’environ 29 milliards de centimes ainsi que l’augmentation du capital de l’entreprise d’environ 28 milliards de centimes, en plus d’autres obligations. Les prévenus ont reconnu disant « oui » sur ce qu’a avancé le président de l’audience.
Quant à son égale installée à Oran, estimée à 53 milliards de centimes et autres obligations (engagements), les accusés ont affirmé « avoir réglé » ce qui est redevable et « tout se déroulait dans la norme. » Il ont, par ailleurs, également reconnu avoir des autorisations pour la recherche des mines à Aïn-Guezam, Tamanrasset et Tiaret, après accord du ministère des Mines.
« Saïd Bouteflika est un ami »
Questionné s’il a des liens et contrats avec de hauts responsables, Reda Kouninef a affirmé que Saïd Bouteflika « est un ami » à lui, et qu’il a « d’autres amitiés » avec d’autres responsables, tout en niant avoir usé de ses contacts dans le cadre de ses affaires. En revanche, sur l’affaire de financement occulte de la campagne au profit de l’ex-président de la République, Reda a reconnu avoir mis le paquet. Toutefois, a-t-il précisé, « c’est mon argent et non pas celui de la Caisse nationale des investissements », a-t-il répondu à la juge sur les 4 milliards alloués à la campagne électorale du Président déchu, Abdelaziz Bouteflika, lors de la campagne électorale pour le 4éme mandat en 2014. A l’heure où nous mettions sous presse, le procès se poursuit toujours, et le sera dans une autres séance prévue pour aujourd’hui, où les autres prévenus, responsables et anciens cadres ministériels seront appelés à la barre. Affaire à suivre …
Brahim Oubellil
