L’Etat ne permettra à aucun organisme ou entreprise, y compris Sonatrach, de s’engager dans une activité nuisible à l’environnement ou à la santé du citoyen, a solennellement déclaré hier à Alger un responsable au ministère de l’Energie. S’exprimant durant l’émission du Forum de la Radio algérienne, flanqués du titre d’experts, des représentants du ministère de l’Energie, ainsi que celui des Ressources en eau et de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement se sont associés lors de leurs interventions afin de rassurer les populations de In-Amenas qui s’opposent à l’exploitation du gaz de schiste, jugé nuisible sur leur santé et sur les eaux souterraines. «Non au gaz de schiste », est le mot d’ordre scandé par les protestataires de In-Saleh, Tamanrasset, In-Amenas, et Ouargla, dans un vaste mouvement de protestation, considérant le gaz de schiste non pas comme une bénédiction mais comme une malédiction. Les craintes des populations du Sud sont certes légitimes mais elles ne sont guère fondées, n’a cessé de rétorquer sur un air pédagogique Ahmed Mechraoui, conseiller au ministère de l’Energie et à qui a échu la majeure partie de l’antenne. L’Algérie a pris depuis 1968 à ce jour des engagements allant dans le sens de la sécurité alimentaire ainsi que la sécurité énergétique, a-t-il dit sans trop s’attarder à la question d’un confrère portant sur si oui ou non il sera procédé à une suspension des travaux d’exploration du gaz de schiste dans la région de In Saleh. Présentement, l’Algérie assure les besoins du citoyen en énergie, a poursuivi Ahmed Mechraoui tranchant que l’énergie constitue tout autant que l’eau une source de vie. A l’avenir, ces besoins vont se multiplier, a-t-il souligné révélant que la consommation interne de l’énergie a été de l’ordre de 45 Tonnes équivalent pétrole (TEP). Rappelant les directives du président de la République, le même responsable a aussi réaffirmé que la sécurité et la santé du citoyen ainsi que la préservation de l’environnement sont une ligne rouge à ne pas franchir. Sonatrach a des experts de très haut niveau, a-t-il également assuré. 97% des recettes de l’Etat continuent toujours de provenir des exportations d’hydrocarbures soit les deux tiers (2/3) de la production, a réitéré l’orateur. La consommation interne est estimée au un tiers (1/3) restant. «Nous avons certes des réserves appréciables mais viendra le jour où la source va se tarir. Nous devons dès à présent et en direction des générations futures diversifier le mix énergétique du pays parce que les hydrocarbures continueront à représenter 80% de l’énergie à l’horizon 2050», a-t-il expliqué. «La découverte du gaz de schiste est une révolution », a-t-il poursuivi indiquant que pour le moment, il n’était question que de jauger de l’exploration des capacités de production du gaz de schiste. «Nous devons assurer l’énergie au citoyen dans le cadre de la promotion du développement socio-économique du pays », a-t-il tranché. Lui enjambant le pas, Khelil Kortbi, directeur des techniques d’exploitation à l’entreprise Sonatrach, a expliqué que la protection de l’environnement n’est pas circonscrite à la seule région du Sud du pays. Nous avons des agences de contrôle au sein même de Sonatrach ainsi qu’au niveau des ministères des Ressources en eaux et de celui de l’Environnement. Sonatrach veille à se conformer scrupuleusement aux règles de protection de l’environnement, a aussi enchainé M. Kortbi assurant que dans le cadre de l’exploitation des hydrocarbures conventionnels, la même démarche est de rigueur et ce, a-t-il souligné, avec le contrôle continu chapeauté par l’Etat, d’étape à étape que ce soit pour l’exploration ou pour d’autres opérations. Dans le cadre de la politique du gouvernement, il s’agit de l’utilisation de l’énergie sans gaspillage.
La même politique a imposé la diversification des ressources d’énergie, conventionnelles ou non, ainsi que les énergies renouvelables. Sur ce plan, il a été indiqué que l’entreprise Sonatrach poursuit le programme d’exploration des hydrocarbures conventionnels. Un programme ayant permis la mise en exploitation de quelque cent (100) puits. Prenant la parole à son tour, Abdelouahab Smati, directeur central au ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, a assuré que tout en travaillant en partenariat avec le ministère de l’Energie, il n’était pas question que quiconque activité pouvant porter atteinte à l’environnement ne peut recevoir l’aval des services de son département. L’utilisation des eaux souterraines ne concerne pas uniquement le gaz de schiste, a-t-il défendu. Intervenant lui aussi au débat, Karim Baba, directeur de la politique économique gouvernementale auprès de ministère de l’Environnement s’est expliqué en affirmant que ce sont tous les secteurs qui sont concernés par le respect de l’environnement et pas uniquement Sonatrach. Ce sont des principes intangibles, a-t-il assuré. De son côté, Yasmina Attef, directrice d’études auprès du même ministère a défendu bec et ongles l’exploitation du gaz de schiste.
La technologie actuelle est au service de l’exploitation du gaz de schiste, a-t-elle lancé. «L’exploitation du gaz de schiste n’est nullement une aventure. Après une étape d’évaluation, elle entre dans la perspective d’assurer le mix énergétique et le mix de financement des projets de développement engagés par les autorités publiques », a indiqué la responsable. Et pour le conseiller au ministère de l’Energie d’avouer au sujet des manifestations anti-gaz de schiste qu’il n’y a pas eu assez de communication avec les populations récalcitrantes. En tout cas, la mise en exploitation de cette source d’énergie non conventionnelles ne se fera qu’à partir de l’année 2020, a-t-il conclu.
Mohamed Djamel